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vendredi 26 décembre 2008

Talence : le parc auto municipal et le développement durable

Lors d’un conseil municipal, j’avais interrogé notre Maire sur les évolutions respectives du parc automobile municipal et de la consommation de carburants. Les informations requises m’ont été communiquées, partiellement incomplètes et portant sur une période plus brève que je le souhaitais, mais saluons l’effort de « transparence ».

A partir des données fournies, mon ambition est de vérifier la réalité de l’engagement dans le développement durable, revendiqué, haut et fort, par la Mairie.

1. L’évolution du parc automobile par type


Le nombre de véhicules municipaux est passé de 120 en 2006, à 150 en 2007 et à 160 en 2008. Entre 2006 et 2007, le nombre de véhicules s’est accru de 30 unités (25 %) et de 10 unités en 2008 (6,7%).



Evolution du parc automobile par type
(2006 – 2008)



Entre 2006 et 2008, le parc automobile municipal a augmenté de 40 unités :
- 19 deux roues,
- 7 véhicules de tourisme,
- 7 véhicules utilitaires,
- 5 fourgons,
- 1 minibus,
- 1 poids lourd
- 1 nacelle.
Il est à noter que le parc automobile comprend une caravane.
L’augmentation de 33,3% du nombre de véhicules entre 2006 et 2008 répond sans doute à un accroissement des besoins.


2. L’évolution du parc automobile par motorisation

L’engagement dans le développement « durable » se mesure dans le choix de la motorisation des véhicules : il s’agit notamment de privilégier l’électricité et le GPL .


Evolution du parc automobile par motorisation
(Nombre de véhicules)



Entre 2006 et 2008, il apparaît que les plus fortes progressions concernent le nombre de véhicules fonctionnant au gasoil (+ 52%), à l’essence (+ 39,1%). L’augmentation de 28,5% du nombre de véhicules électriques doit être relativisée, car elle correspond seulement à l’ajout de 2 véhicules. Le nombre de véhicules GPL reste constant (17).


Evolution du parc automobile par motorisation
(En pourcentage)


En 2008, 60% des véhicules municipaux fonctionnent à l’essence, 23,8% au gasoil, 10,6% au GPL et 5,6% à l’électricité.
Entre 2006 et 2008, la part de l’énergie électrique (moins 0,3 point) et du GPL (moins 3,8 points) sont en régression. Par contre, l’essence et le gasoil progressent respectivement de 1,5 points et de 2,6 points sur la même période.

Au total, l’engagement franc de la Mairie à privilégier les énergies « moins polluantes » ne ressort pas clairement de la structure de son parc automobile.


3. L’évolution de la consommation de carburants

Limiter, voire réduire la consommation d’énergie, est impératif pour diminuer la pollution atmosphérique. À Talence, l’évolution de la consommation de carburants de 2006 à 2008 est retracée dans le tableau suivant :


Quantités de carburants consommées de 2006 à 2008
(en litres
)



Pour 2008, les services de la Mairie m’ont communiqué l’état des consommations à la fin août (8 mois). Pour pouvoir comparer en années pleines, j’ai donc estimé la consommation annuelle de 2008 en prolongeant la tendance observée :
[(Quantité consommée à fin août 2008)/ 8 mois]*12 mois = consommation estimée en 2008


Variations annuelles des consommations en litres


Le tableau révèle une « explosion » de la consommation de carburants en 2008. En 2007 par rapport à 2006, les quantités consommées d’essence et de gasoil ont progressé respectivement de 8,6 % et 8,9 %, alors que le parc automobile s’accroissait de 25 %. En 2008, selon mes estimations, les quantités consommées devraient s’accroître de 14,4 % pour l’essence et de 25,1 % pour le gasoil, alors que le parc automobile municipal a seulement progressé de 6,7 %.

La surconsommation de carburants en 2008 suscite un certain nombre de commentaires et d’interrogations.

- N’étant pas justifiée par l’extension du parc automobile, l’augmentation de la consommation est-elle due à une activité « décuplée » des services municipaux, nécessitant des déplacements accrus ?


- La surconsommation est-elle engendrée par un mauvais réglage des moteurs ?

- La surconsommation provient-elle d’une évaporation excessive en raison du réchauffement climatique ?

- La surconsommation est-elle due à un défaut d’étanchéité des cuves de stockage ?

- L’augmentation des quantités consommées en 2008 va se traduire par un net alourdissement de la facture énergétique municipale, d’autant plus que les cours internationaux du pétrole étaient élevés.

lundi 15 décembre 2008

La monnaie unique africaine : rêve ou réalité

Radio France Internationale
Emission décryptage


Corinne Mandjou

Lundi 15 décembre 2008
Invité : Bernard Conte, maître de conférences à l'Université Montesquieu Bordeaux IV

La monnaie unique africaine : rêve ou réalité ?




Du 15 au 18 Décembre à Yaoundé, se tient la 1ère édition du congrès des économistes africains. Le thème principal sera le bilan du processus qui mènera vers la création de la monnaie unique africaine. L’occasion pour Décryptage de faire le point sur ce projet : quels sont les enjeux d’une monnaie unique en Afrique ? Quels sont actuellement les désaccords qui existent entre certains pays et certaines régions d’Afrique ? D’ici combien de temps la monnaie unique africaine est-elle sérieusement envisageable ?



mercredi 10 décembre 2008

Le côté obscur de la patinoire « sans glace »

A l’instar de notre gouvernement, la Mairie a compris que communiquer est plus important qu’agir. Outre le magazine local « Cité Mag », totalement à sa solde, elle utilise l’ensemble des supports d’information, le plus souvent complaisants, pour médiatiser à outrance la moindre de ses décision ou action.

Ainsi en est-il de la patinoire de Noël, vantée pour fonctionner « sans glace », c'est-à-dire très peu gourmande énergie. A travers ce projet, la Mairie voulait montrer à la population qu’elle n’a pas à recevoir de leçons d’écologie.

Mais voilà, la patinoire, parée de toutes les vertus, possède un côté obscur. En effet, la glace est remplacée par du Téflon, matériau dont on recouvre les poêles et les casseroles. Comme pour les crêpes dans la poêle, il faut un additif pour faciliter la glisse. Dans le cas de notre patinoire, cet additif est un produit chimique : le Glycol, généralement utilisé comme antigel. De l’antigel pour remplacer la glace peut paraître paradoxal, mais on se souviendra que, sous d’autres cieux, l’antigel a été utilisé comme additif à l’huile d’olive ou au vin blanc. De plus, lorsque les patineurs chutent, le Glycol imprègne leurs vêtements, ce qui les rend peut être plus isolants.

L’importante pluviométrie du début décembre a entraîné un « dérapage » incontrôlé. La pluie tombant sur le revêtement de la patinoire dilue et chasse le Glycol vers le sol, rendant la glisse difficile. En conséquence, il faut sans cesse pulvériser du produit chimique, qui s’évacue on ne sait où.

Ce « dérapage » a conduit à prendre la décision de couvrir la patinoire pour éviter les nouveaux débordements. Après une interruption de quelques jours, protégés par un chapiteau, les patineurs vont pouvoir, à nouveau, reprendre la glisse.

Malgré tout, même à plus faibles doses, il faudra continuer à pulvériser un produit chimique, nouveau, d’après mes informations. Sur l’étiquette du bidon dudit produit on peut lire :


- Ne pas employer le produit pour la lubrification ou la protection du matériel pouvant se trouver au contact direct des denrées alimentaires,
- Ne pas respirer les vapeurs,
- Utiliser seulement dans des zones bien ventilées,
- Conserver hors de portée des enfants…

Dès lors, on s’interroge sur le caractère vertueux de cette patinoire. Quelles peuvent être les conséquences du déversement de ce produit chimique sur l’environnement et sur les patineurs, qui sont pour la plupart très jeunes ?




Démontage


Remontage avec chapiteau



Le nouveau produit pour la glisse

vendredi 7 novembre 2008

La faute à qui ?

Hier (le 6/11), avec mon véhicule rouge, je suis passé avenue Paul Bert. Il s’agit de la rue qui longe l’immeuble en construction près de la voie ferrée. Ledit immeuble doit notamment héberger une crèche. Nos bébés Talençais seront bercés des trépidations engendrées par les trains qui vont, dans un proche avenir, se succéder toutes les trois minutes.

Mon propos n’est pas de commenter le choix d’implantation de la crèche. Son objet est plus trivial. Arrivé à l’angle de la rue de Coulmiers, une série de dénivellations, de trous… sur la chaussée ont failli me désarçonner du vélo. Je me suis arrêté et j’ai recherché la (ou les) signalisation(s) de ces « travaux ». Je n’en ai trouvé aucune.

A ce propos, je souhaitais poser une question orale à Monsieur le Maire lors du prochain conseil municipal du 13 novembre mais l’ordre du jour ne prévoit pas de questions orales.

Je vais donc écrire à Monsieur le Maire pour lui demander à qui doivent s’adresser les piétons, les cyclistes, les automobilistes… qui chuteraient lourdement, qui briseraient le carter du moteur de leur véhicule… pour faire prendre en charge le sinistre, étant donné qu’aucune signalisation n’est en place.

La faute à qui, cette fois ?







jeudi 30 octobre 2008

« Talence, Mairie exemplaire ? »

Sur le site Internet de la mairie, on peut lire : « Pour concrétiser et réaffirmer son engagement dans la prise en compte du développement durable, la Mairie de Talence doit avoir un comportement exemplaire, en s’appliquant à elle-même la démarche qu’elle souhaite proposer auprès des talençais ».

Cette exemplarité doit conduire à « des déplacements moins polluants pour les agents communaux »… grâce « à la mise en place d’actions, suivi et évaluation ensuite » à partir du « deuxième semestre 2007 ». « Les services municipaux se verront proposer des vélos de service et des scooters électriques »…

J’ai personnellement pu constater l’exemplarité de la Mairie en matière de lutte contre la pollution attachée aux déplacements des agents municipaux. La photo ci-dessous a été prise sur le cours de la Libération le 20 octobre 2008.


lundi 20 octobre 2008

Le prix du carrosse

Outre ses multiples indemnités, le premier magistrat de notre commune bénéficie d’un véhicule de « fonction », un carrosse qu’il utilise à sa guise. Le quotidien Sud-Ouest a récemment évoqué ce sujet sans l’approfondir.

