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mercredi 29 juillet 2015

La Tiers-Mondialisation (4)

Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (4)

Le Nord (L'Europe)... est sous la contrainte de l'ajustement néolibéral des structures imposé par la finance internationale. Cet ajustement a pour objectif de polariser la société en laminant notamment les classes moyennes. Il vise à enrichir les vrais riches et à paupériser tous les autres. L'ajustement néolibéral c'est l'instauration de l'apartheid social...


Avec plus de néolibéralisme et moins de démocratie
            Le traitement de la crise en Europe révèle la stratégie adoptée par l’oligarchie.  Elle consiste à insuffler une dose supplémentaire de néolibéralisme pour tenter de prolonger l’agonie rémunératrice du capitalisme financiarisé. Mais, pour créer de nouvelles rentes, notamment par la privatisation, pour maximiser leur montant, pour les mobiliser et sécuriser leur paiement, il faut inscrire les procédures dans le droit et même les graver dans la loi fondamentale qu’est la Constitution. C’est ce que propose  l’ordolibéralisme[1]. En Europe, parallèlement à l’approfondissement de la crise, on assiste à un emballement ordolibéral avec, par exemple, la volonté d’inscrire la « règle d’or » budgétaire dans les constitutions nationales et celle d’adopter un nouveau traité européen plus « ambitieux » dans l’imposition du néolibéralisme et plus strict dans l’application de sanctions, toujours plus rigoureuses, en cas de manquements à la règle.
            Pour la finance, cette dynamique présente un intérêt certain. D’une part, elle institutionnalise la mise à la diète de la population et son exploitation par le biais de la dette. De plus, d’une certaine manière, l’arsenal règlementaire constitue une assurance contre les défauts de paiement[2]. D’autre part, l’ordolibéralisme « force » l’appropriation des réformes[3] en les incrustant dans le droit. Il permet aussi aux élites politiques complices de s’abriter derrière la loi pour dégager une part de leur responsabilité dans la mise en oeuvre des politiques néolibérales. Lesdites élites peuvent même user de démagogie électoraliste en tenant un discours critique vis-à-vis des règles « imposées » dont elles ont facilité l’adoption.
Au final, c’est la démocratie qui en pâtit en devenant de plus en plus virtuelle[4].  En effet, le dispositif ordolibéral, qui instrumentalise le principe de subsidiarité cher à Saint Thomas d’Aquin, réduit l’éventail des choix politiques par l’encadrement et la dilution du pouvoir de l’État central. Ainsi, les populations n’ont plus d’emprise réelle sur l’économique et le social quel que soit leur vote. Comme les régimes politiques tendent vers un bipartisme aux programmes convergents, et que l’oligarchie contrôle les partis politiques susceptibles de gouverner, la démocratie cède progressivement la place à une sorte de néo-féodalisme.
Dans ces conditions, il est évident que le programme d’intensification du néolibéralisme ne sera pas en mesure de résoudre la crise actuelle, qui n’est pas conjoncturelle, mais systémique.

Mais la crise est systémique
La crise globale actuelle est l’aboutissement inéluctable de la crise du fordisme, dont les prémices sont apparues dès la fin des années 1960, et qui s’est brusquement matérialisée à partir du premier choc pétrolier de 1973. Le fordisme repose sur le couplage de la consommation de masse et de la production de masse[5]. Pour dépasser la crise de la baisse des profits, le système capitaliste a évolué en procédant au découplage géographique de la production et de la consommation. La délocalisation des productions, vers des zones à bas salaires, permettant de réduire les coûts et de rehausser les profits. Mais cette mutation a brisé le fragile équilibre du système en transférant une part croissante de la valeur ajoutée du facteur travail vers le capital. Ainsi, dans les zones géographiques de consommation de masse, du fait de la réduction (ou de la moindre augmentation) du pouvoir d’achat, la demande ne pouvait que se réduire, amorçant une crise de surproduction. Cette tendance a été contrecarrée par un développement exponentiel du crédit. C’est sur la base d’un endettement « fuite en avant » suicidaire que la croissance a pu être maintenue jusqu’à l’implosion récente qui marque les limites extrêmes du fordisme.




