Par Philbert Carbon
En 2020, Europe Écologie-Les Verts (EELV) a remporté les élections dans huit grandes villes : Annecy, Besançon, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Poitiers, Tours et Strasbourg – sans compter celles où ils appartiennent à la majorité municipale comme à Marseille, Montpellier, Nancy ou Paris. Presque trois ans après leur installation, leur bilan n’est guère brillant.
À peine élus, les maires écologistes ont défrayé la chronique avec des déclarations à l’emporte-pièce. On se souvient de Pierre Hurmic (Bordeaux) annonçant qu’on « ne mettra pas des arbres morts [i.e. des sapins] sur les places de la ville » au moment de Noël ; de Léonore Moncond’huy (Poitiers) affirmant que « l’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants d’aujourd’hui » pour justifier la réduction des subventions municipales aux deux aéroclubs de la ville ; ou encore de Grégory Doucet (Lyon) s’en prenant au Tour de France qui véhiculerait « une image machiste du sport » et ne serait pas « écoresponsable » avec tous ses véhicules, ses déchets et tous « les petits objets, les goodies, les machins qui sont jetés par la caravane ».
Une gestion idéologique
Mais les édiles verts ne se contentent pas de parler. Ils agissent, en ne perdant jamais de vue qu’ils mènent un combat idéologique.
À Grenoble, par exemple, le maire Éric Piolle (élu depuis 2014) a souhaité autoriser le burkini dans les piscines municipales et imposé le menu végétarien dans les cantines scolaires. À Lyon, le menu sans viande est également préconisé, ainsi que le budget genré qui permettra de vérifier que les dépenses municipales bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes.
À Bordeaux, la municipalité a mis en place un plan de prévention et de lutte contre les « LGBTphobies » prévoyant, entre autres, des passages piétons arc-en-ciel, l’illumination de la porte de Bourgogne aux couleurs arc-en-ciel chaque 17 mai (Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie), l’organisation d’un « Mois des fiertés » en juin.
À Tours, le maire Emmanuel Denis a prévu de bâtir une Maison de l’Hospitalité pour accueillir les migrants. Léonore Moncond’huy a fait la promotion, dans le magazine municipal Poitiers Mag, de la manifestation publique organisée, les 17 et 18 septembre 2022, par l’association Alternatiba, au cours de laquelle les extrémistes d’Extinction Rébellion ont organisé des ateliers de désobéissance civile. À Annecy, la mairie a installé des distributeurs de protections périodiques gratuites et biologiques, et se targue d’être la première ville de France à avoir porté et mis en place ce dispositif à l’échelle communale.
Quant à Anne Vignot, maire de Besançon, elle a introduit une clause de « bien-être animal » dans les marchés publics et a réalisé des travaux dans une des écoles de la ville en vue de désimperméabiliser la cour de la récréation et, par la même occasion, de la « dégenrer ».
On pourrait passer des heures et des heures à lister les actions de ces maires qui essaient tous, semble-t-il, d’être plus écolo-progressistes les uns que les autres. Deux sujets concentrent cependant leurs attaques : l’automobile et le logement.
Automobilistes et propriétaires dans le collimateur des édiles verts
Sans grande surprise, les maires écologistes s’en prennent aux automobilistes. Tous construisent des pistes cyclables à tout-va comme à Tours, où le maire Emmanuel Denis, a fermé le pont Wilson aux voitures, un axe stratégique en plein centre-ville, au grand dam des commerçants qui voient l’accès à leur boutique devenant compliqué. La ville, cependant, reste l’une des moins embouteillées de France. Ce qui n’est pas le cas de Bordeaux qui vient de gagner deux places dans le TomTom Traffic Index 2023 pour s’installer au deuxième rang des villes comptant le plus d’heures de bouchons.
Ces embouteillages augmentent la pollution et le taux de CO2 que les écologistes disent vouloir combattre. TomTom a calculé qu’à Paris les bouchons sont responsables de plus de 13% des émissions de CO2 liées au trafic routier.
Des villes polluées et congestionnées, voilà donc, à ce jour, le résultat des politiques municipales en faveur des « mobilités douces ». La mise en place des zones à faibles émissions (ZFE) va peut-être régler le problème, au prix de l’exclusion de la plupart des Français des centres-villes.