Location :
Le véhicule du Maire est le fruit d’un contrat de location d’une durée de trois ans d’un montant de 906,63 € TTC par mois, soit 10879,58 € par an. Outre la location, ce contrat comprend l’assurance, la maintenance…

Carburant :
Le carburant (essence sans plomb) est gracieusement offert par le budget municipal, car Monsieur le Maire bénéficie d’une « carte carburant ». D’après les services municipaux compétents, la consommation annuelle moyenne du carrosse est de 2 800 litres. Si l’on retient un prix moyen du litre de carburant de 1,50 €, le coût de la consommation annuelle de carburant s’élève à 4 200 €.

Kilométrage :
Il est possible d’estimer le kilométrage annuellement parcouru. Sur la base d’une consommation moyenne de 8 litres / 100 km, on obtient une distance de 35 000 km annuels.

Problème d’arithmétique fiction : sachant que la distance entre la résidence « officielle » du Maire à Talence et la Mairie est de 3 km :

1) Combien de trajets (aller ou retour) la distance parcourue annuellement représente-t-elle ?
Solution : 35 000 / 3 = 11 666 trajets.

2) Sachant que la Mairie est ouverte du lundi au vendredi, combien de trajets quotidiens domicile – Mairie, la distance annuelle représente-t-elle ?
Solution : Nombre annuel de jours ouvrés : 5 jours ouvrés par semaine x nombre de semaines (52) = 260 jours
Nombre de trajets domicile – Mairie quotidiens : 11 666 / 260 = 44,87 trajets simples ou 22 aller-retour…

Coût total :
On peut évaluer le coût total du carrosse : location-entretien + carburant = 10 879 + 4 200 = 15 079 €. Ce coût pourrait être plus élevé car notre Maire (comme il l’a déclaré au cours d’un conseil municipal) pourrait prétendre à un chauffeur payé par la collectivité.

Cumul :
Ce véhicule de fonction est un « avantage en nature » tout à fait règlementaire qu’il convient d’ajouter aux diverses indemnités perçues par notre Maire :

Indemnité de Maire : 54 720 €
Indemnité de vice-président de la CUB : 29 292 €
Véhicule de « fonction » : 15 079 €
Total : 99 091 €

Morale :
Après la lecture de ce post, mon petit- fils m’a dit qu’il avait trouvé sa voie, plus tard il « voudrait faire » Maire.



lundi 13 octobre 2008

Circulez en toute sécurité ! Tout est réglé !

Enfin, quelque chose a été fait pour la sécurité des usagers de l’axe Libération-Gambetta. La nouvelle commission municipale « Transports » montre son efficacité. Certainement que ses travaux se déroulent dans un climat plus serein, plus consensuel, non pollué par des participants privilégiant les considérations politiques.

De nouveaux dispositifs de sécurité ont été récemment installés :

- des pictogrammes blancs sur fond vert positionnés au milieu des chaussées,

- quelques ralentisseurs appelés « coussins berlinois »…

Il suffisait d’y penser !

Pourquoi vouloir supprimer la lisse métallique ? Pourquoi vouloir faire une piste cyclable ? Pourquoi vouloir réserver une voie aux transports doux ?

Maintenant que l’axe est « sécurisé », « on » va pouvoir lancer une campagne de répression à coups de 135 euros !


vendredi 3 octobre 2008

Dix bonnes raisons de douter du Commerce Equitable

Le 2 octobre, les Verts Talence ont organisé un débat sur : Le commerce équitable, est-il réellement équitable ?

Les intervenants : des "représentants" d'Alter Mundi, de Max Havelaar, d'Alter Eco... et moi-même.

En cliquant ici, vous pourrez lire le support de mon intervention : Dix bonnes raisons de mettre en doute le Commerce Equitable.

dimanche 21 septembre 2008

Sénato-rigolade

Aujourd’hui c’est le début de l’automne, mais c’est aussi la date du scrutin des élections sénatoriales. Etant « grand » électeur, car conseiller municipal de Talence, je me suis rendu, en vélo, à la préfecture pour voter. Même si je fais habituellement mon devoir d’électeur quelles que soient les échéances électorales, j’ai particulièrement veillé à me rendre aujourd’hui au bureau de vote.

En effet, la convocation pour ce scrutin stipulait : « je me permets d’attirer votre attention sur les dispositions de l’article L.318 du Code Electoral, aux termes desquelles tout membre du collège électoral qui sans cause légitime, ne prend pas part au scrutin, est passible d’une amende de 100 euros ». Ce qui explique sans doute le très faible taux d’abstention aux élections sénatoriales.

La convocation indiquait également que « les électeurs qui auront participé au scrutin bénéficieront à l’occasion de leur déplacement au chef-lieu du département, d’une indemnité forfaitaire représentative de frais et du remboursement des frais de transport ». Ainsi, après avoir déposé mon bulletin dans l’urne, une charmante dame m’a demandé si je souhaitais être indemnisé. Par curiosité, j’ai répondu par l’affirmative. La dame a alors cherché ma fiche pré remplie et me l’a tendue. Ladite fiche indiquait la distance entre le lieu de résidence et le bureau de vote ainsi que la puissance du véhicule automobile utilisé pour se rendre au bureau de vote. Je présume que l’indemnité kilométrique est proportionnelle à la puissance du véhicule : une prime aux gros pollueurs ! J’ai fait remarquer que je ne connaissais pas la puissance fiscale de mon VTT et qu’il n’y avait pas d'option "vélo". J’ai donc créé une case vélo sur ma fiche.


La dame m’a dit que mon cas serait étudié. Mais, l'option vélo n'étant pas envisagée, je ne bénéficierais probablement pas du remboursement des frais de transport. Toutefois, j’obtiendrais l’indemnité repas… de quoi fournir du carburant au moteur de mon vélo!

J’attends la suite des évènements !



mardi 9 septembre 2008

Talence, le 17 septembre : on fête l’immobilité



Du 16 au 22 septembre, l’Europe va célébrer la mobilité. Sur les pages du site du ministère de l’écologie dédiées à cette manifestation, on nous explique par exemple qu’« utiliser un vélo ou marcher est bénéfique à notre santé »… et à notre pouvoir d’achat. Merci pour le scoop ! Cependant, il est important de se préoccuper de la pollution et de la santé de notre planète.

Quelles sont les propositions pour améliorer la mobilité ?

1. « Des transports publics performants et adaptés ». Chez nous, la communauté urbaine (CUB) s’est dotée d’un tramway qui s’avère un réel succès. Le développement des transports collectifs implique « des abonnements à prix attractifs » souligne le site du ministère. C’est sans doute pour inciter la population à utiliser le tram que la CUB a récemment décidé une augmentation du prix du billet de 3% en moyenne pondérée (notre pouvoir d’achat a-t-il augmenté du même montant ?). Pour continuer à vous déplacer, faites des économies sur d’autres dépenses : achetez vos produits bio dans les magasins hard-discount !

2. Le ministère met aussi en avant « l’intermodalité », par exemple : « vélo + transports publics ». Sur la ligne B, ce type d’intermodalité reste un vœu pieux, sauf peut être après minuit…

3. De plus, particulièrement à Talence, se pose le problème de la cohabitation du Tramway avec les autres usagers de la voie publique et particulièrement les cyclistes. Pourtant, à en croire la majorité, « beaucoup » a été fait lors de la précédente mandature : (i) une commission vélo a siégé de nombreux mois au cours desquels les palabres sans fin ont découragé plus d’un participant ; (ii) des pictogrammes de cyclistes ont été peints sur la chaussée (voir l’état actuel desdits pictogrammes sur l’axe Libération - Gambetta) ; (iii) une campagne de verbalisation massive des cyclistes empruntant la voie du tram, la plupart par souci de sécurité, a été menée ; (iv) une vaste opération de communication (à quel prix ?) visant à « responsabiliser » les usagers a été réalisée…

Au total : du vent, beaucoup de vent, mais insuffisant pour faire tourner les éoliennes ! Néanmoins, comme nous incite à le faire la Mairie : « restons zen ! », célébrons l’immobilité !





Pictogramme sur le cours Gambetta


mardi 22 juillet 2008

Trichet décrypté

Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne (BCE), est le « gardien » de l’inflation qui est la « hausse généralisée et durable du niveau général des prix ».

Au mois de juin 2008, le taux d’inflation en zone euro a atteint 4% en rythme annuel, soit le double de la limite maximale souhaitée par la BCE.

Cette inflation a pour principale origine l’augmentation des prix de l’énergie, des matières premières et des produits alimentaires.

Un des effets de l’inflation est la perte de pouvoir d’achat de la monnaie. C’est-à-dire qu’à l’instant t avec 10 euros on pouvait acheter 10 litres de carburant et en t+1, avec ce même montant, on en obtient plus que 8 litres par exemple. Ainsi, un revenu monétaire donné ne permet plus d’acheter le même panier de biens et services qu’auparavant. L’inflation réduit le revenu réel (le pouvoir d’achat).

Dans ces conditions, il est normal que les salariés veuillent maintenir leur pouvoir d’achat et demandent des hausses de salaires.

Monsieur Trichet n’est pas d’accord et il met en garde contre les effets de « second tour ». Selon lui, si les entreprises accordent des hausses de salaires, cela va augmenter leurs coûts et elles vont répercuter cette augmentation sur le prix de vente des biens et services qu’elles produisent. Ainsi peut s’enclencher une spirale inflationniste par les coûts car les salariés demanderont alors une nouvelle hausse des salaires qui sera répercutée sur les prix… et ainsi de suite.