[1] Sur l’ordolibéralisme, voir les chapitres 1 et 6.
[2] Cela répond au même souci d’assurance contre les incidents de remboursement de crédit que les credit default swaps (CDS) largement mis en cause dans l’origine de la crise actuelle de la dette.
[3] Dans les pays du Sud, les institutions financières internationales ont pointé la nécessité de l’appropriation (ownership), par les populations, des réformes néolibérales afin qu’elles réussissent.
[4] Cf. infra, chapitre 6 et Bernard Conte, « Le néolibéralisme et l’illusion démocratique », Le  Grand Soir, 6 novembre 2011,  http://www.legrandsoir.info/le-neoliberalisme-et-l-illusion-democratique.html  - consulté le 6/01/2012.
[5] Cf. infra, chapitre 2.


Le Quantitative Easing, c'est quoi ?

Le Quantitative Easing, c'est quoi ?



Comment fonctionne le Quantitative Easing? Mis en pratique par la BCE depuis janvier 2015 et inspiré de ce qu’ont fait avant elle les Banque du Japon, d’Angleterre ou la FED, pour une banque centrale, pratiquer le QE, signifie de racheter massivement des titres de dette publics et privés auprès des banques, des compagnies d’assurances et d’autres fonds d’investissement...



jeudi 23 juillet 2015

Le taux de chômage des immigrés en France

 Article repris du site de l’Observatoire des inégalités », LIEN


12 mai 2015 - Près d’un cinquième des immigrés actifs sont au chômage, contre 9 % des Français nés en France.

17,2 % des immigrés [1] actifs sont au chômage contre 9 % des Français nés en France, selon l’Insee (données 2013). Le taux atteint 21,2 % pour les actifs non-ressortissants de l’Union européenne.
Cet écart est d’abord lié au diplôme : les immigrés sont en moyenne moins qualifiés que les personnes nées en France. Dans notre pays, le titre scolaire compte plus qu’ailleurs pour trouver un emploi. En 2013, 45,3 % des immigrés de 15 à 64 ans disposent au maximum du brevet des collèges ou du certificat d’études primaire selon l’Insee, contre 28,1 % pour l’ensemble de la population vivant en France de cet âge.
Mais, comme le montre le ministère de l’Intérieur [2], à niveau de diplôme équivalent, le taux de chômage des immigrés demeure supérieur. 6,1 % des Français nés de parents français titulaires d’un bac sont au chômage, contre 18 % des immigrés non ressortissants de l’Union européenne, trois fois plus. Pour les titulaires d’une licence et plus, les chiffres sont respectivement de 4,7 % et 14,8 % (données 2011). Si les diplômes obtenus sont de même niveau, ils ne sont pas identiques : les enfants d’immigrés sont souvent orientés dans des filières dites « moins nobles », conduisant moins facilement à l’emploi [3]. Disposer d’un master de lettres modernes n’est pas équivalent à un diplôme d’ingénieur.
D’autres facteurs entrent en ligne de compte. Les immigrés ne disposent pas tous des mêmes réseaux de relations que les Français nés en France : rien de tel pour obtenir un poste que de connaître des personnes qui sont dans le même type d’univers professionnel. Or, les immigrés sont davantage représentés chez les ouvriers ou les employés. Les immigrés qui n’ont pas la nationalité française sont exclus d’environ 5,3 millions d’emplois (instituteur, policier, mais aussi architecte ou buraliste), un poste de travail sur cinq. Leur taux de chômage en est mécaniquement supérieur. Enfin, les immigrés subissent des discriminations. Elles restent plus difficiles à quantifier même si les opérations dites de testing prouvent leur existence. Leur impact sur le taux de chômage est moindre, mais elles sont ressenties de façon particulièrement violentes pour ceux qui les subissent.
Taux de chômage selon la nationalité et le sexe
Unité : %
HommesFemmesEnsemble
Français nés en France9,28,99,0
Immigrés17,017,517,2
- Dont ressortissants de l'Union européennens*ns7,4
- Dont non ressortissants de l'Union européenne20,721,921,2
Ensemble10,09,79,8
Union Européenne à 27 pays. * Non significatif.
Source : Insee - Enquête emploi- Données 2013 - © Observatoire des inégalités, France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus
Taux de chômage selon le diplôme et l'origine
Unité : %
Licence et plus Bac, BTS, DUT Brevet, CAP, BEP Sans diplôme 
Français de parents nés français4,76,18,914,1
Immigrés de l'Union européenne7,48,07,08,9
Immigrés hors Union européenne14,818,024,423,8
Source : ministère de l'Immigration - Données 2011 - © Observatoire des inégalités
Photo / © defun - Fotolia.com

Notes

[1Un immigré est une personne vivant en France, née étrangère hors de France, mais qui peut être de nationalité française. Un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité française (elle peut être née en France).
[2« L’insertion professionnelle des immigrés et de leurs descendants en 2011 », Infos migration n°48, janvier 2013.
Date de rédaction le 27 novembre 2011
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités 




mercredi 22 juillet 2015

La Tiers-Mondialisation (3)

Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (3)


 Le Nord (L'Europe)... est sous la contrainte de l'ajustement des structures néolibéral imposé par la finance.