Lyon Perrache ce matin, sale crade !
Super pour une ville soit disant écologiste et superbe image de la France pour les touristes pic.twitter.com/4EV6t5zojT— JEAN BANVILLE 🇮🇩🇨🇵 (@JEANBANVILLE1) November 25, 2022
L’autre ennemi du maire vert, c’est le propriétaire foncier. Ainsi l’encadrement des loyers (limitation des augmentations) est appliqué à Paris, Lyon et Bordeaux et leur banlieue proche. D’autres agglomérations ont demandé à rejoindre ce club en 2023 comme Grenoble et Marseille. À Paris et Lyon, on applique aussi le plafonnement des loyers (fixation d’un montant maximal). Des mesures dont les effets néfastes apparaîtront bientôt au grand jour : pénurie de logements, augmentation de la fraude et de la délinquance, ségrégation sociale, mauvaise allocation des ressources, etc., comme l’a montré une étude du think tank suédois Timbro.
Les écologistes n’aiment pas non plus les locations touristiques de type Airbnb. Annecy, Bordeaux, Lyon, Marseille, Paris ont mis en place des restrictions pour les locations de courte durée. À Annecy, par exemple, le maire François Astorg a décidé de supprimer 52% des meublés de tourisme (2200 au lieu de 4598 aujourd’hui).
Par ailleurs, sur les 1136 communes autorisées par le gouvernement à appliquer une majoration de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires, 255 l’ont effectivement mise en place. Parmi elles, Bordeaux, Grenoble, Lyon, Marseille et Paris ont décidé d’appliquer le taux maximal de majoration de 60%. Ce sera bientôt le cas à Annecy.
(France Bleu): « Le maire de #Nice va augmenter les impôts » estime l’opposant écologiste Jean-Christophe #Picard : La ville de Nice « frise le plafond de l’endettement » indique le maire de Nice pour la première fois. L’opposition.. https://t.co/u9fyTBoQOZ pic.twitter.com/5Rq1fCkeRJ
— Titrespresse.com (@titrespresse) January 17, 2023
Le matraquage des propriétaires se concrétise aussi par des taux de taxe foncière élevés. Alors qu’en 2021, le taux moyen (taxe foncière + taxe d’enlèvement des ordures ménagères) dans les cinquante plus grandes villes de France était de 52,02%, il s’établissait à 64,62% à Poitiers, à 63,02% à Grenoble, à 55,87% à Bordeaux.
Avec respectivement 50,29% et 50,13%, Strasbourg et Tours étaient dans la moyenne, quand Annecy, Besançon et Lyon pratiquaient des taux inférieurs à celle-ci. Mais cela risque de ne pas durer ! En 2022, la hausse moyenne de la taxe foncière était de 4,7% dans les 200 plus grandes villes de France. Elle était de 16,3% à Marseille, de 16% à Tours, de 12,6% à Strasbourg, de 8,8% à Annecy. En 2023, la hausse sera de 52% à Paris, de 25% à Grenoble, de 14% à Marseille, de 11,6% à Tours, de 9% à Lyon, de 5,3% à Annecy, de 4,53% à Bordeaux.
#Grenoble, désormais ville la plus taxée de France. La municipalité emmenée depuis 8 ans par l’écologiste Éric Piolle associé au Front de gauche devenu LFI, atteint donc enfin l’excellence.https://t.co/V6xWPgGtPp
— L’usager du monde 🌍🇪🇺🇫🇷 (@stopextremes) January 15, 2023
Les propriétaires n’ont pas fini de payer les lubies des maires écologistes, et les locataires en subiront aussi les conséquences en voyant l’offre de logements à la location se raréfier.
La sécurité est oubliée
En matière de délinquance, c’est également la hausse qui prévaut. Certes, les maires ne sont pas seuls responsables de la situation, mais leur inaction dans ce domaine entraîne immanquablement une hausse de la délinquance. Hostiles aux polices municipales et à la vidéosurveillance au début de leur mandat, beaucoup d’entre eux sont en train de réviser leur jugement.
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