Pour éviter d’entrer dans ce cercle « vicieux », Monsieur Trichet nous dit qu’il est urgent de ne rien faire et surtout de ne pas augmenter les salaires car « nous serons revenus à la stabilité des prix selon notre définition, disons dans une période de l’ordre de dix-huit mois » (Le Figaro).

En d’autres termes, cela signifie que les salariés doivent accepter une baisse de leur pouvoir d’achat d’au moins 6 % sur 18 mois (si l’inflation reste au rythme actuel) en attendant des jours meilleurs. Dans ce cas, la charge de l’inflation repose uniquement sur les salariés ainsi que sur les titulaires de revenus sociaux, sur les retraités…

Une possibilité, ignorée par Monsieur Trichet serait de faire supporter la charge de l’inflation aux entreprises en augmentant les salaires sans pour autant qu’elles rehaussent leurs prix de vente. Il suffirait qu’elles réduisent leurs marges et par là-même leurs profits. Dans ces conditions les augmentations des salaires n’auraient pas d’effet de « second tour » sur l’inflation.

Evidemment ce scénario n’est pas du goût des entreprises soumises aux exigences du capitalisme financiarisé (de la Bourse…) en matière de niveau de profit. D’ailleurs, elles sont prêtes à brandir la menace de la délocalisation pour éviter toute velléité de mise en œuvre dudit scénario.

Un autre effet de l’inflation s’opère au bénéfice des emprunteurs et au détriment des créanciers. Les emprunteurs remboursent leurs créanciers en monnaie au pouvoir d’achat dévalorisé. En ce sens l’inflation est le cancer du rentier. La seule solution pour ce dernier réside dans une augmentation du taux de l’intérêt des crédits au-delà du taux d’inflation. Dans le cas contraire, le capital du rentier se déprécie. Ce n’est pas dramatique car Keynes disait que la bonne marche du système économique implique l’euthanasie du rentier.

Outre ses recommandations concernant la non indexation des salaires, Monsieur Trichet dispose, pour lutter contre l’inflation, de l’arme du taux directeur de la BCE qui détermine les taux d’intérêt pratiqués par les institutions bancaires et financières européennes. Le 17 juin, la Banque centrale a porté ledit taux directeur de 4 à 4,25% et Monsieur Trichet a laissé entendre que de nouvelles hausses étaient envisageables en cas de persistance de pressions inflationnistes.

La hausse du taux directeur a pour effet le renchérissement du coût du crédit. Ainsi, les entreprises, les particuliers et l’État seront moins enclins à emprunter pour financer leurs dépenses d’investissement ou de consommation. L’effet attendu est une baisse (ou une moindre augmentation) de la demande censée engendrer une baisse (ou une moindre augmentation) des prix. Par exemple, « toutes choses étant égales par ailleurs », si la demande de logements diminue en raison de la hausse des taux d’intérêt, les prix de l’immobilier devraient évoluer à la baisse. De même, le renchérissement du crédit revolving (crédit permanent) devrait peser sur la consommation des ménages et engendrer une détente sur les prix. Enfin, les entreprises ne feront pas certains investissements car les emprunts pour les réaliser coûtent plus cher diminuant d’autant la rentabilité escomptée.

Pour lutter contre l’inflation, il s’agit de déprimer la demande tant de consommation que d’investissement en espérant rendre l’offre excédentaire et détendre ainsi les prix : c’est une politique déflationniste. La diminution de la demande engendre aussi mécaniquement un rétrécissement des marchés des entreprises, ce qui a pour conséquence une baisse de leur activité et plus généralement de la croissance économique.

Le renchérissement du crédit combiné à la baisse du pouvoir d’achat engendré par l’inflation peuvent conduire à la stagnation économique. De plus, il n’est pas sûr que cette politique conduise à une baisse de l’inflation qui, pour une large part, est importée, c’est-à-dire qu’elle émane des prix de l’énergie et des matières premières qui sont déterminés sur les marchés mondiaux. Seules des politiques déflationnistes coordonnées au niveau mondial seraient en mesure de produire l’effet requis. Or, des pays comme les Etats-Unis, la Chine, l’Inde… sont loin de mener des politiques conformes à celle suivie par l’Union Européenne.

Ainsi, la stagnation pourrait cohabiter avec l’inflation, c’est la stagflation. Les années 1970 ont connu des périodes de stagflation que les politiques conjoncturelles keynésiennes (politique budgétaire, politique monétaire,…) de gestion de la demande n’ont pas réussi à dépasser. Cet échec a ouvert la voie au néolibéralisme de Thatcher et Reagan. Il est vrai que dans les années 1970, l’inflation était à deux chiffres car les salaires étaient indexés sur le taux d’inflation. Les effets de « second tour » jouaient à plein, mais le pouvoir d’achat était maintenu. Aujourd’hui, la stagflation inclut un moindre taux d’inflation, mais elle se traduit par l’appauvrissement du plus grand nombre. C’est une stagflation paupérisante.

Le premier type de stagflation a eu raison des politiques keynésiennes et de l’État providence. Cette deuxième version que nous allons vivre, marquera-t-elle la fin du néolibéralisme ?




vendredi 4 juillet 2008

Parc du Château des Arts : moins 2 !

Le 3 et le 4 juillet, deux arbres ont été abattus dans le parc du Château des Arts, propriété du rectorat.





Il s’agit d’un chêne et d’un séquoia. D’après mes sources (non officielles), le chêne « menaçait » de tomber, tandis que le « séquoia était trop proche d’un bâtiment » (préfabriqué).




A mon arrivée le 3 juillet l'entreprise débitait le chêne.


Les deux séquoias.




Le séquoia abattu le 4 juillet



Il est à noter que le séquoia n'a pas été planté près du bâtiment préfabriqué... C'est le bâtiment préfabriqué qui a été "posé" près de l'arbre...






Malus canin

Le déficit budgétaire de la France s’aggrave… Selon l’Union européenne, il pourrait dépasser la limite des 3% du PIB en 2009.

Pour tenter de réduire ce déficit, il est nécessaire d’augmenter les recettes fiscales car la réduction des dépenses a du mal à passer du discours politique à la réalité des faits.

La croissance des recettes fiscales, au-delà de ce que génère mécaniquement la croissance économique dont les prévisions sont régulièrement revues à la baisse, implique un alourdissement des taux d’imposition et/ou la création de nouveaux prélèvements.

La création d’un nouvel impôt se trouve facilitée si elle emporte, dans une certaine mesure, l’adhésion de la population.

L’écologie est un bon prétexte car il s’agit de « sauver la planète » et pourquoi pas par la fiscalité, en application du principe du pollueur-payeur..

Ainsi, la création récente d’un bonus-malus automobile, fondé sur les émissions de CO2, n’a pas trouvé beaucoup de détracteurs. Malheureusement, pour l’instant, le bonus l’emporte sur le malus et représente un coût pour les finances de l’État. Le gouvernement envisage de réagir pour rétablir la situation à son profit.

Mon sens civique me conduit à proposer à notre gouvernement une nouvelle source de recettes fiscales fondée sur le principe du pollueur-payeur : le malus canin. En effet, les trottoirs de nos rues sont souillés par d’innombrables déjections canines polluantes (vue, odeur, chaussures…) qui représentent un coût non négligeable pour la collectivité (moto-crottes…).

La lutte contre la pollution et l’application du principe du pollueur-payeur justifient largement un impôt sur les chiens (un malus).

Sachant que la population canine est estimée à 8 millions (Facco –TNS Sofres 2006), une modeste contribution de 20 euros annuels par animal génèrerait 160 millions de recettes supplémentaires. Evidemment par souci d’équité fiscale, on pourrait moduler le montant de la contribution en fonction du volume des déjections, en considérant que ledit volume est proportionnel à la taille et au poids du chien. Par exemple, le propriétaire d’un Chihuahua (petite cylindrée) paierait 20 euros, celui d’un Labrador (gamme moyenne) 40 euros et celui d’un Saint-Bernard (grosse cylindrée) 80 euros. Dans ce cas, les 200 millions d’euros seraient atteints, voire dépassés.

Un peu d’imagination… Mesdames et Messieurs nos gouvernants !!!



mardi 1 juillet 2008

Quelle Europe ? Mais une Europe du consensus démocratique !

Bernard Conte a dit : « Je me sens profondément européen, mais quelle Europe ? Une Europe à 27, à 50 membres, extensible à l’infini ? » Mais je crois que tout le monde se sent profondément européen, mais faut-il préférer l’absence de construction européenne à une Europe de compromis que l’on ne veut absolument pas ? Le problème de l’extension de l’Europe est surtout institutionnel, la prise de décision ne peut se faire de la même façon à 6 et à 27. L’extension ne pourra se faire à l’infini : il n’y a pas encore 50 Etats en Europe, et les candidatures des pays extra-européens (Maroc, Israël) ont été clairement rejetées. Une Europe au service des populations ? Une Europe au service du capitalisme financiarisé ? Qu’est-ce que cela veut dire précisément quand on sort du langage démagogique à la Besançenot ? Une Europe simplement vassale des Etats-Unis ? Parce qu’elle a été justement incapable de se doter d’instruments autres qu’économiques, et notamment quand la France a refusé en 1954 la Communauté Européenne de Défense qui permettait d’être indépendante des Etats-Unis : on a eu l’OTAN… Une Europe puissance ? Et bien l’enjeu est là et il n’est pas très glamour, les peuples n’en voient pas l’intérêt, alors qu’une Europe puissance gagnerait à tous niveaux, en terme d’indépendance, de marges de manœuvre autonome, de sécurité,…

Avant de vouloir faire « avancer » l’Europe à n’importe quel prix, les populations devraient avoir le choix réel de la trajectoire. Or ce n’est pas le cas, puisque la Constitution a été concoctée par nos élites « éclairées » (à la bougie ?). C’est quoi ? De l’antiparlementarisme ? Le TCE avait été préparé pendant 2 ans par une assemblée composée de représentants de tous les parlements nationaux. C’est quand même cela la démocratie : un compromis. Cette Constitution jetée par la porte du référendum, en France et aux Pays-Bas, est revenue par la fenêtre de l’adoption parlementaire sous la forme du traité de Lisbonne. Heureusement, les électeurs irlandais ont fait le choix du rejet dudit traité. Mais nos élites politiques « bien pensantes » savent ce qui est bon pour les « masses populaires »… et ce Cons-Traité va réapparaître sous un autre déguisement.