Pour un ajustement « par le bas »…
            Tenus de mettre en oeuvre des programmes d’ajustement structurel similaires à ceux imposés aux pays du Sud, les pays du Nord vont subir un ajustement « par le bas ».
Pour dégager des marges de manœuvre budgétaires afin de faire face au service de la dette et pour, éventuellement, amorcer un processus de désendettement, il faut augmenter les recettes de l’État et diminuer ses dépenses, tout en suscitant la croissance économique. Mais, en phase de récession, l’austérité a des effets procycliques, dans le sens où elle ne fait qu’aggraver la situation. La rigueur se traduit par une baisse de la demande intérieure que ne peut pallier la hausse des exportations, ne serait-ce que parce que la crise est mondiale.
La déprime de la demande réduit la croissance, les rentrées fiscales… implique une réduction supplémentaire de la dépense publique qui, à son tour, affecte la demande[1]... De plus, étant donnée l’incapacité des gouvernements à réduire le déficit public, les agences de notation sévissent en dégradant la note du pays, ce qui renchérit l’accès au crédit, creuse à nouveau le déficit public et augmente le volume de la dette par un effet « boule de neige ». C’est le cercle vicieux de l’ajustement « par le bas » duquel, par exemple, la Grèce semble prisonnière.
Les néolibéraux ne se soucient guère de l’économie réelle, ni des dégâts sociaux, mais exclusivement de la situation financière, analysée du point de vue des créanciers. L’ajustement imposé est l’expression d’une « guerre financière - et les objectifs de cette conquête financière sont les mêmes que ceux des conquêtes militaires : d’abord s’emparer de la terre et des richesses du sous-sol sur lequel on exige le versement du tribut d’une rente, deuxièmement, des infrastructures publiques pour extraire une rente de leur coûts d’usage, et enfin de toutes entreprises ou actifs appartenant au domaine public[2] ».
Cette dynamique de prédation de la finance internationale peut engendrer des critiques, des oppositions, des désordres…

… Qui implique de maîtriser la critique et de canaliser les oppositions
Comme lors de la crise asiatique de 1997-1998[3], depuis le début de la crise bancaire de 2008, le capitalisme financiarisé est en danger. Des voix tentent de se faire entendre, des critiques fusent, des mouvements se créent, des populations contestent dans la rue, parfois violemment… La convergence de ces démarches pourrait déboucher sur une « révolution » fatale aux financiers et à leurs serviteurs.
Menacé, le système réagit. Tout d’abord, comme à l’habitude, les medias complices occultent toute critique ou remise en cause et mettent en avant le discours d’ardents défenseurs (pseudo experts, politiciens…) du capitalisme financiarisé. Ils nous disent : il ne se passe rien et, de toute manière, il n’y a pas d’alternative[4] ! Mais, notamment, Internet, les réseaux sociaux… diffusent l’information interdite et donnent la parole à la critique acerbe, ce qui rend, peu à peu, caduque la stratégie de « négation » en discréditant le discours  officiel. Lorsqu’il n’est plus possible de feindre d’ignorer, le système développe une stratégie à deux volets.
D’une part, on assiste à l’instrumentalisation et à la surmédiatisation d’une vague de critiques émanant de personnalités ayant été, à des degrés divers, impliquées dans la promotion, la défense ou la mise en œuvre de la mondialisation néolibérale.  Il s’agit de critiques « internes » de la part « d’insiders ». C’est ce qu’il s’est produit, après la crise asiatique, lorsque des personnalités comme Joseph Stiglitz, George Soros, Paul Krugman, Jeffrey Sachs… ont vivement dénoncé le « fondamentalisme du marché[5] ». La caractéristique commune de ces critiques était un soutien à l’économie de marché (plus ou moins nuancé), la certitude que la mondialisation est souhaitable mais que sa mise en œuvre a été parfois problématique. En fait, derrière une rhétorique parfois virulente, se cachent quelques maigres propositions d’aménagement réel du système. Il en est pour preuve que, dix années après l’Asie, et malgré les discours des insiders[6] et leurs propositions de réforme, nous sommes entrés dans une crise encore plus grave. Il s’agit, avant tout, en agitant les marionnettes des insiders, d’entonner le chant des sirènes dans le but de séduire les populations afin de sauver le capitalisme financiarisé[7].
D’autre part, il faut canaliser et désamorcer toute révolte latente. Au Nord, le danger peut émaner des jeunes « sans avenir » et des classes moyennes en cours d’euthanasie. En conséquence, il est nécessaire de neutraliser les mouvements spontanés et de favoriser l’apparition et la médiatisation de groupements réellement inoffensifs pour le système. Cette démarche passe par la revendication du recours à la non violence et du caractère « apolitique[8] » des mouvements contestataires ainsi que par la mise en avant de propositions qui vont, in fine, dans le sens du renforcement de la dictature de la finance.
Malgré tout, subsiste le risque de voir émerger des forces réellement hostiles au néolibéralisme, porteuses de projets alternatifs et susceptibles de prendre le pouvoir dans le cadre du processus démocratique[9]. D’où la nécessité d’ancrer plus profondément le néolibéralisme et d’annihiler totalement la démocratie.



