Révolution silencieuse : En route vers le boycott
Comme de nombreux
autres pays, la France est sous l’emprise d’un système d’exploitation piloté
par l’État profond[i]
(ou le gouvernement profond) au confluent d’un type de capitalisme associé à
une forme particulière de démocratie.
Capitalisme de « copinage » et démocratie des
« coquins »
Le système repose sur
une combinaison de capitalisme et de démocratie. D’une part, le capitalisme de
« copinage » organise la collusion entre acteurs privés et acteurs
publics en vue de créer et d’accaparer des rentes. D’autre part, la
pseudo-démocratie[ii]
caractérisée par un bipartisme de « connivence » a pour but de
« forcer » l’adhésion des masses populaires et des classes moyennes
au système. Capitalisme de copinage et pseudo-démocratie sont intimement
imbriqués et pilotés par l’État profond[iii].
La crise économique et sociale menace le système
Depuis une dizaine
d’années, la crise économique et sociale s’accentue. Le défaut de croissance
menace la distribution de rente car le gâteau à partager ne grandit plus, voire
se rétrécit. Dans ce contexte, il
devient de plus en plus difficile pour les gouvernants de satisfaire les
exigences de leurs sponsors tout en maintenant la paix sociale. En effet, les
impératifs de la distribution de rente aux sponsors impliquent notamment la
mise en œuvre de politiques de rigueur salariale, d’augmentation de la
fiscalité pour les classes moyennes et inférieures, de privatisation
d’entreprises et de secteurs publics rentables[iv]…
La contestation monte mais reste inefficace
Le mécontentement et
la contestation montent mais rien ne change. Le système est verrouillé par la
pseudo-démocratie du bipartisme de connivence. Nombreux sont ceux qui proposent
de réformer le fonctionnement de la démocratie. Changer la Constitution,
reconnaître le vote blanc, tirer au sort les représentants, exiger un mandat
unique… sont de bonnes idées qui n’ont aucune chance d’être mises en œuvre par
ceux qui seraient menacés par ces mesures. Dans le cadre institutionnel actuel,
il est vain d’espérer une refondation.
Pour une révolution non violente, au moins au départ
Certes, une
révolution violente, comme notre pays en a connu, serait en mesure d’abattre le
système mais probablement avec un coût humain très élevé. De plus, l’expérience
montre que les manifestations de masse (retraites en 2010), les pétitions, le
vote (référendum sur l’Europe en 2005)… restent sans effets. Enfin, peu de gens
sont prêts à descendre dans la rue les armes à la main ou encore à manifester
violemment.
Néanmoins, la
nécessité du changement implique une réflexion sur l’utilisation des degrés de
liberté existant encore pour la population. Du fait du flicage, de l’état
d’urgence, de l’apathie, du consumérisme… les marges de manœuvre se réduisent
toujours plus.
Malgré tout, il reste
certains domaines dans lesquels des actions sont susceptibles d’insérer des
grains de sable dans les rouages bien huilés du système et conduire à sa
paralysie, prélude à sa refondation.
D’une part, le
système économique, politique et social ne peut réellement fonctionner qu’avec
l’aide du bénévolat. L’arrêt des activités bénévoles apparaît en mesure de
générer rapidement des turbulences au sein de la société. Contrairement aux
manifestations de rue par exemple, les autorités ne pourront réprimer ces
actions.
D’autre part, les
dons constituent, dans certains domaines, un financement additionnel essentiel à
celui de l’État. Le tarissement de ces ressources dressera des obstacles à la
réalisation de projets sociétaux utiles et porteurs.
De plus, la consommation est une autre arme que les populations
maîtrisent encore. Le boycott,
la consommation sélective… constituent des grains de sable. Le pouvoir peut
aussi se trouver dans les rayons des magasins.
Enfin, des actions non
justiciables de désobéissance civile peuvent compléter le scénario de
destruction du système néo-féodal actuel.
Dans cet article, seuls
seront abordés les thèmes du bénévolat et du don.
Le bénévolat, une
composante vitale du système
Le terme bénévolat émane
du latin benevolus qui signifie bonne
volonté, venant de bene, bien et velle, vouloir. « Le bénévolat désigne une
activité de services envers
autrui, [effectuée] de son plein gré et sans rémunération. Les actions de bénévolat,
qui ne sont pas une simple adhésion, s’exercent en général dans le cadre d'une association, d’un syndicat ou d’une structure publique, éventuellement
dans une entreprise privée à vocation sociale »
[v].
« La loi ne définit
pas le bénévolat et c’est ce qui caractérise sa particulière souplesse. Cependant, le
Conseil économique, social et environnemental a précisé ce concept dans un avis
du 24 février 1993 : « est
bénévole toute personne qui s’engage librement pour mener une action non
salariée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et
familial »[vi].
