Pages

vendredi 23 janvier 2015

Conférence : La pauvreté dans un monde globalisé

tƐg

Conférence-débat à Talence

La pauvreté dans un monde globalisé

Avec

Jean-Philippe Berrou
Economiste, Les Afriques dans le monde (LAM) / Sciences-Po Bordeaux


Croissance et pauvreté en Afrique

Depuis le début des années 2000, un vent d’Afro-optimisme souffle au regard des taux de croissance exceptionnels que connait le continent africain (plus de 5% en moyenne). Pour autant, la situation sur le front de la réduction de la pauvreté reste mitigée. À l’heure du bilan des Objectifs du Millénaire pour le Développement, la réduction de la pauvreté sur le continent constitue toujours un enjeu majeur. Celui-ci ne saurait être analysé ni compris sans le mettre en relation avec la nature des modèles de croissance et des politiques économiques d’inspirations libérales à l’œuvre.


et 
Bernard Conte
Economiste –Les Afriques dans le monde (LAM) – Sciences-Po Bordeaux


Austérité et pauvreté dans les pays « riches »

Le dualisme sociétal a longtemps été l’apanage du Tiers-monde. Il se caractérise notamment par la polarisation riches-pauvres de la société. La dynamique néolibérale impose un ajustement structurel qui tend à généraliser au monde entier le dualisme des sociétés sous-développées, au plus grand profit des « saigneurs » de la finance. C’est ce que je nomme la Tiers-mondialisation de la planète. Cette Tiers-mondialisation atteint maintenant les pays du Nord, dits développés, sans épargner le pays « central » : les États-Unis.

Mardi 3 février 2015 à 20h15
-------------------------------------------------------------------------
Auditorium du Forum des Arts et de la Culture
Place Alcala de Henares – A côté de la librairie Georges
Centre ville de Talence
Tramway ligne B – station Forum

Contact : 06 98 52 99 78 - bconte@free.fr  


mercredi 21 janvier 2015

L'hippodrome de Talence

L'hippodrome de Talence en 1920
(archives familiales)

Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre...

lundi 12 janvier 2015

Conseil Municipal du 19 janvier 2015 - Ordre du jour


Conseil Municipal du 19 janvier 2015
Ordre du jour
RAPPORTEUR - M. LE MAIRE
1 – Décisions municipales – Information du Conseil
2 - Dématérialisation – Télétransmission des actes soumis au contrôle de légalité – Convention entre l'Etat et la Ville de Talence
RAPPORTEUR - M. DUART - Adjoint délégué au Périscolaire
3 - Convention relative à la mise en place d'un projet éducatif territorial avec les services de l'Etat. (PEDT)
RAPPORTEUR – Mme LUTREAU-CHAVERON – Adjointe déléguée aux ressources Humaines
4 - Renouvellement de la mise à disposition d’un agent communal auprès du CAJ
RAPPORTEUR - M. GOYER - Adjoint délégué à l'Urbanisme, la Publicité, l'Affichage, les Enseignes et pré-enseignes, la Taxe locale de publicité extérieure
5 - Autorisation de dépôt d’une déclaration préalable en vue de la division de la parcelle AS N° 687 sise 98 rue Bourgès à TALENCE
6 - Élaboration du Règlement Local de Publicité intercommunal (RLPi) de Bordeaux Métropole - Débat sur les orientations
RAPPORTEUR - M. SALLABERRY – Adjoint délégué aux Finances
7 - Avance sur subvention de fonctionnement au CCAS et aux associations pour l’année 2015 
8 - Tarification des classes de découverte
9 - Article L1612-1 du Code Général des Collectivités Territoriales - Exercice 2015 - Engagement, liquidation, mandatement des dépenses d’investissement
RAPPORTEUR - Mme FABRE-TABOURIN – Adjointe déléguée à la Qualité de ville, au Développement Durable et à la Participation Citoyenne
10 - Enlèvement des tags sur les immeubles privés talençais – Modification du cahier des charges
11 - Inscription de la Commune de Talence sur la liste départementale des villes où les façades des immeubles doivent être constamment tenues en bon état de propreté
12 - Expérimentation de fleurissement participatif des trottoirs. Charte d'engagement des habitants
13 - Création de vergers à Thouars – signature d'une convention d'accueil des collections du Conservatoire Végétal Régional d'Aquitaine
14 - Renouvellement convention jours de pointe avec la Lyonnaise des Eaux
15 - Charte Manifestations éco-responsables
16 - Mise en place d'un atelier d'urbanisme concernant le devenir du terrain communal cadastré BM 81 sis 7 rue du 19 mars 1962
RAPPORTEUR – M. BONNIN – Conseiller municipal délégué à la CLECT
17 - Approbation du rapport de la CLECT en date du 2 décembre 2014
QUESTIONS ORALES