[1] Selon les néo-structuralistes, l’ajustement est souvent contractionniste. Cf. infra, chapitre 4 : les critiques de l’ajustement.
[2] Michael Hudson, « Reniements européens : la prise de pouvoir par la finance », ContreInfo.info, http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3140 consulté le 5 janvier 2012.
[3] Cf. infra, chapitre 4.
[4] On se rappelle les mots de Margaret Thatcher : « There is no alternative ».
[5] Cf. infra, chapitre 4.
[6] Voir : Bernard Conte, « Démasquons les insiders », Comité Valmy, 18/12/2011, http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2112
[7] Pour la crise actuelle, on peut ajouter à la liste des insiders : Warren Buffet, Al Gore, Jacques Attali…
[8] L’apolitisme signifie manifester contre l’oppression économique et sociale, mais en aucun cas contre l’oppression politique.
[9] Cf. infra, chapitre 4 : Le consensus de Washington bute sur l’obstacle politique.



lundi 13 juillet 2015

La Tiers-Mondialisation (2)

Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (2)
L'Europe sombre dans la Tiers-Mondialisation....

La faute à la mondialisation néolibérale
L’origine est à rechercher dans la mondialisation néolibérale, imposée, qui a d’abord déstructuré les sociétés du Sud et les a remodelées pour une exploitation maximale au profit du capitalisme financiarisé. Par la suite, la mise en concurrence des hommes et des institutions sur l’ensemble de la planète a permis d’étendre au Nord la dynamique néolibérale d’ajustement structurel. Malgré les tentatives répétées de manipulation de l’opinion, la grande majorité de la population reste hostile à l’intensification néolibérale, étant donné ses conséquences sociales désastreuses. Ainsi, dans tous les cas, la mutation des structures se voit finalement imposée sous la contrainte de l’endettement.

La dette souveraine comme contrainte
C’est à l’occasion de marasmes majeurs que de profonds changements peuvent intervenir, qu’ils soient spontanés, dirigés, ou imposés. Les guerres, par exemple, sont un moyen de faire table rase et de réinitialiser le « jeu » ou bien d’en changer les règles. Lorsqu’il devient un fardeau insupportable et qu’il débouche sur une crise, l’endettement peut être un vecteur de changement, favorable au bailleur ou, au contraire, s’opérer à son détriment.
L’exemple de la crise de la dette des pays du Sud, au début des années 1980[1], peut fournir une grille de lecture intéressante. Les institutions financières internationales (FMI, Banque Mondiale…) vont « sauver » les pays surendettés en leur accordant des prêts pour rembourser les banques créancières qui avaient mal « apprécié » les risques. Une manière pour elles de socialiser leurs pertes. L’octroi de l’aide est, bien entendu, conditionnée par l’adoption, par les pays bénéficiaires, de politiques de rigueur (les PAS : programmes d’ajustement structurel) et de libéralisation - privatisations, aptes à rétablir la « crédibilité », la « confiance » et à dégager des marges de manœuvre financières pour le remboursement de la dette.
L’ajustement néolibéral procyclique[2] se traduit alors par une profonde régression ramenant les pays concernés au stade du Tiers-monde d’avant les « miracles ». Bien entendu, les néolibéraux ont eu beau jeu d’incriminer les gouvernements pour ne pas avoir appliqué pleinement et durablement les prescriptions des PAS. En tout état de cause, l’ajustement se traduit par une exploitation accrue du Sud par le pillage de la richesse dégagée (surtout des rentes) qui était précédemment, pour partie, redistribuée sur place. Ce processus régressif de « re-Tiers-mondialisation » entraîne le laminage des classes moyennes constituées pendant les « miracles » et rétablit la structure sociale dualiste typique des pays sous-développés.

