Marée migratoire vers l’Europe, la permanence de coefficients élevés
Depuis plusieurs mois, l’actualité
se focalise sur le flux, sans cesse croissant et renouvelé, de boat people affluant vers l’Europe du
Sud. Les medias qualifient de « migrants », de « réfugiés »[1]…
les personnes composant ces flux. La différence entre les deux qualificatifs
apparaît ténue car « un migrant est une personne qui effectue une
migration qui est l’action de passer d’un pays à un autre » et « un
réfugié est une personne qui a cherché refuge dans un pays étranger »[2].
Nous définirons la grande majorité des migrants comme des personnes qui fuient
un « ici » hostile pour un « ailleurs » plus clément.
Les chiffres de l’immigration sont
souvent discutables et souvent discutés car il s’agit d’un domaine
politiquement sensible. En tout état de cause les flux sont importants et en
croissance, semble-t-il. Dans ce texte, nous tenterons de mettre en lumière les
incitations économiques qui déterminent le migrant à venir en Europe et
particulièrement en France, parfois au prix de mille dangers. Nous montrerons
que pour le candidat à l’émigration, la décision de migrer peut se révéler un
acte tout à fait rationnel, fruit d’un calcul économique[3]. Dans ces conditions, « toutes
choses étant égales par ailleurs »[4],
la nature de l’environnement économique et social mondial, actuel et prévisible
à terme, devrait maintenir des coefficients élevés à la marée migratoire (à
caractère économique) entrant en Europe et en particulier en France.
Les estimations des
flux d’immigration
« En sept mois seulement,
l’année 2015 établit déjà une triste record : 340 000 migrants ont déjà tenté
de franchir les frontières extérieures de l’Union européenne, d’après les
chiffres de l’agence Frontex. Rien
qu’en juillet 2015, 107 500 entrées illégales ont été recensées: c’est plus que
le total de l'année 2013.[5] »
Le graphique met en lumière
l’explosion du nombre d’entrées illégales dans l’Union européenne. Aux chiffres
de l’immigration illégale, il convient, au moins pour la France,
d’ajouter : les visas, l’immigration familiale, le séjour des étudiants
étrangers, les étrangers malades et leurs accompagnants, les autres types de
droit au séjour[6].
Malgré l’absence de données
statistiques réellement fiables, il apparaît que les flux d’immigration,
notamment extra-européenne, sont importants. A l’intérieur de l’Union
européenne, il y aurait selon l’OCDE, 21 millions d’étrangers non européens[7].
Au total, l’importance des flux
migratoires à destination de l’Europe révèlent un attrait certain de cette
région. Au-delà du climat tempéré, des arts et de la culture, de la
gastronomie, de la sécurité, de la démocratie… l’attrait peut résulter d’un calcul
économique mettant en concurrence des territoires et leurs caractéristiques
politiques, économiques et sociales, à l’instar des décisions de délocalisation
de leurs activités par les firmes multinationales.
La migration, un acte parfaitement
rationnel
La théorie économique dominante
(néolibérale) affirme que la principale motivation du comportement humain est
la recherche du plaisir et l’évitement de la peine. Elle considère que les
comportements humains sont universellement rationnels, totalement égoïstes et
parfaitement raisonnables, les individus (agents) cherchant à maximiser leur
bien-être (utilité ou profit) ou à minimiser leur peine. « Nous voulons
tous le bonheur et nous voulons tous éviter la souffrance[8] ». Le comportement des
migrants répond certainement à des préoccupations similaires. Leur déplacement
volontaire s’opère pour des raisons économiques[9], politiques,
culturelles… dans un souci de « mieux vivre » accru dans le pays
d’accueil. Nous nous intéresserons ici aux raisons microéconomiques des
migrations.
La décision de
migrer comme résultat d’un calcul économique coûts-bénéfices
La décision de migrer peut
résulter d’un calcul économique rationnel mettant en balance l’espérance de
« revenus » futurs plus conséquents que ceux auxquels peut prétendre
le migrant potentiel dans son pays d’origine ainsi que les coûts liés à la
migration. Dans cette logique, pour les pays du Tiers-Monde, ont été construits
des modèles économiques explicatifs du phénomène de l’exode rural, c’est-à-dire
de la migration vers les villes.
Le modèle de Todaro – Harris[10]
Ce modèle tente de fournir une explication aux migrations
vers les villes (l’exode rural), et ce, malgré le chômage qui y règne.