samedi 10 janvier 2015

La pauvreté selon l'âge en France

La pauvreté selon l’âge

article repris du site de l’Observatoire des inégalités 

9 janvier 2015 - Un peu plus de la moitié des personnes pauvres a moins de 30 ans. Les plus de 60 ans sont moins touchés mais ils ont peu d’espoir, contrairement aux moins âgés, de voir leur situation s’améliorer.

La pauvreté touche en premier lieu les enfants de moins de 10 ans (10,9 %), 12,3 % des adolescents (10-19 ans) et les jeunes adultes (20-29 ans) dont plus d’un sur dix est pauvre. Parmi les 4,8 millions de pauvres au seuil de 50 % du niveau de vie médian, 1,7 million (un peu plus du tiers du total) sont des enfants et des adolescents.
La notion « d’enfants pauvres » cache la pauvreté des parents. Les enfants pauvres le sont parce que leurs parents disposent de revenus insuffisants, notamment du fait du chômage, des bas salaires et du morcellement des temps de travail (temps partiel, intérim, CDD, etc.).
Les plus de 60 ans sont moins souvent concernés par la pauvreté que les autres catégories d’âge. 3,6 % d’entre eux sont pauvres et ils représentent 10,7 % des personnes pauvres. Cela ne signifie pas pour autant que leur situation soit moins grave : une partie de ces personnes, notamment en milieu rural, survivent avec de très bas revenus. On le dit rarement, mais les plus âgés sont dans une situation particulière qu’il faut prendre en compte : il est très peu probable que leur situation évolue, alors que les plus jeunes peuvent toujours espérer un avenir meilleur.


La pauvreté selon l'âge
Au seuil de 50 % du niveau de vie médian
Nombre
en milliers
Taux
en %
Part de la population pauvre 
en %
Les enfants (moins de 10 ans)83810,917,3
Les adolescents (10-19 ans)90812,318,7
Les jeunes adultes (20-29 ans)78211,116,1
Les adultes (30-59 ans)1 8097,337,3
Les seniors (plus de 60 ans)5183,610,7
Ensemble4 8557,9100
Source : Insee - données 2011

Photo / © Rossella - Fotolia.com
Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre...