« Le bénévolat est
un don de soi librement consenti et gratuit »[vii]. Il
en découle que le bénévolat ne peut être imposé et son absence ne peut être
réprimée.
La place du bénévolat en
France
« En 2016, 63% des
Français indiquent donner du temps [gratuitement] ou l’avoir déjà fait ! »,
« tous cadres d’engagement confondus[viii] ».
En effet, cette année-là près de 20,5
millions de personnes ont donné du temps à travers le bénévolat associatif (13,197 millions), le bénévolat dans d’autres organisations (4,410 millions) et le bénévolat direct ou informel (8,302 millions)[ix].
Les bénévoles sont les
plus nombreux dans le secteur associatif mais ils représentent seulement la
moitié (51%) de l’effectif total.
Ainsi, le bénévolat
touche une part importante de la population et il s’exerce dans de nombreux
domaines.
Le
bénévolat par secteur
En
2016, le bénévolat représentait une part significative des ressources humaines dans
une large palette de secteurs : social caritatif (27%), sport (24%),
loisirs (21%), jeunesse éducation populaire (18%), culture (17%), environnement
(9%), santé, recherche médicale, aide aux malades (8%), solidarité
internationale (7%), formation, emploi, insertion économique (7%), autres (16%)[x].
En
réalité, le fonctionnement de nombreux secteurs de la vie sociale est tributaire
du bénévolat.
Le
bénévolat associatif
Le domaine associatif
mobilise la majeure part des bénévoles. « On estime à
1 300 000 le nombre
d’associations actives en France et […] plus de 21 millions de personnes,
résidant en ménages ordinaires en France métropolitaine, ont déclaré être
membres d’au moins une association[xi] ». « Seulement
12 % des associations emploient des salariés, le plus souvent un ou
deux[xii] ».
C’est-à-dire que 88 pour cent des associations (9 associations sur dix) fonctionnent
uniquement sur la base du bénévolat.
« Les bénévoles interviennent
dans l’ensemble des domaines d’activité et dans la quasi-totalité des
associations, même employeuses. Le volume de travail qu'ils y consacrent
correspondrait à 680 000 emplois en équivalent temps plein[xiii] ».
Il apparaît que le système associatif repose quasi exclusivement sur le
bénévolat.
Les associations « interviennent
principalement dans quatre domaines : le sport, les loisirs, la culture et
la défense de causes, de droits ou d’intérêts[xiv] ».
Les
autorités politiques reconnaissent le rôle essentiel des associations : « La
vie associative constitue une immense richesse pour notre société, en terme de valeurs
comme en terme d’actions concrètes. La vie associative est le lieu de
l'engagement désintéressé, de la solidarité, du lien social, du dépassement de
soi. Elle est indispensable au bon fonctionnement de notre société, souvent
elle opère d’ailleurs des missions essentielles de service public[xv] ».
Arrêter le
bénévolat
Etant
donnée l’importance de l’activité bénévole dans le fonctionnement du système
social, économique et politique, stopper le bénévolat apparaît en mesure de désorganiser
et de paralyser rapidement tant le capitalisme de connivence que la démocratie
du même nom. En effet, le bénévolat représente du travail gratuit (dévalorisé)
qui permet, en revanche, de valoriser d’autres composantes du capitalisme de
connivence. Supprimer cette gratuité bloquera certains rouages du système qui
implosera d’autant plus rapidement que ses ressources financières gratuites seront
taries.
Le don, un élément
essentiel à la bonne marche du système
En
2015, malgré la morosité ambiante, « les Français ont donné 4% de plus
qu’en 2014 (entre 4,4 et 4,6 milliards d’euros)[xvi] ».
Cette même année, « plus de 5,5 millions de foyers fiscaux ont déclaré à
l’administration fiscale des montants de près de 2,5 milliards d’euros,
supérieurs de 3,7% par rapport à 2014 […] le bilan annuel moyen des dons
déclarés par les foyers imposables a ainsi augmenté de 6,2%, en 2015,
s’établissant à 463 euros[xvii] ».
Le
montant des dons apparaît significatif et lesdits dons s’avèrent indispensables
dans de nombreux domaines qui devraient relever de la solidarité nationale par
le biais de la dépense publique au lieu de la charité privée.
Le bilan
de l’étude sur la générosité des français[xviii]
En
2015, 1,2704 milliard d’euros ont été collectés par 145 associations[xix]
et fondations œuvrant dans les secteurs suivants : (i) aide sociale
en France (457,9 millions) ; (ii) aide à la recherche médicale (236
millions) ; (iii) Organisations de solidarité internationale (OSI) - santé
(173,9 millions) ; (iv) aide aux personnes atteintes de maladie ou de
handicap (138,1 millions) ; (v) organisations de solidarité internationale
(OSI) – enfance (133 millions) ; (vi) organisations de solidarité
internationale (OSI) – développement (98,7 millions) ; (vii) environnement
(32,8 millions).