Schématiquement, la décision de migrer apparaît comme la résultante d’un calcul
économique mettant en balance un revenu rural certain attendu et un revenu
urbain permanent (salaire) espéré sur une longue période en fonction de la
probabilité de trouver un emploi en ville. La décision dépend de la valeur
actuelle nette (VAN[11])
de la différence entre les flux de revenus urbains et ruraux attendus. La migration
vers la ville s’opère si elle est économiquement rentable. L’accroissement de
la rentabilité de la migration intensifie l’incitation au départ. A l’opposé, l’exode
rural s’arrête lorsque la rentabilité de l’opération disparaît.
Le calcul économique
des migrants vers l’Europe
Le modèle de Todaro
a le mérite d’éclairer la réalité de l’exode rural dans le Tiers-Monde, mais il
perd de sa capacité explicative pour les flux migratoires transnationaux,
notamment ceux en direction de l’Europe et particulièrement de la France. En
effet, il ne prend pas en compte certains paramètres majeurs ayant trait d’une
part, à la situation dans le pays de départ et, d’autre part, à celle du pays
d’accueil.
Les carences relatives
dans les pays de départ
Le revenu est faible. Par exemple, le PIB par habitant
(exprimé en PPA[12])
s’élevait en 2013, à 604 dollars en République Centrafricaine, à 655 dollars en
République démocratique du Congo (RDC), à 748 dollars au Malawi… Le PIB par
habitant du Luxembourg représentait, à la même date, 142 fois celui de la
Centrafrique, 139 fois celui de la RDC… Le PIB par habitant de la France vaut
66 fois celui de la Centrafrique et 61 fois celui de la RDC.
La pauvreté est très
prégnante. Selon
la Banque mondiale, le pourcentage de la population disposant de moins de 1,25
dollar par jour (PPA) était en 2011, de 42,7% dans le monde, de 46,8% en
Afrique subsaharienne et de 0,5% en Europe et Asie centrale[13].
Le chômage « de
masse » sévit.
Malgré le manque de fiabilité des statistiques, il apparaît que le taux de
chômage « officiel » dans certains pays de départ est élevé (en
2013[14]):
31% en Mauritanie, 24,9% en Afrique du Sud, 23,4% en Cisjordanie et Gaza, 19,6%
au Gabon… Il est vrai que depuis la crise de 2008, le chômage s’est accru dans
certains pays du Nord : 27,3% en Grèce, 26,6% en Espagne, mais ce taux
reste encore contenu dans d’autres pays : 10,4% en France et 5,3% en
Allemagne (en 2013).
Les conditions de
vie sont difficiles car, notamment, beaucoup de services publics sont
défaillants et payants, ce qui fait qu’une large part de la population n’y a
pas accès. Nous
nous attacherons simplement aux domaines de la santé et de
l’éducation-formation.
L’espérance
de vie à la naissance s’élève à 46 ans en Sierra Leone, 50 ans en République démocratique
du Congo, 51 ans
en Côte d’Ivoire et au Tchad,… contre 82 ans en France, Italie, Luxembourg,
Suède[15]
(2013) … En Afrique, les infrastructures de santé sont peu nombreuses et
souvent en mauvais état. Par exemple, « les
hôpitaux sont sous équipés, le matériel est vétuste, les locaux inadaptés au
nombre grandissant de malades et le personnel est mal rémunéré.[16] » Sur le continent « où les revenus fiscaux sont faibles et le
financement de la santé majoritairement d’origine privée, la collectivité
laisse les patients seuls face à leurs besoins […] contrairement à la plupart
des pays riches, en Afrique, les patients doivent payer la totalité des coûts
sans qu’aucun système d’assurance ne rembourse leurs frais.[17] »
Le taux d’alphabétisation des
adultes s’élève à 25,3% en Guinée, 28,7% au Burkina Faso et au Niger, 33,4% au
Mali, 39% en Ethiopie… ce même taux a pour valeur, 99% en Italie et 97,7% en
Espagne[18].
La part de la population de 25 ans et plus ayant suivi un enseignement
secondaire ou supérieur est de 2% au Burkina Faso, 3,6% au Mozambique, 5,5% au
Tchad, 10,9% au Mali… contre 99% en Norvège et 100% en Suisse[19].