vendredi 9 janvier 2015

SYRIZA avance un programme pour sauver le capitalisme grec et européen

article issu de : World Socialist Web Site 

Par Robert Stevens 
8 janvier 2015
« Aujourd’hui nous vous présentons non pas ce que nous voudrions faire, mais ce dont nous sommes capables. »
Par ces mots, Alexis Tsipras, le chef de Syriza (Coalition de la gauche radicale), a présenté le programme de son parti au Salon international grec à Thessaloniki en septembre 2014. S’il était plus honnête, il aurait rajouté, « Et ce que nous sommes capable de faire est déterminé par l’élite financière internationale, avec qui nous sommes en discussion constante ».
Le gouvernement de New Democracy/PASOK avait échoué à faire élire un nouveau chef d’Etat par le parlement le mois dernier, déclenchant des élections législatives le 25 janvier. En tête dans les sondages, SYRIZA présente son «Programme Thessaloniki» comme une solution progressiste à la crise. En fait, SYRIZA l'a formulé pour convaincre le capitalisme grec et européen qu'il est le parti le mieux placé pour empêcher un désastre imminent.
Le programme de SYRIZA prône un « New Deal européen », avec des investissements publics financés par la Banque d’investissement européen. Il souligne que, à l’opposé de la perspective du gouvernement actuel de Samaras de construire une alliance seulement « avec le gouvernement allemand », SYRIZA veut « négocier et nous travaillons à construire des alliances les plus larges en Europe ».
Son appel principal est pour « l’assouplissement quantitatif de la Banque centrale européenne (BCE) avec l’achat direct des obligations souveraines. »
Cette politique de la planche à billet est favorisé par des éléments la BCE, mais ce n’est pas le cas du côté allemand.
SYRIZA n’offre que des propositions les plus élimées pour limiter l'impact des mesures d’austérité imposés par les gouvernements successifs grecs à la botte de la « troïka » (l’Union européenne, la BCE, et le Fonds monétaire international). Il affirme qu’un gouvernement SYRIZA mènera le « redressement » de la Grèce, « inversant progressivement toutes les injustices des Mémorandums (de l’Union européenne) » pour « restaurer progressivement les salaires et pensions de retraite pour stimuler la consommation et la demande. »
Il appelle à un Plan de reconstruction nationale pour « inverser la désintégration sociale et économique, reconstruire l’économie, et sortir de la crise. » Mais le premier des quatre « piliers » du programme, qui appelle à « confronter la crise humanitaire », n’est accordé que 239 mots en tout.
Les mesures présentées ne visent que « la couche sociale la plus vulnérable », notamment une gratuité d’électricité (limitée à 3,600 KW par an) et des repas subventionnés pour 300,000 familles. D’autre mesures comprennent la restitution de la prime de Noël, des soins médicaux et pharmaceutiques gratuits pour les chômeurs sans couverture sociale, et un titre de transport public pour les chômeurs de longue durée et ceux en dessous du seuil de pauvreté.
Ce qui a été fait en Grèce constitue un désastre humanitaire, et les propositions de SYRIZA ne répondent nullement à la gravité de la situation.
Pour confronter la catastrophe sociale imposée à la Grèce, SYRIZA ne compte dépenser qu’un peu plus de €1.8 milliards, sur les €11.3 milliards total de son programme. Mais d’après le Centre pour la Recherche politique progressiste, un panel d’experts grecs, €62,5 milliards de mesures d’austérité furent imposés en Grèce entre 2010 et 2014.
Beaucoup de gens sont massivement endettés suite aux licenciements, aux réductions de salaires et de retraites, et à une panoplie de nouvelles taxes touchant surtout les plus pauvres. Mais sous SYRIZA, il n’y aurait que des « cas par cas d’annulation partielle de dettes encourues par les gens actuellement sous le seuil de pauvreté, aussi bien que le principe général de réajustement de dette pour que le service total de la dette destiné aux banques, l’état, et les fonds de la sécurité sociale ne dépassent pas un tiers du revenu du débiteur ».
L’élite dirigeante ne serait quasiment pas concernée. Concernant l’évasion fiscale généralisée des grecs les plus riches, SYRIZA propose de « collecter, au bas mot, €20 milliards sur le total de €68 milliards d’impayés étalés sur une période de sept ans ».
L’effort proposé par SYRIZA est si dérisoire qu’il doit reconnaître que cela ne rapporterait que €3 milliards dans la première année.
SYRIZA a élaboré son programme au cours d’intenses discussions avec des personnalités politiques de premier plan – surtout, et cela malgré des remarques critiques occasionnelles des deux côtés, avec les représentants de l’élite dirigeante allemande.
La semaine dernière, le quotidien italien La Stampa a signalé que Jörg Asmussen, dirgeant du Parti Social-démocrate (SPD) allemand et membre du cabinet du gouvernement de coalition de l'Union Chrétien-démocrate/SPD de la chancelière Angela Merkel, participe depuis des semaines à des pourparlers secrets avec des dirigeants de Syriza.
Asmussen, un ancien dirigeant de la Banque centrale européenne, est proche du président de la BCE Mario Draghi et du ministre de Finances allemand Wolfgang Schäuble. Business Insider l'appelle « l'homme choisi par Francfort et Berlin pour s'occuper d'Alexis Tsipras »
Ceux choisis par SYRIZA pour sonder les représentants du capital sont eux-mêmes, pour la plupart, issus de milieux bourgeois privilégiés. Ils ne sont aucunement embarrassés par leurs discussions extensives avec les institutions principales capitalistes du monde.
John Milios, chef économiste de SYRIZA, est sorti du Collège d'Athènes, l'école privée la plus prestigieuse de Grèce. Dans un entretien avec leGuardian, où il est décrit comme le fils de parents « avec des opinions distinctement pas de gauche », Milos déclare: « Je n'ai jamais eu d'affiliation avec le marxisme soviétique ».
Schäuble compte parmi ceux que Milios a rencontrés. Expliquant son rôle, Milios a dit : « [Je] continuerai à participer constamment dans la formulation de l'opinion grecque et internationale ... participant institutionnellement à des réunions cruciales avec des organisations internationales (FMI, les agences gouvernementales d'autres pays, les centres financies, etc.) tout comme ce que j'ai fait jusqu'à présent.... »
Dans un entretien avec un journal grec, Milios a dit des « contacts internationaux » qu'il rencontre régulièrement, « croyez-moi, 'là-bas' il faut une conduite des affaires très délicate ».
Un autre conseiller de Tsipras est l'économiste et héritier d'une famille de gros armateurs, Giorgos Stathakis. En janvier 2014, Stathakis a rassuré les élites financières qu'un gouvernement SYRIZA payerait la vaste majorité de la dette grecque. Il a déclaré: « Plus de 90 pour cent de la dette est la dette traditionnelle, publique des marchés, c'est à dire, des obligations. Il n'y a pas de processus juridique pour s'opposer à cela ».
Euclide Tsakalotos, autre conseiller de Tsipras, est un député SYRIZA et professeur d'économie formé à Oxford. En 2012, il a dit à l' Australian Broadcasting Corporation qu'il n'y avait rien de trop radical dans le programme du parti : « En fait, nous avons le programme que les anciens partis travaillistes et sociaux-démocrates avait dans le temps... »
La classe dirigeante sait à qui elle a affaire et qu'elle n'a rien à craindre de SYRIZA. Krishna Guha d'Evacore, société offrant des services d'investissement et de conseils financiers, a dit au Financial Times, « Nous croyons que Tsipras s'avérera plus pragmatique que la rhétorique passée de SYRIZA donne à penser. Il a ouvert des canaux de communication informels avec Berlin, Paris et Francfort et a tout intérêt à tenter de négocier des modifications relativement cosmétiques au programme grec et de naviguer les premières étapes de la reprise grecque plutôt que de la dérailler ».
Toutefois, SYRIZA sera chargé d'aller encore plus vers la droite pour éviter d'être déstabilisé par l'Allemagne et l'UE. L'hebdomadaire influent Der Spiegela signalé samedi que Merkel est prête à voir la Grèce quitter la zone euro si un gouvernement conduit par SYRIZA venait à abandonner son engagement à imposer une politique d'austérité.
« Le gouvernement allemand considère quasiment inévitable une sortie de la zone euro (par la Grèce) si le dirigeant de l'opposition Alexis Tsipras dirige le gouvernement après l'élection et abandonne la discipline budgétaire et ne paie pas les dettes du pays », a écrit Der Spiegel .
Dans un entretien avec Rheinische Post du 31 décembre, un membre haut placé de la CDU, Michael Fuchs, a menacé: « Si Alexis Tsipras du parti de gauche grec SYRIZA pense qu'il peut réduire les efforts de réforme et les mesures d'austérité, alors la troïka sera obligée de réduire les crédits pour la Grèce.... L'époque à laquelle il fallait aller à la rescousse de la Grèce a vécu. Il n'y a plus de possibilité de chantage. La Grèce n'est plus importante pour le système de l'euro ».