Les
dons à l’église catholique et à l’église protestante unie de France
L’étude
révèle qu’en 2015, les dons aux associations diocésaines (catholiques) s’élèvent
à près de 477 millions d’euros tandis que l’église protestante a collecté 24,63
millions d’euros.
Les dons aux partis
politiques
« En 2015, année
des [élections] départementales (mars) et des régionales (décembre) les
montants [des dons] déclarés se sont élevés à 94 millions d’euros, en baisse de
13% par rapport à l’année 2014, comportant les municipales (mars) et les
européennes (mai). Le nombre de foyers déclarant un don aux partis politiques
est de 327 000, lui aussi en baisse de 14% par rapport à 2014[xx] ».
La baisse de la collecte des partis politiques s’explique peut-être par la
défiance croissante de la population vis-à-vis de la classe politique.
Ne plus
donner
Tarir
une source de financement des activités sociales et politiques que les
gouvernements devraient financer, mais ne le font pas pour ne pas amputer les
profits de leur sponsors, est en mesure d’insérer des grains de sable dans les
rouages bien huilés de l’appareil d’exploitation et de contrainte au service du
capitalisme de connivence qui gère la démocratie des copains et des coquins..
Le boycott
du bénévolat et du don est un acte éminemment politique
Cesser tout
bénévolat, stopper les dons seront des démarches vilipendées par le
système et par ses agents sous le prétexte majeur qu’elles seraient la
résultante d’un défaut de générosité lourd de conséquences notamment sur le
plan social.
Il est vrai que le
boycott du bénévolat et des dons produira des effets collatéraux indésirables
notamment sur des populations vulnérables. Néanmoins, depuis des décennies, la
mise en œuvre de politiques néolibérales de casse sociale, de destruction des services
publics… a eu des effets autrement plus néfastes sur l’ensemble de la société. Si
nous voulons changer le système, il faut faire table rase pour reconstruire car
les fondations sont pourries.
Dans
ce contexte, cesser le bénévolat au service du système, ne plus donner pour
alimenter ledit système ne sont pas des signes d’un manque de générosité mais,
dans le contexte actuel, des actes de courage pleinement politiques[xxi].
Profiter
du boycott pour amorcer la reconstruction grâce aux bénévoles et aux généreux
donateurs
« La
diversité des profils des bénévoles se traduit par la pluralité des raisons
données par les bénévoles eux-mêmes pour expliquer leur engagement. Des motivations diverses peuvent
ainsi se croiser : d’un côté, la recherche d’un épanouissement personnel grâce
à de nouveaux contacts sociaux, à des acquisitions de connaissances ou à
l’utilisation de compétences que l’on veut faire fructifier ; de l'autre, des
motivations altruistes, telles que la défense d’une cause ou la volonté de donner du sens à sa vie en
rendant le monde meilleur[xxii] ».
Le
boycott du bénévolat pourrait « frustrer » de nombreux bénévoles et
donateurs. Le processus de reconstruction de la démocratie pourrait faire appel
aux bénévoles désœuvrés ainsi qu’aux donateurs dépourvus.
En
effet, bâtir un nouveau système démocratique implique une démarche de la base
vers le haut afin de recueillir les aspirations des populations dont l’issue
pourrait se traduire par une nouvelle Constitution. Dans ce cadre, les
bénévoles auraient un rôle primordial à jouer dans l’ensemble du processus
allant de la collecte des « doléances » au niveau local jusqu’à la
synthèse finale. Le processus pourrait bénéficier d’un financement de la part
de généreux donateurs désintéressés.
Il
ne s’agit pas ici de présenter les scénarios possibles car le sujet de la
refondation démocratique fera l’objet de nouvelles publications.
[i] A propos de l’État profond, voir Peter
Dale Scott, L’État profond américain. La
finance, le pétrole et la guerre perpétuelle, Plogastel Saint-Germain,
Éditions Demi-Lune, 2015. « Le gouvernement profond part du principe qu’il
n’existe pas un « État dans l’État », qui agirait à l’insu des
citoyens. Il suggère plutôt l’idée que les décisions, dans nos démocraties,
sont prises selon des processus complexes, informels, non structurés, mais
capables d’orienter les décisions officielles ou de se substituer à elles. Le
principe du gouvernement profond est de confier la conduite de la société à une
élite qui dispose des moyens d’exercer une influence déterminante sur les
décisions collectives. »
En savoir plus sur http://reseauinternational.net/quappelle-t-on-le-gouvernement-profond/#MId6cdxudBJlRyfG.99 Les notions d’État profond et de gouvernement profond sont assez proches, l’une étant plus formelle que l’autre, mais le résultat reste identique.