Les piètres résultats des systèmes d’éducation en Afrique s’expliquent
notamment par la lourde charge que représentent les frais de scolarité. Par
exemple, « actuellement, le gouvernement de la
République démocratique du Congo alloue autour de 8 pour cent de son
Produit intérieur brut au soutien de l’éducation, ce qui est insuffisant pour
couvrir les frais d'entretien du système éducatif sur l’ensemble du pays. Le
reste du financement pèse donc lourdement sur les parents, à qui l’on
demande de payer une moyenne de 65 dollars par an, par enfant, pour
compléter les salaires des enseignants, les dépenses de maintenance et autres
coûts d’exploitation scolaire.
En moyenne, une famille congolaise typique gagne seulement
140 dollars par an, aussi ces coûts scolaires ne permettent pas aux
parents d’envoyer tous leurs enfants à l’école.[20] »
L’écart entre le mieux vivre dans
les pays de départ et celui des pays d’arrivée est important et semble
représenter une incitation majeure à la migration. Encore faut-il que le
migrant puisse bénéficier assez rapidement des conditions du mieux vivre du pays
d’accueil, compte tenu de la législation souvent restrictive et de la situation
du marché du travail.
L’« Eldorado »
de là-bas
Pour profiter
pleinement du bien être là-bas (dans le pays de destination de la migration) il
faut des revenus. Le modèle de Todaro
considère un niveau de salaire urbain pondéré par la probabilité de trouver un
emploi en raison de l’existence d’un volant de chômage. En ce qui concerne
l’Europe et particulièrement la France, cette hypothèse ne tient pas car il
n’est pas nécessaire de trouver un emploi pour bénéficier de revenus et de
prestations sociales.
En France, les immigrés sans
papiers qui arrivent de là-bas ont des droits ici non liés à l’occupation d’un
emploi qui, avec l’entrée progressive dans la légalité, donnent lieu à des prestations, tant
financières qu’en nature, croissantes notamment liées à la composition de la
famille.
Il serait fastidieux d’en dresser
une liste exhaustive, mais il est possible de signaler[21] : (i) l’aide temporaire
d’attente pour les demandeurs d’asile (la France est la plus prodigue en Europe[22]
- 336€ par mois en 2014 – au total 180 millions inscrits au budget
2015) ; (ii) l’aide médicale de l’État (AME), soins gratuits[23],
263 962[24]
bénéficiaires en 2013 et 800 millions d’euros inscrits au budget 2015, ce qui
représente 3 030 euros, en moyenne, par bénéficiaire ; (iii)
« l’aide sociale à l’enfance (ASE) n’est subordonnée ni à la régularité du
séjour, ni même à une durée minimale de résidence en France »[25] ;
(iv) la scolarisation est un droit et elle est gratuite pour tous : « tous les enfants mineurs présents sur le territoire français
doivent être scolarisés sans condition de régularité de séjour de leurs parents
ou de leurs responsables légaux, ni de condition d’entrée dans le cadre du
regroupement familial[26] » ;
(v) le texte suivant du Groupe
d’information et de soutien des immigré-e-s (Gisti)
synthétise les droits des migrants sans papiers : « déclarer ses
revenus chaque année, donc recevoir l’avis d’imposition ou de non-imposition,
est un droit mais aussi une obligation à laquelle est tenu tout
« citoyen », c’est-à-dire toute personne vivant au sein de la société
française, qu’elle soit en situation régulière ou non. » […] l’avis
d’imposition ou de non-imposition, « est le justificatif de ressources
souvent nécessaire pour accéder à un ensemble de droits et prestations :
aide juridictionnelle, couverture maladie universelle complémentaire, minimum
vieillesse, prestations familiales, demande de logement social, bourse des
collèges ou des lycées, tarification des modes de garde collectifs, des
cantines scolaires ou des activités périscolaires, réduction ou gratuité des transports
en commun, etc »[27].
Il apparaît difficile de chiffrer
un montant moyen des revenus (directs ou indirects) espérés dans le pays de
destination car il dépend de la législation du pays d’accueil, de l’état du
marché de l’emploi dans ledit pays, de la composition de la famille du migrant…
Néanmoins, dans tous les cas, ce montant est vraisemblablement très supérieur à
celui obtenu dans les pays de départ.
Les coûts attachés à
l’opération migratoire
Le
différentiel élevé entre le niveau de bien-être dans le pays de départ et celui
du pays d’arrivée constitue, pour le candidat, une incitation majeure à la
migration. Ce différentiel représente les avantages au départ. Néanmoins, il
doit être minoré des coûts liés au déplacement : le voyage et les coûts connexes.