jeudi 8 janvier 2015

"Je suis couillonné, eh bien, voilà, je fous le camp !

Pour la Commission européenne : l’appartenance à la zone euro est « irrévocable »...

Charles de Gaulle : "Je suis couillonné, eh bien, voilà, je fous le camp ! "

Texte actualisé le 5 janvier 2015
jeudi 8 janvier 2015, par Comité Valmy
Actualisation le 5 janvier 2015, de cet article mis en ligne en septembre 2011, en réponse à cette déclaration arrogante de la Commission européenne :

Grèce : pour la Commission européenne, l’appartenance à la zone euro est « irrévocable ».
L’appartenance d’un pays à la zone euro est « irrévocable », a rappelé lundi 5 janvier Annika Breidthardt, une porte-parole de la Commission européenne, en réponse à une question sur une possible sortie de la Grèce de la monnaie unique. Rappelant que cette règle était inscrite dans le traité européen.

Pour Charles de Gaulle dans cette Europe, rien ne saurait être irrévocable ou irréversible. Il en est certainement de même pour le peuple de France.

L’article qui suit, paru le 2 septembre 2008, connait depuis quelques jours un remarquable succès. Il s’agit d’une interview du général de Gaulle alors au pouvoir, au sujet de la possibilité de quitter l’Union européenne alors que la modalité de sortie n’était pas prévue dans le traité de Rome. (comme la possibilité de sortie de l’euro n’était pas prévue dans le traité de Maastricht, ce qui oblige à quitter l’Union européenne pour quitter l’euro). La réponse magistrale du Général est d’une lumineuse simplicité qui vérifie l’adage : "les grandes idées n’ont pas d’âge, elle n’ont qu’un avenir". Cerise sur le gâteau, on y vérifie accessoirement que de Gaulle préférait un rapprochement avec l’Union soviétique plutôt qu’un enfermement de la nation dans le piège européen.


