Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (2)
L'Europe sombre dans la Tiers-Mondialisation....
La faute à la mondialisation néolibérale
La faute à la mondialisation néolibérale
L’origine est à rechercher dans la
mondialisation néolibérale, imposée, qui a d’abord déstructuré les sociétés du
Sud et les a remodelées pour une exploitation maximale au profit du capitalisme
financiarisé. Par la suite, la mise en concurrence des hommes et des institutions
sur l’ensemble de la planète a permis d’étendre au Nord la dynamique
néolibérale d’ajustement structurel. Malgré les tentatives répétées de
manipulation de l’opinion, la grande majorité de la population reste hostile à
l’intensification néolibérale, étant donné ses conséquences sociales désastreuses.
Ainsi, dans tous les cas, la mutation des structures se voit finalement imposée
sous la contrainte de l’endettement.
La
dette souveraine comme contrainte
C’est à l’occasion de marasmes majeurs que
de profonds changements peuvent intervenir, qu’ils soient spontanés, dirigés, ou
imposés. Les guerres, par exemple, sont un moyen de faire table rase et de
réinitialiser le « jeu » ou bien d’en changer les règles. Lorsqu’il
devient un fardeau insupportable et qu’il débouche sur une crise, l’endettement
peut être un vecteur de changement, favorable au bailleur ou, au contraire, s’opérer
à son détriment.
L’exemple de la crise de la dette des
pays du Sud, au début des années 1980[1],
peut fournir une grille de lecture intéressante. Les institutions financières
internationales (FMI, Banque Mondiale…) vont « sauver » les pays
surendettés en leur accordant des prêts pour rembourser les banques créancières
qui avaient mal « apprécié » les risques. Une manière pour elles de
socialiser leurs pertes. L’octroi de l’aide est, bien entendu, conditionnée par
l’adoption, par les pays bénéficiaires, de politiques de rigueur (les
PAS : programmes d’ajustement structurel) et de libéralisation -
privatisations, aptes à rétablir la « crédibilité », la
« confiance » et à dégager des marges de manœuvre financières
pour le remboursement de la dette.
L’ajustement néolibéral procyclique[2]
se traduit alors par une profonde régression ramenant les pays concernés au
stade du Tiers-monde d’avant les « miracles ». Bien entendu, les
néolibéraux ont eu beau jeu d’incriminer les gouvernements pour ne pas avoir
appliqué pleinement et durablement les prescriptions des PAS. En tout état de
cause, l’ajustement se traduit par une exploitation accrue du Sud par le
pillage de la richesse dégagée (surtout des rentes) qui était précédemment,
pour partie, redistribuée sur place. Ce processus régressif de « re-Tiers-mondialisation »
entraîne le laminage des classes moyennes constituées pendant les
« miracles » et rétablit la structure sociale dualiste typique des
pays sous-développés.
Le
Nord sous la contrainte
Pour des raisons de calendrier, le
présent essai n’aborde pas vraiment la crise financière de 2008[3].
Mais, l’ogre de la finance, avide de profits jusqu’à l’indigestion fatale, utilise
toujours les mêmes armes ou des armes similaires pour arriver à ses fins. Par
exemple, un nombre croissant de pays européens se trouve soumis à la pression
néolibérale du marché via la nécessité du financement de leur dette souveraine.
Pour les « sauver », les mêmes institutions qui interviennent
au Sud, ou des institutions comparables leur accordent leur « aide »
à condition que lesdits pays mettent en oeuvre des politiques de rigueur visant
à rationaliser leurs structures afin de faire face aux obligations du service
de la dette. Pour l’Europe, il s’agit du FMI, de la Commission européenne, de
la Banque centrale européenne, du Fonds européen de stabilité financière, du
Mécanisme européen de stabilisation financière… des pays majeurs de l’Union
européenne ainsi que des agences de notation. Le point commun de l’ensemble de
ces institutions est leur appartenance à la mouvance néolibérale et leur
engagement au service de la finance internationale.
[1] Cf. Chapitre 3.
[2] On considère que l’activité économique
suit notamment des cycles conjoncturels d’expansion – récession. Les politiques
qui accentuent la phase en cours du cycle sont appelées pro-cycliques et celles
qui vont à contresens sont dites contra-cycliques. Réduire le pouvoir d’achat
en période de récession est une politique procyclique.
[3] La rédaction du corps du texte a été
achevée au premier trimestre 2008, ce qui fait que la crise financière n’est
évoquée qu’au niveau de la conclusion.
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