Hier, en allant promener mon chien (dont je ramasse les excréments, car je suis un maître responsable), je suis retombé sur Marcel d’Ambyvalance.
Le sentant très disposé à converser, j’ai proposé à Marcel de prendre un café (accompagné d’un verre d’eau) à la terrasse de chez Georgette.
Après avoir longuement disserté sur le climat qui se réchauffe tout en se refroidissant, Marcel a abordé le fonctionnement du Conseil de la ville d’Ambyvalance présidé par Anizé Bonhapéraud.
Le sport préféré du Conseil de la ville (pratiqué quotidiennement) est le vote de motions ou de bœux (ce sont comme des vœux, mais ça commence par un b). Ces bœux concernent des sujets divers et font l’objet d’un consensus entre la majorité et l’opposition.
Devant mon étonnement, Marcel m’a donné un exemple que je reprends dans son intégralité.
L’opposition, censée représenter les « petites gens », les salariés, les exploités… avait proposé au Conseil de la ville le bœu suivant :
« Il faut interdire aux capitalistes, qui font d’énormes bénéfices sur le dos des salariés, de licencier leur personnel pour augmenter encore leurs profits ».
La majorité, émanation des intérêts des puissants, ne pouvait tolérer un tel texte jugé, en privé, « révolutionnaire ».
Pour aboutir à un consensus acceptable par les deux parties, de longues négociations ont été nécessaires (notamment plusieurs séances de nuit).
Le bœu consensuel adopté à l’unanimité du Conseil est le suivant :
« Les entreprises réalisent des bénéfices, justifiés par la prise de risques, qui leur permettent d’investir pour accroître la richesse de notre pays. Ces entreprises ne devraient licencier du personnel qu’en dernier recours, après avoir envisagé toutes les possibilités à travers une large concertation entre toutes les parties prenantes, et en ayant pris soin de proposer, pour chaque personne touchée par la restructuration, une démarche d’accompagnement social dans le cadre des dispositifs publics ».
A l’issue du vote, la majorité s’est congratulée pour avoir vidé de son sens la proposition initiale de l’opposition, tout en donnant l’impression aux électeurs de faire du « social ».
L’opposition, quant à elle, a largement communiqué en direction des salariés en leur présentant ce bœu comme un premier pas vers la satisfaction de leurs revendications. Un petit pas, certes, mais qui, ajouté à un autre, arrive à faire un grand pas en avant (surtout lorsqu’on est au bord du gouffre).
Avant tout, ces bœux servent conjointement les intérêts des élus de la majorité et ceux de l’opposition. La classe politique a compris (bien avant Sarkozy) l’importance de la communication : il faut, à tout prix, s’exprimer sur n’importe quel sujet, s’agiter, brasser de l’air… pour montrer à la population (en fait aux électeurs) qu’on est sensible à ses préoccupations et qu'on "agit".
Commentaire d’un licencié : « ils nous prennent pour des bœufs, cette motion n’est qu’un grand coup d’épée dans l’eau, qu’un pet de nonne, qu’une mascarade… je suis dégoûté par la classe politique ».
Le sentant très disposé à converser, j’ai proposé à Marcel de prendre un café (accompagné d’un verre d’eau) à la terrasse de chez Georgette.
Après avoir longuement disserté sur le climat qui se réchauffe tout en se refroidissant, Marcel a abordé le fonctionnement du Conseil de la ville d’Ambyvalance présidé par Anizé Bonhapéraud.
Le sport préféré du Conseil de la ville (pratiqué quotidiennement) est le vote de motions ou de bœux (ce sont comme des vœux, mais ça commence par un b). Ces bœux concernent des sujets divers et font l’objet d’un consensus entre la majorité et l’opposition.
Devant mon étonnement, Marcel m’a donné un exemple que je reprends dans son intégralité.
L’opposition, censée représenter les « petites gens », les salariés, les exploités… avait proposé au Conseil de la ville le bœu suivant :
« Il faut interdire aux capitalistes, qui font d’énormes bénéfices sur le dos des salariés, de licencier leur personnel pour augmenter encore leurs profits ».
La majorité, émanation des intérêts des puissants, ne pouvait tolérer un tel texte jugé, en privé, « révolutionnaire ».
Pour aboutir à un consensus acceptable par les deux parties, de longues négociations ont été nécessaires (notamment plusieurs séances de nuit).
Le bœu consensuel adopté à l’unanimité du Conseil est le suivant :
« Les entreprises réalisent des bénéfices, justifiés par la prise de risques, qui leur permettent d’investir pour accroître la richesse de notre pays. Ces entreprises ne devraient licencier du personnel qu’en dernier recours, après avoir envisagé toutes les possibilités à travers une large concertation entre toutes les parties prenantes, et en ayant pris soin de proposer, pour chaque personne touchée par la restructuration, une démarche d’accompagnement social dans le cadre des dispositifs publics ».
A l’issue du vote, la majorité s’est congratulée pour avoir vidé de son sens la proposition initiale de l’opposition, tout en donnant l’impression aux électeurs de faire du « social ».
L’opposition, quant à elle, a largement communiqué en direction des salariés en leur présentant ce bœu comme un premier pas vers la satisfaction de leurs revendications. Un petit pas, certes, mais qui, ajouté à un autre, arrive à faire un grand pas en avant (surtout lorsqu’on est au bord du gouffre).
Avant tout, ces bœux servent conjointement les intérêts des élus de la majorité et ceux de l’opposition. La classe politique a compris (bien avant Sarkozy) l’importance de la communication : il faut, à tout prix, s’exprimer sur n’importe quel sujet, s’agiter, brasser de l’air… pour montrer à la population (en fait aux électeurs) qu’on est sensible à ses préoccupations et qu'on "agit".
Commentaire d’un licencié : « ils nous prennent pour des bœufs, cette motion n’est qu’un grand coup d’épée dans l’eau, qu’un pet de nonne, qu’une mascarade… je suis dégoûté par la classe politique ».
That’s all folks !…
(Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite)…
(Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite)…
Je fais le boeu que cela n'arrive jamais chez nous,
RépondreSupprimeret je suis du même avis que le licencié : ils nous prennent pour des boeufs !!
Mais a force de réagir autrement que par des souhaits, et non des actions concrètes, ne leur en donnons nous pas l'impression ?