En savoir plus sur http://reseauinternational.net/quappelle-t-on-le-gouvernement-profond/#MId6cdxudBJlRyfG.99 Les notions d’État profond et de gouvernement profond sont assez proches, l’une étant plus formelle que l’autre, mais le résultat reste identique.
[ii] Bernard Conte, « Le
néolibéralisme et l’illusion démocratique », Le Grand Soir, 6 novembre 2011, http://www.legrandsoir.info/le-neoliberalisme-et-l-illusion-democratique.html
[iii] Lire : Bernard Conte, « La démocratie de connivence
et l’anéantissement de la France », https://www.legrandsoir.info/la-democratie-de-connivence-et-l-aneantissement-de-la-france.html
[iv] Lire : Bernard Conte, « Le dualisme des
saigneurs », http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3469
[vii] Idem.
[viii] La
France bénévole en 2016, http://www.recherches-solidarites.org/media/uploads/la-france-benevole-2016.pdf
[ix] La somme des personnes bénévoles
engagées dans des cadres différents est supérieure au total de 20,5 millions en
raison des engagements pluriels.
[x] Les pourcentages concernent le « taux
d’engagement » : « cette notion, utilisée couramment par France Bénévolat, est le pourcentage de
personnes qui donnent leur temps par rapport à la totalité de la population
concernée », L’évolution de
l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2016, http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/ENQUETE_Evol_benevolat_associatif_en_2016_vDEF.pdf
[xi] Idem, chiffres afférents à 2013.
[xiii] Idem
[xv]
Muriel Marland-Militello,
Livre blanc parlementaire, Libérer les
générosités associatives, Assemblée nationale, juin 2012, p. 98.
[xvi] Cécile Bazin, Marie Duros et Jacques Malet,
La générosité des français, 21ème
édition, novembre 2016, http://www.associations.gouv.fr/la-generosite-des-francais-edition-2016.html
[xvii] Idem.
[xviii] Idem p.11, « Cette analyse s’appuie sur les montants de
collecte des particuliers, hors legs, de 171 associations et fondations, ainsi
que sur les collectes de l’Eglise catholique et de l’Eglise Protestante Unie de
France, présentées séparément. Ensemble, ces montants représentent plus de 1,86
milliard d’euros, soit un peu plus de 40% du montant total estimé de la
collecte en France, hors dons de la main à la main. »
[xix] « 145 associations ou fondations, les autres
organismes ne formant pas des ensembles homogènes suffisants pour constituer un
secteur d’observation », La générosité des français, doc. cité.
[xx] La générosité des français, doc. cit.
p.32.
[xxi] Il serait éventuellement possible de
discriminer parmi les secteurs à boycotter en fonction de certains critères à
définir.
[xxii] Les motivations de bénévoles, https://www.associatheque.fr/fr/guides/benevolat/fondements/motivation-benevoles.html
Excellent ! Pour bien montrer le mouvement de contestation, il faudrait, de plus, que les bénévoles cessant leurs actions se regroupent quotidiennement, aux temps et heures prévus pour leurs actions bénévoles, en un lieu unique, proche d'une Mairie : Parc Peixotto à Talence, Place Pey-Berland à Bordeaux ...
RépondreSupprimerAbsolument d'accord. Si Macron passe nous devons boycotter le système. C'est ESSENTIEL
RépondreSupprimerJe crois que c'est une bonne chose de tenter le boycott, toutefois il faudrait un nombre extraordinaire de personnes qui veuillent le pratiquer pour qu'il y ait un résultat probant, ce qui me paraît très improbable. Une grève générale illimitée comme celle de Mai 68 fût très efficace puisqu'elle obligea Degaulle à demander l'aide à l'URSS, arguant que les accords de Yalta qui partageaient le monde entre l'URSS et les USA avaient attribué la France aux USA. Les Russes ne purent qu'en convenir et le PCF obéissant remit la France au travail l'aide de la CGT à la botte du PCF. Après 1989 le PCF et la CGT n'ont plus la pression de l'URSS.
RépondreSupprimerJe préfère donc croire à l'heure actuelle à une convergence des luttes de toutes les organisations et personnes ayant la volonté de détruire le capitalisme, y inclus par le boycott.
L'idée du boycott du bénévolat et du don charitable est géniale. Le travail du SPF dans le 93 en ce moment est déterminant pour que les gens ne meurent pas de faim. Pareil pour le Secours Catho ailleurs. Il va falloir les convaincre. Et puis nous tous, qui donnons Un euro par-ci, par-là, à la vieille femme sans retraite. Comme dit Coluche:"Salauds de pauvres". On connait la misère donc on partage. Une vraie révolution dans les mentalités! Mais je crois que ça peut marcher avec des bons mots d'ordre: Manger un jour ou manger toujours par exemple
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