Charles de Gaulle : "Je suis couillonné, eh bien, voilà, je fous le camp ! "


Général de Gaulle : Le Marché Commun, il n’y a en fait que deux ans qu’on a commencé à le réaliser. Or notre expansion industrielle remonte à bien avant deux ans. L’expansion industrielle allemande, italienne, de même. Ceux qui racontent des histoires sur les bienfaits incomparables de l’intégration européenne sont des jean-foutre.


Alain Peyrefitte- - Le traité de Rome n’a rien prévu pour qu’un de ses membres le quitte.


Général de Gaulle. - C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : "Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! " Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça.


AP. - Nous pouvons dire que ce n’est pas nous qui abandonnons le Marché commun, c’est lui qui nous abandonne.


GdG. - Mais non ! Ce n’est pas la peine de raconter des histoires ! D’ailleurs, tout ce qui a été fait pour l’Europe, par ceux qu’on appelle les "européens ", a très bien marché tant que c’était la France qui payait tout. On a commencé par la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Ça a consisté en quoi ? En ce qu’on a rendu à l’Allemagne son charbon et son acier, qu’elle n’avait plus car on les lui avait retirés. On les lui a rendus pour rien. Et ça a consisté à donner aux Italiens ce qu’ils n’avaient pas : du charbon et du fer. Alors, ils ont pu faire une industrie métallurgique. Mais nous, nous n’avons pas retiré un rotin de la CECA, pas un rotin !

Nous avions un problème qui était la modernisation de nos mines, mais nous les avons modernisées sans que la CECA nous donne un sou. Voilà ce qu’a été la CECA ! C’était une escroquerie, au profit des Allemands et des Italiens !

« Après quoi, on a fait l’EURATOM. Et c’est la même chose. Dans l’EURATOM, nous apportons 95% . Il n’y a que nous qui ayons une réelle capacité atomique. Les autres n’en ont absolument aucune, ni installations, ni spécialistes pour les faire tourner. Alors, nous mettons en commun nos 95% de capacité atomique et les autres mettent leurs 5% et on partage les résultats, chacun au même titre ! C’est une escroquerie !

« La Communauté européenne de défense, c’était la même chose. Pourquoi l’a-t-on inventée ? Parce que les Allemands n’avaient pas d’armée. Alors, comme on avait peur des Russes, il fallait qu’ils en fassent une, mais comme on ne voulait pas qu’elle soit sous commandement allemand, on la plaçait sous le commandement du général Norstadt. Mais du coup, on voulait en faire autant pour l’armée française ! C’est l’Europe à leur façon. Mais si l’on veut faire une Europe qui ne soit pas à notre détriment, alors, il n’y a plus personne !

« Évidemment, aujourd’hui, les Allemands commencent à se dire : « Si nous ne faisons pas le Marché commun avec les Français, les Français vont s’arranger avec les Russes. Et ensuite, qu’est-ce qui va nous arriver ? Nous serons en danger. » Et c’est parfaitement exact. Si la politique du traité franco-allemand, c’est-à-dire le noyau de l’Europe, ne réussit pas, eh bien, nous irons vers d’autres.


AP. - D’autres, c’est-à-dire les Russes ?

GdG. - Naturellement ! Ils voient que le moment est venu. Ils nous font des mamours, en se disant : "On va pouvoir s’arranger avec les Français, comme autrefois." Et dans ce cas, nous cesserons d’être couillonnés, ce sont les Allemands qui le seront. »


Extrait de "C’était de Gaulle" d’Alain Peyrefitte - Tome II - Page 267
Mise en ligne CV : septembre 2011

Les élites se donnent de bonnes raisons pour frauder

 Article repris du site de l’Observatoire des inégalités - Lien


« Les élites se donnent de bonnes raisons pour frauder ». Entretien avec Pierre Lascoumes, directeur de recherche CNRS au Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po

2 décembre 2014 - Les riches fraudent tout autant que les pauvres. Mais ils se donnent de bonnes raisons de le faire. Entretien avec Pierre Lascoumes, directeur de recherche CNRS au Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po. Extrait du magazine Alternatives Economiques.