Le Nord sous la contrainte
            Pour des raisons de calendrier, le présent essai n’aborde pas vraiment la crise financière de 2008[3]. Mais, l’ogre de la finance, avide de profits jusqu’à l’indigestion fatale, utilise toujours les mêmes armes ou des armes similaires pour arriver à ses fins. Par exemple, un nombre croissant de pays européens se trouve soumis à la pression néolibérale du marché via la nécessité du financement de leur dette souveraine. Pour les  « sauver », les mêmes institutions qui interviennent au Sud, ou des institutions comparables leur accordent leur « aide » à condition que lesdits pays mettent en oeuvre des politiques de rigueur visant à rationaliser leurs structures afin de faire face aux obligations du service de la dette. Pour l’Europe, il s’agit du FMI, de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne, du Fonds européen de stabilité financière, du Mécanisme européen de stabilisation financière… des pays majeurs de l’Union européenne ainsi que des agences de notation. Le point commun de l’ensemble de ces institutions est leur appartenance à la mouvance néolibérale et leur engagement au service de la finance internationale.



[1] Cf. Chapitre 3.
[2] On considère que l’activité économique suit notamment des cycles conjoncturels d’expansion – récession. Les politiques qui accentuent la phase en cours du cycle sont appelées pro-cycliques et celles qui vont à contresens sont dites contra-cycliques. Réduire le pouvoir d’achat en période de récession est une politique procyclique.
[3] La rédaction du corps du texte a été achevée au premier trimestre 2008, ce qui fait que la crise financière n’est évoquée qu’au niveau de la conclusion.

dimanche 12 juillet 2015

La Tiers-Mondialisation (1)

Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (1)

Il y a environ trois ans, je mettais la dernière main au manuscrit de la Tiers-Mondialisation de la planète[1]. À l’heure de lancer une deuxième édition, il me revient d’écrire une préface. Pour ce faire, à la lumière de l’évolution de l’actualité depuis son achèvement, j’ai effectué une relecture de mon essai.
La thèse que je défends est plus que jamais d’actualité car, depuis le déclenchement de la crise en 2008, telle une pandémie, la Tiers-mondialisation se répand et s’aggrave.

La Tiers-mondialisation s’étend au Nord
            L’extension des caractéristiques structurelles des pays sous-développés[2], d’avant les  « miracles », au monde entier est un phénomène patent. Ainsi, la Tiers-mondialisation atteint les pays du Nord, dits développés, sans épargner le pays « central » : les États-Unis. Des auteurs, de plus en plus nombreux[3], décrivent le phénomène à travers la désindustrialisation, la montée du chômage, la dégradation des services publics, l’euthanasie des classes moyennes[4], la paupérisation des masses, la trahison des élites… La manifestation la plus flagrante s’observe dans les villes qui, industrieuses au cours de la période des Trente glorieuses, déclinent depuis le  début de la mondialisation néolibérale. Par exemple, des cités comme Détroit, autrefois fleuron de la construction automobile nord-américaine, en viennent à « ressembler aux enfers du Tiers-monde ». La pandémie touche aussi l’Europe.

L’Europe sombre dans la Tiers-mondialisation
La crise financière de 2008 a durement frappé les membres les plus faibles de l’Union européenne, ceux que l’on a surnommé  les PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne). En mars 2010, j’écrivais : « la Grèce préfigure la Tiers-mondialisation de l’Europe[5] » et quelques semaines plus tard : « la Grèce et l’Irlande en voie de Tiers-mondialisation[6] ». En Europe, les symptômes sont les mêmes qu’ailleurs : réduction du pouvoir d’achat, augmentation du chômage, de la pauvreté, dégradation des services publics,  de la santé… Bref, on assiste à la paupérisation du plus grand nombre et à l’enrichissement corrélatif de quelques uns. Le dualisme caractéristique des pays sous-développés s’immisce dans les sociétés occidentales. Pourquoi ?




