Ecrit en décembre 2012
La Tiers-Mondialisation (3)
Le Nord (L'Europe)... est sous la contrainte de l'ajustement des structures néolibéral imposé par la finance.
Pour
un ajustement « par le bas »…
Tenus de mettre en oeuvre des
programmes d’ajustement structurel similaires à ceux imposés aux pays du Sud,
les pays du Nord vont subir un ajustement « par le bas ».
Pour dégager des marges de manœuvre
budgétaires afin de faire face au service de la dette et pour, éventuellement,
amorcer un processus de désendettement, il faut augmenter les recettes de
l’État et diminuer ses dépenses, tout en suscitant la croissance économique. Mais,
en phase de récession, l’austérité a des effets procycliques, dans le sens où
elle ne fait qu’aggraver la situation. La rigueur se traduit par une baisse de
la demande intérieure que ne peut pallier la hausse des exportations, ne
serait-ce que parce que la crise est mondiale.
La déprime de la demande réduit la
croissance, les rentrées fiscales… implique une réduction supplémentaire de la
dépense publique qui, à son tour, affecte la demande[1]...
De plus, étant donnée l’incapacité des gouvernements à réduire le déficit
public, les agences de notation sévissent en dégradant la note du pays, ce qui
renchérit l’accès au crédit, creuse à nouveau le déficit public et augmente le
volume de la dette par un effet « boule de neige ». C’est le cercle
vicieux de l’ajustement « par le bas » duquel, par exemple, la Grèce semble
prisonnière.
Les néolibéraux ne se soucient guère de
l’économie réelle, ni des dégâts sociaux, mais exclusivement de la situation
financière, analysée du point de vue des créanciers. L’ajustement imposé est
l’expression d’une « guerre financière - et les objectifs de cette
conquête financière sont les mêmes que ceux des conquêtes militaires :
d’abord s’emparer de la terre et des richesses du sous-sol sur lequel on exige
le versement du tribut d’une rente, deuxièmement, des infrastructures publiques
pour extraire une rente de leur coûts d’usage, et enfin de toutes entreprises
ou actifs appartenant au domaine public[2] ».
Cette dynamique de prédation de la
finance internationale peut engendrer des critiques, des oppositions, des
désordres…
… Qui implique
de maîtriser la critique et de canaliser les oppositions
Comme lors de la crise asiatique de 1997-1998[3],
depuis le début de la crise bancaire de 2008, le capitalisme financiarisé est
en danger. Des voix tentent de se faire entendre, des critiques fusent, des
mouvements se créent, des populations contestent dans la rue, parfois
violemment… La convergence de ces démarches pourrait déboucher sur une «
révolution » fatale aux financiers et à leurs serviteurs.
Menacé, le système réagit. Tout d’abord,
comme à l’habitude, les medias complices occultent toute critique ou remise en
cause et mettent en avant le discours d’ardents défenseurs (pseudo experts,
politiciens…) du capitalisme financiarisé. Ils nous disent : il ne se passe
rien et, de toute manière, il n’y a pas d’alternative[4]
! Mais, notamment, Internet, les réseaux sociaux… diffusent l’information
interdite et donnent la parole à la critique acerbe, ce qui rend, peu à peu, caduque
la stratégie de « négation » en discréditant le discours officiel. Lorsqu’il n’est plus possible de
feindre d’ignorer, le système développe une stratégie à deux volets.
D’une part, on assiste à l’instrumentalisation
et à la surmédiatisation d’une vague de critiques émanant de personnalités
ayant été, à des degrés divers, impliquées dans la promotion, la défense ou la
mise en œuvre de la mondialisation néolibérale. Il s’agit de critiques « internes » de la part
« d’insiders ». C’est ce qu’il s’est produit, après la crise
asiatique, lorsque des personnalités comme Joseph Stiglitz, George Soros, Paul
Krugman, Jeffrey Sachs… ont vivement dénoncé le « fondamentalisme du marché[5] ».
La caractéristique commune de ces critiques était un soutien à l’économie de
marché (plus ou moins nuancé), la certitude que la mondialisation est
souhaitable mais que sa mise en œuvre a été parfois problématique. En fait,
derrière une rhétorique parfois virulente, se cachent quelques maigres
propositions d’aménagement réel du système. Il en est pour preuve que, dix
années après l’Asie, et malgré les discours des insiders[6]
et leurs propositions de réforme, nous sommes entrés dans une crise encore plus
grave. Il s’agit, avant tout, en agitant les marionnettes des insiders,
d’entonner le chant des sirènes dans le but de séduire les populations afin de sauver
le capitalisme financiarisé[7].
D’autre part, il faut canaliser et
désamorcer toute révolte latente. Au Nord, le danger peut émaner des jeunes
« sans avenir » et des classes moyennes en cours d’euthanasie. En
conséquence, il est nécessaire de neutraliser les mouvements spontanés et de favoriser
l’apparition et la médiatisation de groupements réellement inoffensifs pour le
système. Cette démarche passe par la revendication du recours à la non violence
et du caractère « apolitique[8] »
des mouvements contestataires ainsi que par la mise en avant de propositions qui
vont, in fine, dans le sens du renforcement de la dictature de la
finance.
Malgré tout, subsiste le risque de voir
émerger des forces réellement hostiles au néolibéralisme, porteuses de projets
alternatifs et susceptibles de prendre le pouvoir dans le cadre du processus
démocratique[9].
D’où la nécessité d’ancrer plus profondément le néolibéralisme et d’annihiler totalement
la démocratie.
[1] Selon les néo-structuralistes,
l’ajustement est souvent contractionniste. Cf. infra, chapitre 4 : les
critiques de l’ajustement.
[2] Michael Hudson, « Reniements européens :
la prise de pouvoir par la finance », ContreInfo.info, http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3140
consulté le 5 janvier 2012.
[3] Cf. infra, chapitre 4.
[4] On se rappelle les mots de Margaret
Thatcher : « There is no alternative ».
[5] Cf. infra, chapitre 4.
[6] Voir : Bernard Conte, « Démasquons
les insiders », Comité Valmy, 18/12/2011, http://www.comite-valmy.org/spip.php?article2112
[7] Pour la crise actuelle, on peut ajouter
à la liste des insiders : Warren Buffet, Al Gore, Jacques Attali…
[8] L’apolitisme signifie manifester contre
l’oppression économique et sociale, mais en aucun cas contre l’oppression politique.
[9] Cf. infra, chapitre 4 : Le
consensus de Washington bute sur l’obstacle politique.
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