Pourquoi les riches fraudent-ils ?
Pourquoi ne frauderaient-ils pas ! Le sociologue Emile Durkheim (1858-1917) expliquait déjà que chaque groupe social, les riches comme les autres, entretient un rapport particulier aux normes. Et le Hollandais Willem Adriaan Bonger (1876-1940) ajoutait que les transgressions s’expliquent par la compétition entre catégories sociales et le besoin de reconnaissance. Même les mieux dotés se sentent dans un climat de concurrence qui incite certains d’entre eux à recourir à tous les moyens pour assurer leur place. Le besoin de puissance est sans fin.
Les élites économiques qui fraudent développent tout un ensemble de « techniques de neutralisation », dites-vous, pour justifier leurs actes. De quoi s’agit-il ?
Ces analyses viennent du sociologue américain Harold Garfinkel (1917-2011), qui s’est demandé comment les jeunes délinquants justifiaient leurs actes à leurs propres yeux. Transposé aux élites délinquantes, on a mis en évidence plusieurs types de comportement du même ordre. D’abord, l’intérêt de l’entreprise justifie beaucoup de transgressions. Ensuite, celles-ci peuvent être perçues comme un comportement conforme aux normes du milieu. Enfin, l’absence de réaction ou la tolérance encouragent la fraude. Regardez les prises de position d’un Jérôme Kerviel : de son point de vue, il n’a agi que pour l’intérêt de son entreprise et parce que tout le monde autour de lui était d’accord.
Ces phénomènes de neutralisation de la faute sont très présents chez les élites : elles ont toujours une bonne raison d’avoir fait ce qu’elles ont fait. Il y a un déni complet du caractère abusif de beaucoup d’actions menées et de leurs conséquences négatives. Surtout, elles insistent sur le fait qu’aucun signal n’est venu de leur environnement pour les prévenir qu’ils étaient en train de franchir la ligne jaune. Personne n’a prévenu le député Thomas Thévenoud qu’il devait payer son loyer et ses impôts !
Il y a, enfin, des enquêtes psychologiques qui montrent que les enfants des classes supérieures passent plus facilement outre aux règles du jeu et aux normes, comme si elles étaient réservées aux gens ordinaires. Il y a un apprentissage précoce à une conduite en dehors des clous.
La société traite-t-elle de la même façon la fraude des élites délinquantes et celle des pauvres ?
Pas du tout, les attitudes sont radicalement différentes. Les atteintes aux personnes et aux biens sont immédiatement perçues comme négatives, car on se sent facilement proche des victimes auxquelles on s’identifie. A l’inverse, la délinquance des élites est en général abstraite, elle repose sur des montages comptables et autres qui jouent avec les règles. De plus, nous avons tous du mal à nous concevoir comme des victimes de ces pratiques et à accepter que ceux qui dirigent les entreprises, au cœur de l’emploi et de la production de richesse, puissent abuser de leur position. Dans notre imaginaire, les élites économiques et politiques agissent dans l’intérêt du bien commun. Il est difficile de penser que certaines d’entre elles agissent dans le même temps pour le détruire.
Pierre Lascoumes, directeur de recherche CNRS au Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po, auteur notamment, avec Carla Nagels, de « Sociologie des élites délinquantes. De la criminalité en col blanc à la corruption politique », ed. Armand Colin, septembre 2014.
Propos recueillis par Christian Chavagneux. Extrait du magazine Alternatives Economiques, dossier « Qui sont les vrais fraudeurs ? », n° 340, novembre 2014.
Date de rédaction le 2 décembre 2014
Dernière révision le 4 décembre 2014
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités

A (re) voir : il faut restructurer nos élites


Les minima sociaux en France

En France environ dix pour cent de la population  vit de l'aide sociale

Article repris du site de l’Observatoire des inégalités

Les minima sociaux en France

12 décembre 2014 - Près de 3,8 millions de personnes sont allocataires de minima sociaux, mais un peu plus de 6 millions de personnes au total en vivent.