[1] Déjà, dans une tribune libre parue dans L’Humanité le 2 juin 2006, je dénonçais la Tiers-mondialisation de la planète.
[2] Georges Cazes et Jean Domingo, Les Critères du sous-développement - géopolitique du Tiers Monde, Paris, Bréal, 1987.
[3] Cf. par exemple, Arianna Huffington, Third World America. How our Politicians are Abandoning the Middle-Class and Betraying the American Dream, New York, Crown Publishers, 2011 et Robert Reich, After-Shock. The Next Economy and America’s Future, New York, Random House, 2010.
[4] Bernard Conte, « Néolibéralisme et euthanasie des classes moyennes », http://www.comite-valmy.org/spip.php?article933 

vendredi 10 juillet 2015

Question orale au Conseil municipal du 9 juillet 2015



Stationnement payant : la sécurisation des données

Monsieur le Maire,

Lors de la séance du 15 juin 2015, j’ai, à nouveau, alerté le Conseil sur le problème de la sécurité des données personnelles recueillies par le système de stationnement payant.

Il m’a été répondu, par le biais d’un vocabulaire spécifico-hermétique, que la technologie employée était garante de la sécurité des données. Je vous avais alors communiqué une information, non encore vérifiée à l’époque, concernant le piratage d’un système de stationnement à Arcachon. Ma démarche a fait sourire certains  de nos collègues.

Quelques jours plus tard, le piratage a été confirmé. Celui-ci s’est traduit par des désagréments financiers pour les victimes, si bien que de nombreuses plaintes ont été déposées.

Monsieur le maire, au-delà des incantations et des affirmations gratuites, quel est le degré réel de sécurité du système de stationnement payant à Talence ? Pouvez-vous assurer les usagers que leurs informations personnelles ne seront pas piratées ?



dimanche 5 juillet 2015

Ce qui vous attend après la faillite de la Grèce


Jean-Michel Vernochet reçoit cette semaine Valérie Bugault, docteur en droit, spécialiste des questions européennes, pour un entretien sur la situation de la Grèce, à trois jours du référendum organisé par Tsipras. Que faut-il penser de la situation économique de ce pays, de sa dette publique, et des dettes de tous les pays occidentaux. Bien des idées fausses vont tomber à l’écoute de ce dialogue passionnant. Une des dernières phrases de Valérie Bugault n’est-elle pas: « Toutes les élites politiques des pays européens ont été achetées… »



vendredi 3 juillet 2015

Talence : Conseil municipal du 9 juillet 2015


Ordre du jour
RAPPORTEUR : M. LE MAIRE
Motion de soutien à l'action de l'A.M.F.
1 - Approbation du procès-verbal de la séance publique du 19 mai 2015
2 - Décisions municipales – Information du Conseil
3 - Don de pièces d'archives de l'Entreprise Olibet (1872-1983)
4 – Délégations et représentations du Conseil Municipal au sein du Conseil d'Administration de l'EHPAD Maison de Retraite Château Gardères
5 - Conseils Communaux de Talence – Désignation de membres du collège des élus et personnalités – Modification
6 - Résiliation partielle du bail emphytéotique entre la commune de Talence et l'EHPAD Public Château Gardères

RAPPORTEUR : M. GELLE – Adjoint délégué au Patrimoine Communal
7 - Acquisition d’une parcelle située 14 rue Armand Leroi et 18 rue Desplats cadastrée AO 836 et AO 838p
8 - Cession d'un immeuble sis 14 rue Armand Leroi
9 - Cession d'une propriété située 29 rue Émile Combes

RAPPORTEUR : M. JESTIN - Adjoint délégué aux Solidarités et à l'Aide et Soutien aux Ainés
10 - Convention de partenariat entre la Ville de Talence et l’association Unis-Cité pour l'année 2015/2016

RAPPORTEUR : Mme LUTREAU-CHAVERON – Adjointe déléguée aux Ressources Humaines
11 - Pôle Développement Urbain Durable – Reconduction de l’emploi de responsable du Développement Economique
12 - Renouvellement de la mise à disposition d'un agent communal auprès de la Poste
13 - Réajustement du Régime Indemnitaire catégorie A – Ingénieur territorial
14 - Ouverture de poste Professeurs Danse
15 - Restructuration du Service AEEBC – Mission de coordination des agents
16 - Revalorisation salariale du poste contractuel d’infographiste