Comme tu l’écris : « l’Europe n’avance plus, et qui n’avance plus a de fortes chances de reculer ». Cet argument fait appel au sens commun, comme le font souvent les néolibéraux pour justifier leurs choix : « travailler plus pour gagner plus »… Une telle démarche peut conduire à des absurdités : pour résoudre le problème de la faim dans le Monde, il n’y a qu’à donner des lits aux affamés car « qui dort dîne ! ». Tu caricatures : tu avais bien compris que mon raisonnement se fondait sur des observations historiques : c’est l’Europe des petits pas, mais des pas quand même..

Le « refus » de l’Europe serait le fait de « l’alliance de tous les conservatismes ». Là encore, tu fais appel à un argument facile qu’emploient les tenants de la « pensée unique ». La « vérité », tu nous le dis, est que l’Europe c’est bien, c’est le progrès, c’est le seul choix légitime !

Pour ceux qui oseraient contester cette vérité première, il y a deux options :
- ce sont des ignorants, ils n’ont pas compris, et, dans ce cas, il suffit de leur expliquer, de leur apprendre le catéchisme (néolibéral) ;
- ce sont d’horribles réactionnaires (cons de gauche ou de droite) dont l’avis n’est pas crédible…Peux-tu tout de même envisager que tous ceux qui ne sont pas de ton avis ne sont pas tous d’infâmes néolibéraux ? et qu’entre le noir et le blanc, il peut y avoir tout un camaïeu de grisés ?

Quant aux références aux révolutions françaises, je crois qu’il ne faut pas confondre libéralisme et liberté. Et bien si, historiquement les libéraux le sont dans tous les domaines, économique et politique. Cela mériterait un long débat. Je ferais simplement une allusion à Marx qui distinguait la liberté formelle et la liberté réelle. On n’est plus au temps du bourgeois Marx, et d’ailleurs, qu’avait-il vraiment compris de son temps : la révolution devait survenir en Angleterre…

Enfin, tu écris : « le problème est surtout qu’aujourd’hui, l’Europe me semble dans l’incapacité d’avancer sur le plan politique »… « chacun défend ses intérêts particuliers »… Certes, mais il ne faut pas oublier que la politique recouvre l’économique et le social. Si l’Europe telle que nous la proposent la Constitution et le traité de Lisbonne ne se contentait pas de vouloir mettre en concurrence les pays membres, les systèmes sociaux, les systèmes fiscaux, les salariés… pour aller vers les moins disants, les égoïsmes que tu soulignes, trouveraient un terreau moins fertile au sein des populations.

Dans ce contexte d’égalisation par le bas et de paupérisation du plus grand nombre (sauf pour les riches qui le deviennent encore plus), il apparaît difficile de dégager un consensus, sauf à être kamikaze. L’Europe dans sa construction historique a montré qu’elle était justement le contraire : un espace de sécurité et de développement possible : si non, comment expliquer les extensions successives et les candidatures actuelles ? C’est L’Europe qui a permis à l’Espagne, à L’Irlande, aujourd’hui aux pays d’Europe de l’Est de se développer, dans un mécanisme vertueux où tout le monde est gagnant.



Meiji
Jean-Luc Légeron

lundi 30 juin 2008

Réponse à Jean-Luc Légeron : L’Europe banzaï !

Jean-Luc a écrit :

Le chouchou de l'Union européenne boude Lisbonne : le chacun pour soi a encore gagné en Irlande

Peut-être faudrait-il un peu plus de retenue dans la satisfaction au refus irlandais du traité de Lisbonne?

L'Europe n'avance plus, et qui n'avance plus a de fortes chance de reculer.

Ce refus est surtout l'alliance de tous les conservatismes et de tous les nationalismes, de gauche comme de droite, comme ce fut le cas en France lors du rejet du TCE (du PC au front national, en passant par la LCR et les souverainistes de tous bords, comme de Villiers)

Le problème n'est pas tant qu'on s'oppose à ce traité, et finalement le traité n'y est pour rien, qui d'ailleurs se soucie de savoir si un président de l'union ou un ministre des affaires étrangères de l'union présenterait une utilité institutionnelle quelconque, mais qu'on se serve de ce refus pour fustiger une Europe considérée comme libérale, comme si c'était le mal absolu (c'est d'ailleurs pour ces valeurs libérales que les révolutionnaires de 1789, 1830, 1848, ont lutté...mais bon!).

Le problème est surtout qu'aujourd'hui, l'Europe me semble dans l'incapacité d'avancer sur le plan politique, chacun (les Français, les Irlandais, et les autres...) défend ses intérêts particuliers, veut avoir raison contre tous les autres avec l'incapacité d'imaginer un quelconque compromis possible entre des points de vue certes divergents, mais pour lesquels on peut tout de même envisager quelques aspects de compatibilité.


Ma réponse : l’ Europe banzaï !


Je me sens profondément européen, mais quelle Europe ? Une Europe à 27, à 50 membres, extensible à l’infini ? Une Europe au service des populations ? Une Europe au service du capitalisme financiarisé ? Une Europe simplement vassale des Etats-Unis ? Une Europe puissance ?

Avant de vouloir faire « avancer » l’Europe à n’importe quel prix, les populations devraient avoir le choix réel de la trajectoire. Or ce n’est pas le cas, puisque la Constitution a été concoctée par nos élites « éclairées » (à la bougie ?). Cette Constitution jetée par la porte du référendum, en France et aux Pays-Bas, est revenue par la fenêtre de l’adoption parlementaire sous la forme du traité de Lisbonne. Heureusement, les électeurs irlandais ont fait le choix du rejet dudit traité. Mais nos élites politiques « bien pensantes » savent ce qui est bon pour les « masses populaires »… et ce Cons-Traité va réapparaître sous un autre déguisement.

Comme tu l’écris : « l’Europe n’avance plus, et qui n’avance plus a de fortes chances de reculer ». Cet argument fait appel au sens commun, comme le font souvent les néolibéraux pour justifier leurs choix : « travailler plus pour gagner plus »… Une telle démarche peut conduire à des absurdités : pour résoudre le problème de la faim dans le Monde, il n’y a qu’à donner des lits aux affamés car « qui dort dîne ! ».

Le « refus » de l’Europe serait le fait de « l’alliance de tous les conservatismes ». Là encore, tu fais appel à un argument facile qu’emploient les tenants de la « pensée unique ». La « vérité », tu nous le dis, est que l’Europe c’est bien, c’est le progrès, c’est le seul choix légitime !
Pour ceux qui oseraient contester cette vérité première, il y a deux options :
- ce sont des ignorants, ils n’ont pas compris, et, dans ce cas, il suffit de leur expliquer, de leur apprendre le catéchisme (néolibéral) ;
- ce sont d’horribles réactionnaires (cons de gauche ou de droite) dont l’avis n’est pas crédible…

Quant aux références aux révolutions françaises, je crois qu’il ne faut pas confondre libéralisme et liberté. Cela mériterait un long débat. Je ferais simplement une allusion à Marx qui distinguait la liberté formelle et la liberté réelle.

Enfin, tu écris : « le problème est surtout qu’aujourd’hui, l’Europe me semble dans l’incapacité d’avancer sur le plan politique »… « chacun défend ses intérêts particuliers »… Certes, mais il ne faut pas oublier que la politique recouvre l’économique et le social. Si l’Europe telle que nous la proposent la Constitution et le traité de Lisbonne ne se contentait pas de vouloir mettre en concurrence les pays membres, les systèmes sociaux, les systèmes fiscaux, les salariés… pour aller vers les moins disants, les égoïsmes que tu soulignes, trouveraient un terreau moins fertile au sein des populations.

Dans ce contexte d’égalisation par le bas et de paupérisation du plus grand nombre (sauf pour les riches qui le deviennent encore plus), il apparaît difficile de dégager un consensus, sauf à être kamikaze.

Banzaï !



vendredi 27 juin 2008

Daily motion : Licenciements

Hier, en allant promener mon chien (dont je ramasse les excréments, car je suis un maître responsable), je suis retombé sur Marcel d’Ambyvalance.

Le sentant très disposé à converser, j’ai proposé à Marcel de prendre un café (accompagné d’un verre d’eau) à la terrasse de chez Georgette.

Après avoir longuement disserté sur le climat qui se réchauffe tout en se refroidissant, Marcel a abordé le fonctionnement du Conseil de la ville d’Ambyvalance présidé par Anizé Bonhapéraud.

Le sport préféré du Conseil de la ville (pratiqué quotidiennement) est le vote de motions ou de bœux (ce sont comme des vœux, mais ça commence par un b). Ces bœux concernent des sujets divers et font l’objet d’un consensus entre la majorité et l’opposition.

Devant mon étonnement, Marcel m’a donné un exemple que je reprends dans son intégralité.

L’opposition, censée représenter les « petites gens », les salariés, les exploités… avait proposé au Conseil de la ville le bœu suivant :

« Il faut interdire aux capitalistes, qui font d’énormes bénéfices sur le dos des salariés, de licencier leur personnel pour augmenter encore leurs profits ».

La majorité, émanation des intérêts des puissants, ne pouvait tolérer un tel texte jugé, en privé, « révolutionnaire ».

Pour aboutir à un consensus acceptable par les deux parties, de longues négociations ont été nécessaires (notamment plusieurs séances de nuit).

Le bœu consensuel adopté à l’unanimité du Conseil est le suivant :

« Les entreprises réalisent des bénéfices, justifiés par la prise de risques, qui leur permettent d’investir pour accroître la richesse de notre pays. Ces entreprises ne devraient licencier du personnel qu’en dernier recours, après avoir envisagé toutes les possibilités à travers une large concertation entre toutes les parties prenantes, et en ayant pris soin de proposer, pour chaque personne touchée par la restructuration, une démarche d’accompagnement social dans le cadre des dispositifs publics ».