Le nombre d’allocataires du Revenu de solidarité active (RSA)
Depuis le 1er juin 2009, le Revenu minimum d’insertion (RMI) et l’Allocation de parent isolé (API) ont été remplacés par le Revenu de solidarité active (RSA) qui, de la même manière, garantit des ressources minimales. Il concerne également les personnes qui travaillent mais dont les revenus sont faibles. En décembre 2013, près de 1,8 million de personnes percevaient le RSA socle, versé aux personnes sans activité.
La baisse du nombre d’allocataires de minima sociaux constatée en 2007 et 2008 a connu un net ralentissement en 2009. Au 31 décembre 2009, 142 300 personnes supplémentaires, par rapport à décembre 2008, étaient allocataires du Revenu minimum d’insertion (RMI). Ce renversement de tendance est dû aux effets négatifs, sur l’emploi notamment, de la crise financière et économique débutée fin 2008. L’évolution du nombre de Rmistes, et aujourd’hui d’allocataires du RSA, est en effet très fortement liée à la croissance de l’activité et à la conjoncture de l’emploi, très dégradée dès 2009. Entre 2009 et 2013, le nombre de personnes percevant le RSA a augmenté de 326 000 personnes, soit une hausse de 22,3 %.
A noter que depuis le 1er septembre 2010, le RSA s’est élargi aux moins de 25 ans, le « RSA jeunes actifs », sous condition d’avoir travaillé pendant deux ans les trois dernières années et aux départements d’Outre-mer depuis le 1er janvier 2011.

Montant du RSA socle au 01/01/2014 : 499 € pour une personne seule sans enfant, 899 € pour une personne seule avec deux enfants, 1 049 € pour un couple avec deux enfants.
Pour en savoir plus : Les foyers bénéficiaires du Rsa fin décembre 2013, Rsa conjoncture n° 5 - Caf, mars 2014.
Le nombre d’allocataires des minima sociaux
Le nombre d’allocataires de minima sociaux s’établit en 2012 à 3,8 millions. En 2000, ce chiffre était de 3,2 millions, soit 600 000 personnes de moins. Le revenu minimum d’insertion, puis le RSA socle à partir de juin 2009, comptent le plus grand nombre de ces allocataires (1,68 million). En comptabilisant les ayants droit (conjoints, enfants...), plus de 6 millions d’individus vivent d’une allocation de ce dispositif.

Pour en savoir plus :
Photo / © Rossella - Fotolia.com

lundi 5 janvier 2015

Jacques Duclos (PCF) en octobre 1952


A ne pas manquer : un texte historique de Jacques Duclos

POUR UN PUISSANT FRONT NATIONAL UNI 
Jacques Duclos (octobre 1952)

mardi 30 décembre 2014, par Comité Valmy
La nation veut l’indépendance et la paix.
Le 3 octobre 1952, ce texte de Jacques Duclos, « Pour un puissant front national uni », a ouvert à Montreuil les travaux du Comité Central du Parti Communiste Français. Celui-ci a adopté l’appel que ce rapport comportait.
Il s’agit d’un document historique rare, qui confirme que Jacques Duclos (dont il convient de rappeler qu’il a dirigé la Résistance nationale et antinazie du PCF pendant l’Occupation) avait compris la nécessité de barrer la route à l’impérialisme étasunien et à ses agents en France. A la tête de ceux-ci, se trouvaient déjà les dirigeants socialistes.

Pendant 7 ou 8 mois, cette stratégie politique particulièrement lucide et pertinente, liant les questions sociale et nationale, sera celle du PCF. Le 10 avril 1953, à son retour de Moscou où il se soignait, Maurice Thorez était-il porteur de « critiques soviétiques » ? En tout cas, cette voie privilégiant le maintien de l’indépendance nationale et de la souveraineté – alors que les dirigeants socialistes ont déjà ouvertement fait acte d’allégeance envers les dirigeants étasuniens – est abandonnée dès la deuxième partie de 1953. En 1954, le XIIIe Congrès du PCF préconise à nouveau la recherche de l’unité avec ces socialistes, malgré leur vassalisation et leurs responsabilités dans les guerres coloniales.

Après bien des péripéties, ce choix stratégique de la direction du PCF conduira à la catastrophique ligne politique d’union de la gauche, à l’élection de François Mitterrand, à Maastricht, à l’euro et à l’euro-dictature, c’est-à-dire à la régression sociale, à la trahison nationale et à la perte de la souveraineté du peuple nation…Elle continue à nous entrainer aujourd’hui vers la fusion euro-transatlantique, les guerres à répétition pouvant entrainer une troisième guerre mondiale.

L’appel de Jacques Duclos était, l’histoire l’a démontré, totalement justifié. La politique dont il était potentiellement porteur était certainement difficile à concrétiser, mais l’exemple de la Résistance et du CNR encore très proche indiquait un chemin possible.

En 1966, le Centre Marxiste-Léniniste de France avait retrouvé et repris cet appel de Jacques Duclos et du Comité Central du PCF en soulignant son actualité.