RAPPORTEUR : M. SEBTON – Adjoint délégué à la Vie Associative – la Jeunesse – la Politique de la Ville – la Lutte contre les Discriminations – le Quartier Sud
17 - Cohésion Sociale et Territoriale – Autorisation de signature de la convention cadre du contrat de ville de Bordeaux Métropole

RAPPORTEUR : M. GOYER – Adjoint délégué à l'Urbanisme et à l'Habitat
18 - Autorisation de dépôt d’une déclaration préalable en vue de la division de la parcelle AO N°593 sise 30 rue Armand Leroi à TALENCE

RAPPORTEUR : M. SALLABERRY – Adjoint délégué aux Finances et aux Achats et Marchés Publics
19 - Dotation de Solidarité Urbaine – Rapport sur les actions de développement social urbain en 2014
20 - Dotation communale du Fonds Départemental d’Aide à l’Equipement des Communes-Année 2015
21 - Subventions complémentaires pour l'année 2015
22 - Abrogation délibération n° 16 du 19/05/15 - Approbation de l’adhésion au groupement de commandes et de la signature de la convention constitutive - Services de télécommunications - Années 2016 à 2018
23 - Adhésion à la convention de prestations de services pour l’accompagnement à l’efficacité énergétique du patrimoine proposée par le Syndicat Départemental d’Energie Electrique de la Gironde (SDEEG)

RAPPORTEUR : Monsieur BONNIN - Conseiller Municipal délégué au Suivi des chantiers, Travaux, Voirie
24 - Autorisation de signature de la convention spéciale de déversement des eaux usées non domestiques des cuisines centrales de Talence

RAPPORTEUR : Monsieur LABOURDETTE, Conseiller Municipal délégué à l'Economie, à l'Emploi et au Développement Intercommunal
25 - Subvention de fonctionnement pour l'année 2015 à l'association CLAP Sud-Ouest pour la tenue à Talence d'une plateforme d'évaluation et d'orientation linguistique
26 - Participation de la Ville de Talence au dispositif «Compétences Clés» protocole d'accord avec l'IREP (Institut de Recherche et d'Education Permanente) pour 2015

QUESTIONS ORALES

jeudi 2 juillet 2015

Bon appétit





Grèce et Eurozone sans langue de bois

Source : Youtube Vincent Parlier


La Grèce en faillite, le grexit, et l'eurozone. On peut tout entendre en ce moment à propos de ces thèmes.

Entre ceux qui traitent les grecs de profiteurs et ceux qui prétendent vouloir les maintenir dans l'eurozone par charité, il y a peut-être plus raisonnable et plus humain:
1) Les constatations qu'on peut tirer sur les responsables de la crise (et même dans les médias officiels si on cherche bien!)
2) Le bon sens qui vise à n'exiger des autres que ce qu'on serait prêt à accepter pour soi (les français européistes "socio-libéraux", comptez vous)
3) Le bon sens consistant à ouvrir les yeux et à constater que la Grèce n'a qu'un peu d'avance sur nous et qu'il est déjà bien trop tard pour rattraper quoi que ce soit après des décennies d'obstinations idéologiques destructrices. Les pays de l'eurozone sont condamnés, et ce n'est qu'une question de timing. La Grèce est simplement en avance.

Le gouvernement actuel de la Grèce pourrait être souverainiste de droite qu'il ne serait pas mieux traité. Exiger sa souveraineté est un crime en Union Européenne, quelle que soit le tendance politique.

La Grèce n'a pas de déficit primaire (bilan hors dette), contrairement à la France depuis 30 ans. Donneurs de leçons comptez vous...

Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet par de sérieuses mais bonnes lectures exigeant plus de temps:
http://www.les-crises.fr/grece-pourqu...
http://www.les-crises.fr/grece-defens...
http://www.les-crises.fr/un-coup-deta...
Et les autres billets dédiés à la Grèce de ce même blog.

