Le wokisme démasqué (5) : « cisgenre » et « phobes »
Il faut se méfier du mot « cisgenre » : ce néologisme stigmatise implicitement tous ceux qui se reconnaissent dans le sexe qui leur a été « assigné à la naissance », selon le nouveau vocabulaire transactiviste – comme si le constat du sexe relevait d’une décision arbitraire, indépendante de la physiologie. Il s’oppose bien sûr à « transgenre », cette catégorie nouvellement érigée en solution des problèmes d’identité des jeunes, et en objet d’un prosélytisme forcené sur les réseaux sociaux, ainsi que d’une manne financière pour les chirurgiens et les laboratoires producteurs de traitements hormonaux.
Il faut se méfier, du même coup, du mot « transphobe » : il est utilisé pour stigmatiser tous ceux qui refusent de reconnaître cette nouvelle catégorie de victimes dûment communautarisées, ou qui alertent sur l’énorme scandale de santé publique qui ne manquera pas d’éclater lorsqu’on aura pris la mesure des mutilations irréversibles infligées à des adolescents dont on présume le consentement au massacre de leurs facultés sexuelles et reproductives, sous la propagande menaçante du lobby transactiviste, qui a réussi à infiltrer nombre d’institutions – le Planning familial, la Dilcrah, la CAF... Le stigmate « transphobe » ne signale donc pas la lutte légitime contre le refus de la transidentité, mais la volonté d’un petit groupe de militants déterminés à imposer au corps social la déconstruction de cette réalité structurante qu’est la différence des sexes.
Il faut se méfier, pour les mêmes raisons, de tous les suffixes en « phobe », tel que « grossophobe » (stigmatisation des obèses) et, surtout, « islamophobe », inventé par les Frères musulmans pour disqualifier toute critique de l’islamisme. Il faut se méfier de « validisme » (stigmatisation des handicapés) et de « spécisme » (infériorisation des animaux), car ils visent moins à aider des victimes qu’à culpabiliser des « dominants ». Et même il faut désormais se méfier – misère ! – du mot « liberté académique », détourné par les académo-militants[5] pour justifier la protection de toute prise de position dans l’espace public par des universitaires, y compris lorsqu’elle n’a rien à voir avec leur mission et utilise l’autorité de l’enseignant-chercheur pour faire l’apologie du terrorisme, comme cela s’est vu après le 7 octobre.
Lire aussi : Le wokisme démasqué (1) ; Le wokisme démasqué (2) ; Le wokisme démasqué (3) ; Le wokisme démasqué (4)
Source : Nathalie Heinich Sociologue, directrice de recherche au CNRS, membre du CRAL (EHESS) https://www.telos-eu.com/fr/societe/lentrisme-semantique-du-wokisme.html#_ftnref3 28/12/2023
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