Le « passage » a un coût
très souvent élevé. Selon les lieux de départ, les lieux de destination, les
modes de transport, le coût peut varier fortement. « En moyenne, le prix d’une traversée [de la Méditerranée] pour
un clandestin oscille entre 800 et 8 000 euros. D’après les informations
recueillies par la presse italienne, une place de bateau dans le Blue Sky M
aurait coûté aux migrants la somme de 5 500 dollars par personne »[28]. « A ces « billets » aux
prix exorbitants s’ajoutent parfois de coûteuses « options » : 170
euros pour un gilet de sauvetage et même 250 euros pour pouvoir passer un coup
de fil via un téléphone satellitaire[29] ». Concernant les migrants chinois,
« le voyage pour la France nécessiterait une somme variant de 12 000 à 18
000 euros. Pour l’Angleterre le coût serait de 22 000 à 30 000 euros, quant aux
Etats-Unis, la somme est 3 fois plus importante[30] ».
Dans
tous les cas, le coût de la migration représente un multiple élevé du revenu moyen du
pays de départ. Si le migrant peut financer avec ses propres deniers le coût de
la migration, ce n’est pas un « pauvre » fuyant la misère. Dans le
cas contraire, l’opération est financée par l’emprunt qui doit être remboursé
par le produit des « activités » dans le pays d’accueil. De plus, le
remboursement est généralement garanti contre un éventuel défaut de
l’emprunteur[31].
Le problème de la
dette
Dans certains
cas, le migrant débarque dans le pays d’accueil chargé du fardeau de la dette
relative à l’opération de migration. Etant donné les engagements pris, la
pression possible sur le reste de la famille restée au pays, les représailles
sur place des réseaux liés au financement du « passage »… le migrant
doit impérativement trouver rapidement des ressources. Elles peuvent émaner des
prestations sociales de l’État providence du pays d’accueil, de revenus du
travail (généralement non déclaré pour les sans-papiers) ou d’activités plus « illicites ».
Par exemple,
« face à la fermeture du marché du travail et aux restrictions d’entrée en
Europe, les femmes [nigérianes] migrantes n’ont bien souvent qu’une alternative
professionnelle : travail de service aux personnes ou travail du sexe[32] ». Pour
certaines travailleuses du sexe, le remboursement de la dette se fera sur
« une période qui peut aller de deux à cinq ans[33] ». Il est
possible d’imaginer quels autres types d’activités illicites sont susceptibles
d’être menées par les migrants asservis par la dette.
Malgré les coûts,
le calcul économique du migrant potentiel, dont l’horizon se situe souvent à très
long terme (sur plusieurs générations), se révèle généralement favorable au
départ.
Un calcul
coûts-bénéfices généralement favorable au départ
Il est évident que le coût de la
migration peut être amorti dans un avenir relativement proche en fonction de
l’importance des revenus dégagés par le dispositif de l’État providence et des
activités. L’espérance de revenus croissants dans le temps avec la
régularisation, les changements dans la structure familiale… majorent les
anticipations de mieux vivre. Même si certaines anticipations s’avèrent
initialement surévaluées, « l’Europe est un
eldorado » et le « départ représente un
espoir de mieux-être matériel pour l’ensemble de la famille » tant pour la
partie qui migre que pour celle qui reste au pays[34].
Le pays de
destination choisi sera rationnellement celui qui dégage le solde
coûts-bénéfices le plus élevé. En Europe, les medias répètent, à l’envi, que le Royaume-Uni et l’Allemagne seraient les
destinations les plus prisées des migrants. La France ne serait qu’un second choix.
Le Royaume-Uni et l’Allemagne destinations
« préférées » des migrants
L’attrait de la Grande-Bretagne
s’explique principalement pour des raisons communautaires[35] et de « moindre »
contrôle. « Pour le logement par exemple,[…]
à Paris, les demandeurs d’asile peuvent attendre plusieurs mois avant d’être
logés.
En revanche, la
grande majorité des demandeurs d’asile ont un toit au Royaume-Uni, notamment
grâce à l’aide de leur communauté sur place. » De plus, « la
perspective d’être dans un pays dont la langue est moins étrangère, où l’on
pourra compter sur l’aide d’une communauté pour trouver du travail[36] et un logement,
où l’on a même parfois des membres de la famille, est pour beaucoup dans le
mythe de l’eldorado anglais. » « Une différence de taille rend la
situation de clandestin moins effrayante au Royaume-Uni qu’en France : nos
voisins britanniques n’ont aucun système de carte d’identité »[37].