A l’issue du vote, la majorité s’est congratulée pour avoir vidé de son sens la proposition initiale de l’opposition, tout en donnant l’impression aux électeurs de faire du « social ».

L’opposition, quant à elle, a largement communiqué en direction des salariés en leur présentant ce bœu comme un premier pas vers la satisfaction de leurs revendications. Un petit pas, certes, mais qui, ajouté à un autre, arrive à faire un grand pas en avant (surtout lorsqu’on est au bord du gouffre).

Avant tout, ces bœux servent conjointement les intérêts des élus de la majorité et ceux de l’opposition. La classe politique a compris (bien avant Sarkozy) l’importance de la communication : il faut, à tout prix, s’exprimer sur n’importe quel sujet, s’agiter, brasser de l’air… pour montrer à la population (en fait aux électeurs) qu’on est sensible à ses préoccupations et qu'on "agit".

Commentaire d’un licencié : « ils nous prennent pour des bœufs, cette motion n’est qu’un grand coup d’épée dans l’eau, qu’un pet de nonne, qu’une mascarade… je suis dégoûté par la classe politique ».


That’s all folks !…
(Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite)…

mardi 24 juin 2008

Danger rue Roustaing

Sur la fin de la rue Roustaing, à hauteur du numéro 163, de nombreuses automobiles stationnent sur le trottoir (qui n’est pas aménagé) gênant la circulation des piétons et particulièrement des parents qui accompagnent leurs enfants à l’école Albert Camus.

Ce stationnement « sauvage » générateur de danger pour les piétons est principalement dû au fait que la « résidence » située à ce niveau de la rue Roustaing ne propose pas suffisamment de places de parking par rapport au nombre de véhicules appartenant aux résidents.

Monsieur le Maire, il semble que vous ayez déjà été informé de ce problème ? Que comptez-vous faire ?






samedi 14 juin 2008

Coupe d'Europe : Dublin 1 - Lisbonne 0

L'évênement le plus marquant d'hier n'est pas la défaite de l'équipe de France face aux Pays-Bas, mais le "non" irlandais au traité de Lisbonne (Mini traité européen ou Constitution européenne déguisée).

L'adoption de la Constitution européenne s'était heurtée aux "non" hollandais et français. Pourtant cette Constitution balisait l'avenir "heureux" des européens. Les peuples frondeurs n'ayant rien compris, il fallait se passer de leur avis.

Chassée par la grande porte, la Constitution relookée, déguisée en mini traité ou traité de Lisbonne, est revenue par la fenêtre de l'adoption parlementaire qui évite le référendum populaire. C'est ce qu'on a appelé le plan B.

Le maintien de l'adoption par référendum en Irlande était censé ne pas poser de problème car ce pays doit tant à l'Europe.

Manque de chance, hier les irlandais ont dit "non", mettant un grain de sable dans les rouages bien huilés de la construction d'une Europe néolibérale.

Bien sûr, nos "élites politiques", de droite comme de gauche, relayées par les médias aux ordres, vont nous expliquer que les irlandais sont des ingrats et des égoïstes. Ingrats parce qu'ils ont bénéficié plus que les autres des "largesses" financières de l'Europe. Egoïstes car, eux qui ont tant reçu, refusent de partager les fruits de leur croissance.

Malgré tout, le "non" irlandais n'est qu'un épiphénomène. Nos "élites" ont certainement un plan C dans leurs tiroirs, un micro traité qui reprendra l'essentiel de la défunte Constitution, du défunt mini traité de Libonne, sous une forme encore plus "ésotérique".

Le "peuple" ignorant étant incapable d'apprécier ce qui est bon pour lui, il faut à tout prix lui imposer la "vérité".

La vérité c'est : "travailler plus pour gagner plus", travailler plus longtemps, moins de protection sociale, moins de pouvoir d'achat, des retraites allégées...

"Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front" !

mardi 10 juin 2008

Diffuser l'information

Au lendemain des élections municipales, j'ai créé ce blogue pour que les Talençaises et les Talençais aient accès à une INFO VRAIE... sur leur ville, mais aussi sur leur environnement proche ou plus éloigné.

Vous qui visitez ce blogue, si les articles vous paraissent intéressants, faites le connaitre à vos amis, vos connaissances...

Merci....

Modération des commentaires

Sur ce blogue les commentaires laissés par les internautes sont modérés.
En effet, je ne peux publier des commentaires à caractère diffamatoire ou comportant des affirmations "gratuites", c'est à dire non fondées sur des éléments vérifiables et irréfutables.
Pour tout renseignement, pour me communiquer des informations, pour toute demande.... vous pouvez me contacter à l'adresse suivante : bd.conte@gmail.com

dimanche 8 juin 2008

Fin de campagne électorale

En raison de la fin de la campagne électorale pour les élections cantonales, ce blogue n'est plus (temporairement) actualisé jusqu'à la fin du scrutin.

vendredi 6 juin 2008

Euthanasie

Ce matin sur une radio, j’ai entendu que les 100 plus hauts revenus ne payaient pas d’impôt. Par le biais de niches fiscales, d’investissements défiscalisés… ils se débrouillent pour échapper à notre devoir commun de solidarité pour financer les services publics.

Au bas de l’échelle sociale, les plus pauvres ne contribuent pas à l’effort commun et c’est légitime.

En conséquence, la fiscalité repose principalement sur la « classe moyenne » qui voit son pouvoir d’achat sans cesse érodé.

L’ambition du néolibéralisme (avec, en France, Sarkozy à sa tête) est d’euthanasier la classe moyenne et de mettre l’État au service du capitalisme financiarisé, par exemple : en privatisant les autoroutes, en interdisant la publicité sur les chaînes publiques de télévision… en cassant le droit du travail, en délitant la protection sociale…

La stratégie est simple : le gouvernement prend des mesures qui augmentent les profits privés et réduisent d’autant les recettes du budget de l’État. Il invoque ensuite les déficits pour justifier une baisse des dépenses (notamment sociales) et de nouvelles privatisations (EDF, etc.).

A terme, devrait disparaître la classe moyenne, porteuse de revendications, de progrès social, de volonté de bien-être accru… La paupérisation de la classe moyenne réduira sa capacité revendicative, laissant libre cours à la croissance des profits que les néolibéraux croient infinie.

En effet, quand il faut lutter quotidiennement pour assurer sa « survie » et celle des siens, on a moins tendance à revendiquer, à descendre dans la rue… pour un maintien ou un accroissement de son pouvoir d’achat et de sa protection sociale.

Mais, qui sait, des "jacqueries" seront toujours possibles !

mercredi 4 juin 2008

Tourteau

Dans deux précédents articles, je me suis intéressé aux indemnités des élus au sein du Conseil municipal ainsi qu'à celles versées par Talence gestion équipements (TGE).

Dans ce nouvel article, j'ai intégré les indemnités versées par la CUB. Vous trouverez dans le tableau ci-après le cumul annuel des indemnités des élus de la majorité au Conseil municipal de Talence.

Les totaux comprennent les indemnités d'élu municipal, d'élu à la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) ainsi que celles afférentes à Talence gestion équipements (TGE). Le cumul des indemnités annuelles est donné par montant décroissant.

Le coût annuel total approche le demi-million d'euros...

Il convient de noter que, malgré le soin apporté à la confection du tableau, une erreur de calcul est toujours possible. Il se peut également que le tableau soit incomplet. Je fais confiance aux lecteurs pour m'indiquer un éventuel oubli ou une erreur.

mardi 3 juin 2008

Le Klimacetan

Décidément la vie est pleine de surprises… Hier, en allant acheter ma baguette de pain à 1,20 € (7,80 francs), je suis tombé sur Léon, un ami de trente-deux ans. Léon revient d’une contrée lointaine : le Klimacetan.

Devant un café (accompagné d’un verre d’eau) à la terrasse de chez Georgette, Léon m’a dressé un portrait de cette région et de ses habitants.

Fait original, là-bas, le climat est déterminé et géré par deux personnes indépendantes des partis politiques : les sœurs Mait et Oh Raulogik (qui font la pluie et le beau temps!). Les deux grands partis politiques locaux, le « Hot » qui représente les gens d’en haut et le « Bat » qui défend les intérêts des gens du bas de l’échelle sociale, adressent des vœux à Mesdames Raulogik pour le climat à venir. Ces vœux doivent faire l’objet d’un consensus entre les deux partis théoriquement opposés.

Devant mon incrédulité, Léon m’a donné l’exemple du consensus sur la demande de climat pour l’été prochain que je reprends in extenso.


Consensus du « Hot » et du « Bat » sur le climat pour l’été prochain à l’attention de Mesdames Mait et Oh Raulogik


Principalement située sur la façade maritime de notre région, l’industrie touristique fait vivre de nombreuses entreprises qui emploient un nombre important de salariés. Il conviendrait que nous ayons un été chaud et ensoleillé pour que les touristes puissent pleinement profiter des activités qui leur sont proposées.

L’agriculture est aussi un secteur majeur de notre économie. Pour obtenir de bonnes récoltes, afin d’éviter toute crise alimentaire génératrice d’inflation, les agriculteurs souhaitent un été pas trop chaud et assez pluvieux (mais pas trop quand même !).

Le secteur de l’énergie ne peut être ignoré : les propriétaires de champs d’éoliennes réclament un été venté (mais pas de cyclones !), à défaut, on pourrait craindre des coupures d’électricité nuisibles à l’activité économique.

La population du massif de l’Hymne-a-laya, qui a été rattaché à notre région lors du dernier redécoupage territorial, réclame un été plutôt froid, avec quelques chutes de neige en haute altitude (mais pas de brouillard tenace !), afin de permettre aux skieurs d’été de s’adonner pleinement à leur sport.