mercredi 1 juillet 2015

Eau publique, eau d’avenir. L’expérience mondiale de la remunicipalisation


Eau publique, eau d’avenir. L’expérience mondiale de la remunicipalisation


L’Observatoire des multinationales et six partenaires européens publient ce jour la version française d’un livre pionnier sur la remunicipalisation dans le monde : Eau publique, eau d’avenir. L’expérience mondiale de la remunicipalisation. Cet ouvrage unique en son genre associe des chercheurs, des dirigeants de services publics de l’eau, des syndicalistes et des militants de la société civile.
La version anglaise de l’ouvrage, publiée en avril 2015 à l’occasion du Forum mondial de l’eau de Séoul, a montré qu’au cours des quinze dernières années, au moins 235 cas de remunicipalisation de l’eau ont eu lieu dans 37 pays, affectant plus de 100 millions de personnes dans le monde. Le rythme de la remunicipalisation connaît en outre une accélération marquée, puisque le nombre de cas a doublé sur la période 2010-2015 par rapport à la période 2000-2010.
« La publication de la version française de notre livre a une grande importance symbolique, car la France a longtemps été le bastion de la gestion privée de l’eau », explique Satoko Kishimoto, du Transnational Institute, principale éditrice de l’ouvrage. « La France est aussi le pays d’origine des plus grandes multinationales du secteur. Mais, récemment, elle est devenue l’épicentre d’une vague globale de remunicipalisation de ce service public. »
L’édition française de l’ouvrage inclut une préface par Célia Blauel, nouvelle présidente d’Eau de Paris, le service d’eau remunicipalisé de la capitale française, et du réseau européen des opérateurs publics de l’eau, Aqua Publica Europea. Il contient également un chapitre inédit sur la remunicipalisation de l’eau dans la métropole de Nice, cinquième ville de France, qui a pris effet il y a quelques mois.
De nouveaux cas de remunicipalisation sont intervenus depuis la publication de la version anglaise du livre en avril, aussi bien en France que dans des pays comme l’Inde (fin du contrat de gestion privée à Mysore), où la gestion privée de l’eau est déjà empêtrée dans les difficultés malgré son caractère relativement récent. L’élection récente, dans de nombreuses villes espagnoles dont Madrid et Barcelone, de municipalités progressistes, ayant à leur programme la fin de la privatisation de l’eau, augure peut-être d’une vague prochaine de remunicipalisations dans ce pays.
Sept organisations – associations d’opérateurs publics de l’eau, chercheurs, syndicalistes, journalistes et organisations de la société civile [1] – ont joint leurs forces pour publier ce livre, qui représente un effort pionnier et unique en son genre pour cartographier la remunicipalisation de l’eau dans le monde et pour tirer les premiers enseignements de ce phénomène émergent.
Malgré une pression continue des institutions financières internationales, de la Commission européenne et de certains gouvernements, les élus locaux et les citoyens choisissent de plus en plus souvent de tourner la page de la privatisation de l’eau. Ils le font non seulement en raison des échecs et des fausses promesses des entreprises privées, mais aussi et surtout parce que la construction d’un service public de l’eau démocratique et responsable leur apparaît comme la meilleure solution pour faire face aux défis financiers, sociaux et environnementaux de la gestion de l’eau et de l’impératif d’assurer le droit humain à l’eau.
« La remunicipalisation offre l’opportunité de construire des services publics de l’eau de qualité, socialement et écologiquement soutenables, pour le plus grand bénéfice des générations actuelles et futures. Autant d’enjeux qui ne reçoivent qu’une attention très limitée de la part des opérateurs privés de l’eau, qui se soucient avant tout de profitabilité », ajoute Anne Le Strat. ancienne adjointe au maire de Paris et cheville ouvrière de la remunicipalisation de l’eau dans la capitale française en 2010. « Les opérateurs publics de l’eau joignent de plus en plus leurs forces, au sein d’un même pays et par-delà les frontières, pour se soutenir mutuellement et partager leur expertise afin de réaliser le droit humain à l’eau pour tous. »
NOTE
Une conférence publique de lancement du livre est organisée par Eau de Paris, l’opérateur de l’eau de la capitale française, lui-même remunicipalisé en 2010. Cet événement a lieu le mardi 30 juin à 19 heures au Pavillon de l’eau, 77 avenue de Versailles, Paris XVIe.
En présence de :
- Célia Blauel, adjointe au maire de Paris et présidente d’Eau de Paris et d’Aqua Publica Europea,
- Paul Raoult, vice-président de France Eau Publique,
- Anne Le Strat, ancienne adjointe au maire de Paris et ancienne présidente d’Eau de Paris et d’Aqua Publica Europea,
- Emanuele Lobina, chercheur au PSIRU et les autres responsables de l’ouvrage.



[1Transnational Institute, Unité internationale de recherches sur les services publics (Université de Greenwich), Observatoire des multinationales, Municipal Services Project, Fédération syndicale européenne des services publics, France Eau Publique, Aqua Publica Europea
Source : http://multinationales.org/Eau-publique-eau-d-avenir