Avec 800 000
migrants attendus en 2015, l’Allemagne est le premier pays européen d’accueil
car « l’Allemagne
a besoin de migrants et facilite leur mise à l’emploi[38] ». « Le
problème est bien connu : une population vieillissante, un taux de fécondité
parmi les moins élevés en Europe et, dans le même temps, une économie qui
tourne à plein régime[39] ». Pour les migrants, « souvent jeunes et qualifiés mais
confrontées à des taux de chômage très élevés dans leurs pays, l’Allemagne est
actuellement une terre d’opportunités. Ils y sont accueillis à bras ouverts par
beaucoup d'entrepreneurs allemands, et souvent, ils bénéficient d’aides à
l'intégration (cours de langue, etc.)[40] ».
En fait, la plus forte attractivité respective de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne semble résider dans les facilités
d’accueil offertes aux migrants principalement soucieux de trouver un emploi
(souvent à n’importe quel prix).
Flux migratoires et
loi du marché
La mondialisation néolibérale
réalise, à l’échelle planétaire, l’extension du marché qui met en concurrence
les territoires et les hommes qui les habitent. Ainsi, à travers la délocalisation
géographique de leurs activités, les entreprises multinationales migrent vers les
zones à profit maximal, c’est-à-dire vers des zones à niveaux de salaire et de
protection sociale minimaux. La loi du marché favorise les espaces les moins
bien disant dans les domaines économique, social, règlementaire…
A l’instar des multinationales,
les mouvements migratoires se dirigent vers les territoires où ils peuvent
bénéficier d’un maximum d’avantages. Ils visent les espaces les mieux disant
pour les migrants dans les domaines économique, social, règlementaire…
En définitive, la migration (à
caractère économique) respecte la loi du marché, celle de l’offre et de la
demande. La demande de migration privilégie l’offre la plus attrayante.
Dans ce contexte, sur le plan
théorique, les flux migratoires ne pourront se tarir que lorsqu’il y aura
égalisation des conditions - c.-à-d. des incitations nettes au départ nulles[41] - au niveau planétaire. A priori,
ce n’est pas pour demain et la marée migratoire vers l’Europe conservera certainement
encore longtemps des coefficients élevés.
Bernard Conte le 24 août 2015
[1] Le dictionnaire tv5monde propose au mot
« réfugié » les synonymes suivants : étranger, déplacé,
expatrié, fuyard, dissident, immigrant, immigré, allogène, métèque [péj], résident, apatride, sinistré, émigré, victime. http://dictionnaire.tv5.org/dictionnaire/synonymes/refugie Au terme « migrant », le
Centre national de ressources textuelles et lexicales indique le synonymes
suivants : immigré, immigrant, émigré. http://www.cnrtl.fr/synonymie/migrant/substantif
[3] Il s’agit d’une approche micro
(individuelle) et non macro qui envisagerait les mécanismes et les effets globaux
de l’immigration.
[4] (ceteris paribus) Dans un
contexte donné, la variation d’un seul paramètre est étudiée tandis que les
autres facteurs ne sont pas pris en compte. http://www.linternaute.com/expression/langue-francaise/14713/toutes-choses-egales-par-ailleurs/
[5] http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/le-drame-des-migrants-en-cinq-graphiques-edifiants_1707803.html Source du graphique : idem.
Nous avons prolongé la tendance pour l’estimation de l’ensemble de l’année 2015.
[8] Dalaï-lama, Le pouvoir de la bonté, Paris, Marabout, 2005, p.46.
[9] « Pour la plupart, les migrants sont venus en France dans l’espoir de
percevoir des salaires plus élevés que ceux auxquels ils peuvent prétendre dans
leur patrie (Giraud-PamartNouv.1974). Cité par
le Centre National de ressources textuelles et lexicales. http://www.cnrtl.fr/lexicographie/migrant
[10] Harris J.R. et Todaro
M. (1970), « Migration, unemployment and development : a two-sector
analysis », American Economic Review, n° 60, p. 126-142.