Il serait inadmissible que l’industrie touristique en arrive à licencier, que la pénurie agricole engendre une hausse des prix nuisible au pouvoir d’achat des plus pauvres, que l’on subisse des coupures d’électricité, que la population de l’Hymne-a-laya, déjà touchée par un séisme, ne puisse bénéficier des revenus apportés par les skieurs…

En conséquence, après de longues et âpres négociations, nous, élus du « Hot » et du « Bat », émettons conjointement le vœu d’un été chaud mais également froid, ensoleillé mais pluvieux et venté juste ce qu’il faut.

Léon conclut sur le sujet en me disant qu’après cette motion, les élus du « Bat » se sont félicités d’avoir obtenu des « concessions » de la part de leurs adversaires, tandis que les élus du « Hot » se sont congratulés pour la « modération » des exigences arrachée aux élus du « Bat ».

That’s all folks !…
(Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite)…

lundi 2 juin 2008

Citation

"En ces temps de tromperie universelle, dire la vérité devient un acte révolutionnaire".

George Orwell, auteur de 1984

samedi 31 mai 2008

Stationnement et circulation dans le quartier Nord

Dans le quartier Nord de Talence, le stationnement des automobiles est devenu un problème majeur. Par exemple, rue François Coppée et rue Jean-Baptiste Pomiès, les résidents se plaignent de ne pouvoir accéder à leur garage, de ne plus pouvoir garer leur véhicule, de difficultés de circulation...

Parmi les causes de l’engorgement, il y a le fait que de nombreux non-résidents traversent le boulevard ou le cours Gallieni pour se garer dans ces rues.

Le règlement de ce problème passe notamment par la mise en œuvre d’un système privilégiant le stationnement des résidents, tout en assurant la « fluidité » des véhicules non-résidents.

Les Verts vont saisir la Mairie afin qu’elle prenne des dispositions en ce sens.





Rue Jean-Baptiste Pomiès



Parking à l'angle des rues Coppée et Pomiès (censé être en zone bleue)




Rue Coppée

Relais Emplois Familiaux

Conseil Municipal du 29 mai 2008
Délibération N° : 31

OBJET : Attribution d’une subvention exceptionnelle à l’association Relais Emplois Familiaux

« L’association Relais Emplois Familiaux, association d’aide à domicile
implantée à Talence, connaît des difficultés et une gestion déficitaire depuis trois ans.
Cette association a mis en place diverses mesures pour assurer la pérennité
de son activité mais doit de façon obligatoire reconstituer ses fonds propres.
Elle sollicite l’aide de la Ville dans ce sens.
Je vous propose donc aujourd’hui de soutenir cette association en lui
accordant une subvention exceptionnelle d’un montant de 20 000 €, étant entendu que la Ville envisage par ailleurs d’accorder à cette association une garantie d’emprunt.

Bernard CONTE : Quelques questions et remarques :

Le document indique : « l’association Relais Emplois Familiaux connaît des difficultés et une gestion déficitaire depuis 3 ans »,… Pourquoi la mairie a-t-elle attendu autant de temps pour se préoccuper de la situation ?

Accorder une subvention dite « exceptionnelle » de 20 000 € est un effort important. Qui nous dit que cette subvention ne demandera pas à être renouvelée ?

En effet, le déficit de cette association présente un caractère structurel pour les raisons suivantes :

- l’association a déménagé de Chateau Raba, où elle ne payait pas de loyer, vers la résidence Schoelcher près du forum…

- à Château Raba, REF partageait les locaux avec d’autres associations et certains coûts étaient mutualisés, ce qui n’est plus le cas.

- Du fait de l’augmentation des coûts, REF a dû augmenter les tarifs de ses prestations, ce qui a conduit des clients à se tourner vers des structures plus petites et plus compétitives (moins chères) qui ont vu le jour avec la loi Borloo.

- Nous sommes en présence d’un cercle vicieux : la nécessité d’augmenter les tarifs réduit le chiffre d’affaires et creuse le déficit.

Nous voudrions savoir si un audit de cette structure a été effectué. La stratégie de regroupement et de mutualisation de certains services avec d’autres associations du même type sur d’autres communes est-elle susceptible de rétablir l’équilibre budgétaire de Relais Emplois Familiaux ? Dans le cas contraire, ne faudrait-il pas prévoir une subvention municipale annuelle ?

Enfin, quel est le montant et quelle est la destination de l’emprunt que la municipalité doit garantir ?

Pour conclure, le cas de Relais Emplois Familiaux doit être considéré avec attention, car 51 emplois sont en jeu.


jeudi 29 mai 2008

Dessert ou fromage ?

Conseil municipal du 29 mai 2008

Délibération N° : 9

OBJET : Rémunération du Président et du Vice-Président de la Société d’Economie Mixte « Talence Gestion Equipements », élus du Conseil Municipal – Fixation du montant maximum

Monsieur le Maire expose :
« Je vous rappelle que par délibération du Conseil Municipal en date du 28 juin 2001, des Elus Municipaux ont été désignés comme Administrateurs représentant la Ville de TALENCE au sein du Conseil d’Administration de la Société d’Economie Mixte « Talence Gestion Equipements ».

L’article L. 1524-5 du Code Général des Collectivités Territoriales stipule que les Elus Locaux agissant en tant que mandataires de la Collectivité peuvent percevoir, au sein de la S.E.M., une rémunération.

Ils doivent y être auparavant autorisés par le Conseil Municipal qui fixe aussi le montant maximum des rémunérations qui peuvent être perçues ainsi que la nature des fonctions qui les justifient.

Monsieur François JESTIN a été nommé Président du Conseil d’Administration de « Talence Gestion Equipements « et Madame Jacqueline CHADEBOST Vice-Président.

Je vous propose en conséquence, conformément aux dispositions de l’article 22 des statuts de la S.E.M. « Talence Gestion Equipements » de permettre à ces Elus de percevoir une indemnité. Le montant mensuel maximum pour Monsieur JESTIN pour l’année à la rémunération afférente à l’indice brut 184 de la Fonction Publique et pour Madame CHADEBOST à 75 % de l’indice brut 100. »


Bernard Conte: Cinq remarques sur le texte

1. « l’article L. 1524-5 du CGCT stipule que les élus locaux agissant en tant que mandataires de la collectivité peuvent percevoir, au sein de la SEM, une rémunération »… L’emploi du verbe pouvoir indique une possibilité et non une obligation.

2. Au dernier paragraphe, monsieur le Maire propose « un montant mensuel maximum » pour les indemnités des administrateurs. Faut-il entendre que les indemnités seront inférieures ou bien égales à ce maximum ?

3. Pour informer le Conseil, si les indemnités sont fixées au maximum, l’indemnité de Monsieur Jestin s’élèvera à 1 107, 33 € par mois soit 13 287, 96 € par an, tandis que celle de Madame Chadebost sera de 663,03 € par mois, soit 7 956,36€ par an. Au total, les administrateurs percevront 21 244, 32 € par an.

4. Ce montant est à rapprocher de celui de la subvention de 20 000 € demandée par l’association relais emplois familiaux qui emploie 51 personnes (voir délibération n° 31).

5. Je comprends qu’il s’agit, pour les administrateurs, d’une charge de travail importante. On peut l’estimer à un travail à mi-temps. Si l’on ajoute le mi-temps consacré à leurs charges d’adjoint et de CM déléguée, cela fait un plein temps…

J’espère pour eux qu’ils n’ont pas un (vrai) travail parallèlement à leurs charges municipales. Si c’est le cas : attention au surmenage ! Mais, depuis plusieurs mois, tout le monde sait qu’il faut appliquer l’adage sarkozien : travailler plus pour gagner plus !


dimanche 25 mai 2008

Victi-Maire d'Ambyvalanse



Hier, j’ai revu Marcel, un ami de trente ans. Marcel a rejoint la métropole après un long séjour dans une contrée reculée dont l’économie est néanmoins assez avancée.

Dans cette contrée, Marcel habitait Ambyvalanse, une ville forte de plusieurs milliers d’âmes.

Devant un café (accompagné d’un verre d’eau), il m’a brossé un portrait détaillé de sa ville : sa situation géographique, son architecture, ses monuments, ses spécificités démographiques… Puis, Marcel a abordé la question politique de la gestion de la ville.

Ambyvalanse est dirigée depuis trente ans par le même homme, le même Maire : M. Anizé Bonhapéreaud. Devant mon étonnement du manque d’alternance politique, Marcel m’a expliqué le système mis en place par Bonhapéreaud.

Là-bas, les électeurs ne se prononcent que tous les dix ans, ce qui laisse le temps au Maire d’organiser, de mettre en œuvre et de récolter les fruits de sa stratégie politique. Elle repose principalement sur le clientélisme qui permet de se constituer, à peu de frais, une clientèle politique « fidèle ».

Le système clientéliste mis en place par Bonhapéreaud est multidimensionnel.

Par exemple, pour les « moins jeunes » la Mairie organise des « gouthés dansants », dont la GO (gentille organisatrice) est Margaret, dame de fer, qui règle les festivités au son strident d’un sifflet d’arbitre de sport. De plus, quand arrive l’anniversaire d’un moins jeune, le Maire lui adresse une chaleureuse lettre personnalisée accompagnée d’une image à son effigie.

Aux jeunes, le Maire distribue gratuitement des films, sur support DVD, dont il est le héro (Anizé au camping, Bienvenue chez les Anizés, Anizé 007…) et aussi des jeux vidéos : Super-Bonhapéreaud, Bonhapéreaud fait la War…. Il leur donne sans compter des abonnements au stade Bonhapéreaud (réplique de celui d’Olympie) où se déroulent, chaque semaine, des compétitions sportives.

Malgré tout, ce système bien huilé a connu de sérieux problèmes. En effet, lors des dernières élections (en 2000), Bonhapéreaud n’a pas obtenu 90 % des suffrages comme il l’espérait. La veille du scrutin, les sondages lui étaient même défavorables. Le camp du Maire a dû improviser dans l’urgence, pour le lendemain, un dispositif de navettes entre les RPMJ (résidences pour moins jeunes) et les bureaux de vote. A l’entrée du bus, chaque « moins jeune » se voyait rappeler, par « l’accompagnateur » tous les bienfaits que le Maire lui avait prodigués pendant les dix dernières années (petits fours, boissons, festivités…). Bonhapéreaud a ainsi pu être réélu par une courte majorité (50,1%).

Mais le coup passa si près…. mettant en lumière la nécessité de remodeler le système clientéliste. Pour ce faire, Bonhapéreaud a fait appel à des conseillers en communication (des spin doctors). Après des études fouillées, les conseillers ont conclu que le Maire devait devenir une « victime » pour l’opinion publique. En effet, « la victime est aujourd’hui valorisée, elle focalise sur elle les sympathies, elle attire la compassion, mais surtout on lui reconnaît des droits [de vote ?] du fait même de son statut de victime et notamment des droits à des réparations* ». La communication devait donc faire appel à la rhétorique victimaire.

Ceci étant admis, il fallait désigner le bourreau : l’opposition au sein du Conseil de la Ville. Les médias, la rumeur… ont été mobilisés pour discréditer l’opposition, pour la présenter comme systématique, malhonnête, calomnieuse, infâmante… Bref, l’opposition « c’est les méchants » tandis que la majorité « c’est les gentils ». De plus, pour officialiser, dans l’opinion publique, son statut de victime, Anizé Bonhapéreaud a décidé de changer l’intitulé de sa fonction. Désormais, il ne se présente plus comme le Maire, mais comme le Victi-Maire d’Ambyvalanse.

Il est vrai que « celui qui manipule les opinions est plus important que celui qui applique les lois » (Abraham Lincoln). Mais il arrive qu’un grain de sable vienne bloquer les rouages des mécanismes les mieux huilés…

Avant de nous séparer, j’ai fait part à Marcel de ma satisfaction et de mon soulagement de vivre en France car, chez nous, une telle situation est inimaginable.

That’s all folks !…
(Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite)…


* http://www.lmsi.net/spip.php?article442



dimanche 18 mai 2008

La crise alimentaire mondiale : quelle solution ?

A (re)voir l'émission Talk Info du mercredi 14 mai sur FR3 (8') : la crise alimentaire mondiale... (désolé, mais la vidéo n'est plus disponible sur le site de FR3)

jeudi 17 avril 2008

Le paradoxe des subventions municipales


En 2008, la municipalité va distribuer plus de 2 500 000 € de subventions à des associations.

On peut se demander quels sont les critères d’attribution de certaines desdites subventions.

Par exemple, lors du conseil municipal du 14 avril nous avons eu à nous prononcer sur la subvention à « l’Association de chasse Talence – Villenave d’Ornon » d’un montant de 3 200 €.

Sachant que cette association concerne un nombre très limité de personnes (et que la chasse au Dahu est parait-il interdite dans le bois de Thouars, ndlr), l’opposition a voté contre.

Par contre, « La prévention routière – délégation de la Gironde » ne reçoit que 100 €.

L’échelle des priorités de la municipalité est amphigourique (pour le fun) !



mardi 15 avril 2008

Nouvelle grille des indemnités mensuelles du Conseil municipal




Commentaires sur les indemnités des élus de Talence

[Conseil municipal du 14 avril 2008]

Il faut rappeler que, selon l’article L. 2123-17 du code général des collectivités territoriales : « les fonctions de maire, d’adjoint et de conseiller municipal sont gratuites », mais elles donnent ou peuvent donner lieu au versement d’indemnités de fonction, destinées à compenser les frais que les élus engagent au service de leurs concitoyens.

Ceci étant dit, je vais apporter quelques commentaires tenant d’une part à l’évolution globale des indemnités du conseil municipal et, d’autre part, à l’évolution de la structure de la nouvelle grille qui nous est proposée.

L’évolution globale :

Le montant total des indemnités mensuelles du Conseil municipal s’élève à 30 220 € soit 39,23 € de moins que le maximum autorisé. Ce montant est en augmentation de 9,56 % par rapport à la dernière grille datant de 2006 (27 584 € en 2006, Conseil municipal du 10 juillet 2006).

Le volume des indemnités dévolu à la majorité est de 28 870 € en progression de 12,8 % par rapport à 2006.

Les 9 élus de l’opposition reçoivent au total 1 350 €, c’est-à-dire 32,13 % de moins qu’en 2006.

J’en conclus que : la majorité mérite d’être motivée, tandis que l’opposition doit être muselée.


L’évolution de la structure des indemnités : vers l’inégale équité !

L’écart se creuse entre la plus forte indemnité (celle du maire) et celle du conseiller municipal de base : en 2006, l’indemnité du maire représentait 21 fois celle du conseiller municipal, en 2008 le rapport est de 22,8.

Au sein de la majorité, si l’on exclut l’indemnité du maire, on constate que les disparités entre le montant des indemnités individuelles se sont nettement accrues depuis 2006. Le rapport entre la plus forte indemnité (celle du 1er adjoint) et la plus faible est passé de 7,5 en 2006 à 15 en 2008.

Comment expliquer cette discrimination ?

Deux interprétations nous semblent possibles. La nouvelle grille des indemnités peut être vue comme :

- Soit un « tableau d’honneur » des compétences et de leur reconnaissance monétaire ;

- Soit un « tableau d’honneur » des récompenses pour services rendus pendant la campagne électorale.

Pour exemple : quelle que soit l’interprétation retenue, on s’aperçoit que l’indemnité du 1er adjoint a été augmentée de plus de 80 %, tandis que l’indemnité du 7ème adjoint a été réduite de 23 % et celle du 14ème adjoint a été minorée de 41 %.

Je laisse aux membres éminents du Conseil municipal, le soin de choisir l’interprétation du « tableau d’honneur » qu’ils jugent la plus pertinente.

En conclusion, nous élus de gauche, nous savons qu’être dans l’opposition ne paie pas, mais cela ne nous empêchera pas de poursuivre notre action, sans compter notre temps et notre énergie, pour défendre les intérêts des Talençaises et des Talençais.



vendredi 4 avril 2008

À votre santé !


La Mairie de Talence a accordé un marché à un fournisseur de champagne. Ledit marché comporte une fourchette d’achats chiffrée en montants hors taxes : 3000 euros au minimum et 10 000 au maximum.

Lors du conseil municipal du 3 avril 2008, le Maire a informé ses collègues du montant « estimé » de la dépense de champagne pour cette année : 8 690,40 € hors taxes c'est-à-dire 10 393€ TTC.

En cas de surconsommation, cette somme pourra être revue à la hausse jusqu’au plafond de 10 000 € HT.

Le montant de la consommation estimée (8 690,40 € HT) correspond à 764 bouteilles ou encore 5,73 hectolitres.

Au pire (ou au meilleur pour les consommateurs), cette consommation pourrait atteindre (10 000 € HT) 879 bouteilles c'est-à-dire 6,59 hectolitres.

Comme tous les vins, le champagne est à consommer avec modération, Tchin !!!


Commentaires sur les orientations budgétaires

[Conseil municipal du 3 avril 2008]


Dans mon intervention, je vais envisager d’une part, les résultats de l’exercice budgétaire 2007 et d’autre part, les prévisions (relativement peu précises) pour 2008. Je conclurais en montrant que le budget fait tomber le masque de l’apolitisme revendiqué par la droite pendant la campagne électorale.


Les résultats 2007 :

Tous les indicateurs comptables et financiers se sont dégradés en 2007 par rapport à 2006. Les raisons de cette dégradation sont simples :
- Une forte augmentation des dépenses de fonctionnement (+ 8,98 %)
- Une plus faible croissance des recettes (+ 1,83%)


Lorsqu’on dépense plus qu’on ne gagne, il faut s’endetter. D’ailleurs la dette de la commune a encore augmenté de façon significative : + 12,7% en 2007, malgré une baisse de l’investissement de 36%.


Les dépenses : Pour justifier l’augmentation significative des dépenses, le rapport met en lumière de la subvention du CCAS (+ 26%) (période préélectorale) mais cette augmentation n’explique que pour une faible part la dérive des dépenses (1,7 point de la croissance globale des dépenses de fonctionnement qui a atteint presque 9% ). 18,6% de la croissance des dépenses de fonctionnement. Les raisons de la dérive des dépenses sont à rechercher ailleurs. Par exemple, les frais de personnel en croissance de 8,7 %. Quelles sont les raisons de cette augmentation importante des dépenses de personnel : l’augmentation des rémunérations, le recrutement de nouveaux personnels ?


Les recettes ne progressent que de 1,83%. Le rapport a beau jeu de mettre en avant la faible augmentation de la dotation globale de fonctionnement versée par l’État (1,35%), mais le produit des impôts locaux ne progresse que de 2,12%. On peut s’interroger sur la faible progression du produit fiscal essentiellement assis sur la taxe d’habitation et sur la taxe foncière qui représentent 56 % des recettes.


L’épargne d’exploitation se dégrade fortement, quasiment - 60%.
Il en est de même pour l’épargne brute. L’épargne nette ou capacité d’autofinancement des dépenses d’équipement est passée de 2,300 millions d’euros en 2006 à – 117 200 € en 2007 (- 106%).


On le voit, la capacité d’autofinancement des investissements est devenue négative ce qui veut dire que, toutes choses étant égales par ailleurs, les nouveaux investissements devront être financés quasi exclusivement par l’emprunt.


Conséquence de cette situation une augmentation de la dette (+10%), malgré une baisse significative des investissements (- 36%) en 2007.


Au total, le budget de l’année 2007 peut être interprété comme un budget préélectoral démagogique, voire clientéliste par certains côtés, qui obère l’avenir des finances de notre ville et laisse présager une augmentation continue des impôts locaux.


Les perspectives 2008 :

Pour 2008, les élections sont terminées le budget ne subit pas d’inflexion notable sauf, peut-être en ce qui concerne les dépenses sociales qui ne constituent plus une priorité, comme l’année précédente (préélectorale).