[11] Un euro disponible aujourd’hui et
un euro disponible dans un an n’ont pas la même valeur présente (actuelle), ne
serait-ce qu’en raison de l’incertitude (je peux mourir demain) et de
l’inflation. Pour cela, les sommes (revenus) futur(e)s doivent être actualisé(e)s.
Les méthodes d’actualisation prennent en considération deux facteurs humains principaux
déterminant la valeur-temps de l’argent :
la préférence pour la jouissance immédiate et l’aversion au risque
[12] « La parité de pouvoir d’achat (PPA) est un taux de conversion
monétaire qui permet d'exprimer dans une unité commune les pouvoirs d'achat des différentes
monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d'unités monétaires
nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même
« panier » de biens et de services. Ce taux de conversion peut être
différent du « taux de change » ; en effet, le taux de change d’une
monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les
marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un
consommateur. », http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/parite-pouvoir-achat.htm
[17] Valéry Ridde et Karl Blanchet,
Vers la gratuité des
soins en Afrique ? http://humanitaire.revues.org/480
[20] Unicef,
« La faiblesse des
taux de scolarisation incitent à investir davantage dans l’éducation en
République démocratique du Congo », http://www.unicef.org/french/infobycountry/drcongo_51031.html
[21] Pour une présentation exhaustive
des droits des immigrés, voir : Groupe d’information et de soutien des
immigré-e-s, Sans papiers mais pas sans
droits, Gisti-Les notes pratiques 6ème édition, Paris, 2013.
[22] Capital, « Aides aux sans-papiers : la France
généreuse » http://www.capital.fr/a-la-une/politique-economique/aides-aux-sans-papiers-la-france-genereuse-1011588
[23] « Charge supportée par le
patient pour une consultation chez un généraliste : Prix de la
consultation : 23 euros
Reste à charge pour le patient avec l’AME : 0 euro ; Reste à charge pour le patient avec la CMU : 0 euro ; Reste à charge pour le patient avec le régime général : 7,90 euros », source : cf. note précédente.
Reste à charge pour le patient avec l’AME : 0 euro ; Reste à charge pour le patient avec la CMU : 0 euro ; Reste à charge pour le patient avec le régime général : 7,90 euros », source : cf. note précédente.
[24] Ces chiffres semblent sous-estimés
car selon Claude Goasguen : «Le nombre de bénéficiaires de l'AME était de 220 000
pour les trois premiers mois de l'année 2012 et de 270 000 pour la même période
en 2013.», » Sans-papiers : alerte sur le coût de l'aide
médicale », http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/10/23/01016-20131023ARTFIG00482-sans-papiers-alerte-sur-l-aide-medicale.php
[27] Sans papiers mais pas sans droits, op.cit. p 21.
[30] Gao Yun, Véronique Poisson, « Le
trafic et l'exploitation des migrants chinois en France », Genève, BIT, 2005.
[31] Interview d’une immigrée nigériane :
« Même les personnes qui
n’ont pas beaucoup d’argent peuvent partir, car une fois en Europe tout le monde rembourse. On a donné sa
parole, et la famille est garante », Françoise Guillemaut
« Sexe, juju et migrations. Regard
anthropologique sur les processus migratoires de femmes africaines en France »,
http://rsa.revues.org/404
[32] Idem.
[33] Idem.
[34] Sexe, juju et
migrations… op. cit.
[35] Il y a de fortes communautés
émanant des anciennes colonies
britanniques: Soudan, Irak, Somalie, Pakistan,…
[36] En Grande-Bretagne, « pour les sans-papiers, il y est plus
facile de trouver un travail au noir, faiblement rémunéré », http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/11/03/01016-20141103ARTFIG00299-le-royaume-uni-eldorado-fantasme-des-migrants-de-calais.php
[39] Idem.
[41] Dans ce cas, le résultat du calcul
coûts-bénéfices de la migration est égal à zéro et la migration ne présente plus
aucun intérêt.
Pour compléter, une citation d'Emmanuel Valls : "Je suis ouvert à un examen de cette liste mais il faut être responsable : toutes les demandes ne se valent pas et il faut pouvoir les hiérarchiser. Il faut être lucide et avoir bien conscience des pays d'où viennent les abus, sans stigmatiser les populations. Une part non négligeable de la demande d'asile correspond en réalité à de la migration économique".
RépondreSupprimerhttp://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/04/manuel-valls-il-faut-reformer-notre-systeme-d-asile-a-bout-de-souffle_3170996_3224.html