Selon les prévisions, les recettes attendues seraient en augmentation de 1,85%

Le rapport stipule : les « dépenses de fonctionnement seront reconduites à l’identique de 2007 », Qu’est-ce à dire ? Le montant sera-t-il identique à celui de 2007 ? Vraisemblablement pas, car ledit rapport indique que les dépenses de personnel (hors recrutement) devraient augmenter de 7,68 %. Par contre, à l’instar de la subvention au CCAS dont le montant reste identique à celui de 2007, les dépenses sociales semblent stagner. A Pessac, par exemple, la subvention municipale au CCAS augmente en moyenne de 4 à 5% par an. On peut déduire des chiffres du rapport que certaines dépenses seront reconduites à l’identique (les dépenses sociales), tandis que d’autres seront augmentées.
Le rapport nous présente ensuite une série d’investissements programmés mais reste évasif sur le financement (il se réfère à une capacité d’autofinancement problématique).

Au total, on peut penser que 2008 sera marquée par un déficit de ressources qu’une inéluctable augmentation des impôts locaux tentera de compenser. Cette augmentation prévisible de la fiscalité est, bien sûr, en totale contradiction avec vos promesses électorales. Nous attendons avec impatience le budget supplémentaire qui devrait, à moins de recourir de façon abusive à l’endettement, confirmer nos prévisions.


En conclusion : le budget fait tomber le masque de l’apolitisme

Pendant la campagne, on a voulu faire croire au Talençaises et Talençais que la gestion d’une ville pouvait se faire de façon apolitique.

En matière budgétaire, l’apolitisme repose sur l’idée qu’il existerait des règles (des recettes) de gestion, consensuelles et universellement reconnues.

Ces règles semblent directement issues du « sens commun » : ne pas dépenser plus qu’on ne gagne, ne pas emprunter au-delà de sa capacité future de remboursement, ne pas « décourager » voire « réprimer » l’initiative privée créatrice de valeur… Si bien que l’exécution du budget serait politiquement neutre.

Tout cela est faux, le budget est un instrument éminemment politique. Il reflète l’appartenance politique de l’équipe dirigeante. C’est le cas à Talence où la municipalité de droite reproduit dans le microcosme local la politique sarkoziste menée au niveau national.

Sarkozy fait des cadeaux fiscaux aux riches (18 milliards d’euros) et ce faisant il organise la pénurie des ressources budgétaires.

Notre Maire fait des cadeaux fiscaux aux riches promoteurs immobiliers, grâce aux résidences hôtelières qui, dans leur majorité, ne paient pas la taxe d’habitation, et ce faisant, il assèche les ressources budgétaires.

Après les cadeaux aux riches, Sarkozy nous dit que « les caisses sont vides », qu’il faut diminuer les prestations sociales, qu’il faut payer des franchises médicales, etc… Bref, que la plus grande partie de la population mette la main à la poche pour payer les cadeaux aux riches.

Notre Maire va nous dire qu’on ne peut augmenter les dépenses sociales (CCAS) et de solidarité, qu’on ne peut réaliser des investissements sociaux… parce que les recettes budgétaires sont insuffisantes… il faut donc augmenter les impôts locaux. Les contribuables devront à nouveau mettre la main à la poche pour payer ce que d’autres (les spéculateurs) ne paient pas.

Prendre aux moins riches pour donner aux plus riches, c’est une politique de droite qui est conduite à Peixotto comme à l’Elysée.



dimanche 30 mars 2008

Le budget fait tomber le masque de l’apolitisme

Au cours de la campagne des municipales, l’apolitisme a été de mise. Les élections sont terminées, les Maires sont élus et le vote du budget est imminent.

En matière budgétaire, l’apolitisme repose sur l’idée qu’il existerait des règles (des recettes) de gestion consensuelles et universellement reconnues.

Ces recettes semblent directement issues du « sens commun » : ne pas dépenser plus qu’on ne gagne, ne pas emprunter au-delà de sa capacité future de remboursement, ne pas « décourager » voire « réprimer » l’initiative privée créatrice de valeur… Si bien que l’exécution du budget serait politiquement neutre.

Tout cela est faux, le budget est un instrument éminemment politique. La démonstration s’avère simple.

Le budget comporte des recettes et des dépenses dont le volume et la structure ont des implications économiques et sociales qui nécessitent une décision politique qui transcende les pseudo recettes de gestion.

Les recettes : si l’on décide d’augmenter ou de diminuer la fiscalité, d’exonérer les riches, de taxer les revenus du travail ou du capital… on prend une décision politique ! Dans le même ordre d’idée, au niveau individuel, si je souhaite augmenter mon pouvoir d’achat : « travailler plus pour gagner plus » ou demander une augmentation de salaire au patron ne sont pas des démarches identiques et n’ont pas la même portée. Ma décision ne peut émaner de recettes pré-établies.

Les dépenses : si l’on décide d’augmenter ou de diminuer la dépense globale, de privilégier les dépenses sociales (assurance maladie, prestations diverses…) ou de les réduire, de financer des investissements collectifs… on prend encore une décision politique ! Au niveau individuel, les choix sont similaires : je peux décider, tout en respectant l’équilibre de mon budget, d’acheter un gros 4x4 hyper puissant (et hyper polluant) ou bien d’acheter un véhicule « propre » beaucoup moins onéreux et de consacrer la différence de prix au financement des « Restos du cœur ». Dans les deux cas, je respecte le « sens commun » des règles de gestion, mais les conséquences de ma dépense s’avèrent profondément différentes.

Le budget est donc un instrument politique. Il exprime des choix économiques, sociaux, écologiques…, bref, il n’est en aucun cas « apolitique » !


samedi 29 mars 2008

Le néolibéralisme et la société civile

Les élections municipales ont été caractérisées par la floraison de listes « apolitiques » intégrant, de façon plus ou moins importante, des membres de la Société Civile.

« La société civile est un terme ‘cultivé’ d’origine philosophique : il désigne chez Hegel la sphère où s’expriment les intérêts particuliers par opposition à celle de l'État qui représente l’Universel : ‘dans la société civile chacun est pour soi-même une fin, tout le reste n'est rien pour lui. Toutefois, sans relation avec un autre il ne peut pas atteindre sa fin ; les autres sont donc un moyen pour les fins du particulier’[1] ».

Ce concept ancien a été adapté et intégré dans l’analyse néolibérale essentiellement économiciste pour évacuer la dimension politique de la vie économique et sociale.

Pour les néolibéraux, « la société civile c’est la vie économique, sociale et culturelle des individus, des familles, des entreprises et des associations dans la mesure où elle se déroule en dehors de l'État et sans visée politique, en ignorant la double logique, idéologique et de souveraineté, de la vie politique, en recherchant par contre, soit la satisfactions des besoins ou des intérêts matériels, soit le soin des autres, la convivialité, le bonheur privé, l’épanouissement intellectuel ou spirituel[2] ». La société civile ainsi perçue comprend les entreprises privées à la recherche du profit et les composantes de la société essentiellement mues par le bénévolat.

La mise en avant de la société civile coïncide avec une critique de l’État « comme institution, stigmatisé comme inutile, corrompu, lourdement bureaucratique, budgétivore et donc condamné à céder le pas à l’initiative privée, au secteur informel, au dynamisme associatif et autres ‘grass roots organizations’ comme incarnation idéalisée de la société civile[3] ».

L’efficacité économique implique un désengagement de l’État au profit du marché (les entreprises privées) et du bénévolat. Les activités rentables (énergie, autoroutes, assurance sociale…) sont confiées au marché, tandis que le bénévolat prend en charge, partiellement ou totalement, à moindre coût les activités non rentables (restos du cœur…).

« L'idéalisme du volontariat et l’appât du profit s’articulent pour remplacer ‘efficacement’ les fonctions relatives à la citoyenneté sociale délaissées par l'État néolibéral[4] ».

Dans un contexte de réduction du périmètre de l’État, « ce modèle de société civile conduit à marginaliser l’action politique et à la limite à la considérer comme superflue[5] ». Néanmoins, il s’agit de réduire les compétences sociales de l’État au service de la population tout en poursuivant son intervention au service des intérêts des entreprises privées (en privatisant, en réduisant les charges des entreprises, en démantelant les dispositifs de protection sociale..).

La société civile devient un acteur social totalisant qui permet d’éviter de faire référence aux classes sociales (à la classe ouvrière…) et aux conflits qui les opposent. « On demande à la société civile qu'elle parle, qu'elle agisse, qu'elle définisse des orientations, qu'elle se manifeste comme si elle était un sujet ayant une existence réelle [6] ». Le recours à la société civile doit permettre, par le « dialogue », de dégager un « consensus » apte à résoudre les « problèmes » (car on ne parle plus de conflits). Il s’agit « d’une remise en question radicale des formes actuelles - et constitutionnelles - de la démocratie représentative et d’une véritable privatisation de la décision publique[7] ». Ainsi, la société civile s’insère dans le dispositif néolibéral d’autonomisation de l’économique et du social par rapport au politique.

La société civile présente aussi l’avantage de pouvoir être instrumentalisée. Il est possible de « choisir » les acteurs et les organisations (associations, collectifs,…) considérés comme les représentants de la société civile et légitimement habilités à parler et à agir en son nom.
En définitive, la société civile est un mot « magique » « qui, tout en estompant les cloisons entre public et privé, donne une impression d'approfondissement de la démocratie, tout en jetant aux orties le principe de souveraineté populaire[8] ».

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[1] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 27 mars 2008.
[2] Raphaël Canet, Réflexion croisée sur les concepts de société civile et de communauté politique, http://www.chaire-mcd.ca/publications/Note-2002-05-08-canet.pdf , consulté le 15 janvier 2004.
[3] http://www.gret.org/ressource/pdf/cooperer38.pdf consulté le 27 mars 2008.
[4] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 27 mars 2008.
[5] http://ged.u-bordeaux4.fr/ceddt101.pdf consulté le 27 mars 2008.
[6] http://www.wagne.net/ecovox/eco25/reperes1.htm consulté le 29 mars 2008.
[7] http://www.monde-diplomatique.fr/2001/06/CASSEN/15272 consulté le 29 mars 2008.
[8] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 29 mars 2008.