Dans les ouvrages du PCF concernant son histoire, cet appel est quasiment effacé, un peu comme si cette démarche politique n’avait jamais existé, alors qu’aujourd’hui encore nous pensons qu’il indique, en substance, la voie de l’union du peuple de France, qui seule permettra de rétablir l’indépendance nationale, la souveraineté populaire, la démocratie et le progrès social. Le Comité Valmy s’est depuis de longues années prononcé pour la création d’un front patriotique de progrès…

L’expérience du Comité Valmy, qui depuis 1991 rassemble des militants de sensibilités diverses, et notamment des gaullistes et des communistes, confirme le caractère réaliste de cette démarche politique. Nous sommes heureux de pouvoir remettre en lumière cet appel « oublié » (et si difficile à trouver) sur le site du Comité Valmy.
Claude Beaulieu

POUR UN PUISSANT
FRONT NATIONAL UNI

La nation veut l’indépendance et la paix

Dans les circonstances présentes, alors qu’il s’agit de sauver le pays, d’empêcher qu’il ne sombre dans la ruine et la honte d’une politique de trahison, le devoir qui s’impose est d’unir la classe ouvrière et de rassembler avec elle, en un puissant Front national uni, l’immense masse des Français et Françaises qui « sont résolus à lutter pour la paix et l’indépendance de la patrie sans aucune distinction d’opinions politiques, de croyances religieuses ou de situation sociale ».

De plus en plus nombreux sont ceux qui en arrivent à penser que la situation actuelle, conséquence de la politique du gouvernement Pinay, ne peut plus durer, que le plan Schuman et la mainmise américaine, tant politique qu’économique, sur notre pays, ont des conséquences désastreuses auxquelles il faut mettre un terme, que le réarme¬ment de l’Allemagne de l’Ouest, avec les menaces qu’il comporte pour la sécurité de la France, est inacceptable.

Il faut dire en effet et répéter que l’action des masses, si elle atteint un degré de puissance suffisant, peut non seulement faire triompher telles ou telles revendications économiques, atteindre tels ou tels objectifs politiques immédiats comme, par exemple, le dégonflement du complot, mais elle peut aussi aboutir à des victoires bien plus grandes.

L’action des masses peut imposer non seulement un changement de gouvernement, ce qui ne serait rien si la même politique devait être poursuivie avec un autre gouvernement plus ou moins semblable, mais elle peut imposer aussi, et c’est cela qui est important, un changement de politique.

L’intérêt de la classe ouvrière et de l’ensemble du peuple, l’intérêt de la France, exigent que tout soit mis en œuvre pour imposer le départ du gouvernement actuel et pour rendre inefficaces les intrigues de ceux qui, comme les dirigeants socialistes, font semblant de combattre Pinay tout en manœuvrant pour assurer sa survie ministérielle ou tout au moins la continuation de sa politique.

Pour ne citer qu’un exemple de l’état d’infériorité et de dépendance dans lequel la politique gouvernementale place notre pays, il suffit de comparer la situation actuelle de la sidérurgie française avec les prévisions que la Commission de modernisation de la sidérurgie faisait en novembre 1946, c’est-à-dire avant la marshallisation de la France dont le socialiste Ramadier fut le sinistre initiateur.

Cette commission prévoyait une production pour 1949 de 10 millions de tonnes d’acier, de 12 millions pour 1951 et de 15 millions par la suite.

De telles ambitions n’étaient nullement au-dessus des possibilités françaises, mais avec la politique de marshallisation le développement économique de la France devait être forcément entravé.

C’est si vrai que pour 1951, la production de la sidérurgie française, tributaire de l’Allemagne occidentale pour ses approvisionnements en coke sidérurgique, n’a été que de 9.800.000 tonnes, cependant que la sidérurgie allemande produit déjà 13.500.000 tonnes et atteindra 22 millions de tonnes en 1957.

Les trusts allemands sont entrés avec une supériorité évidente dans le pool charbon-acier qui va verser 350 mil¬lions de marks au criminel de guerre Krupp, et cette supériorité va être encore accrue par le règlement de la question de la Sarre, quelle que soit la solution adoptée.

Ce sont donc les trusts allemands qui vont être les grands bénéficiaires de l’opération de trahison des intérêts français que constitue le plan Schuman. Εt des usines françaises dont le développement était prévu par la Com¬mission de modernisation de la sidérurgie, sont vouées à la disparition avec le chômage qui en résultera et avec l’affaiblissement de la France qui en sera la conséquence.

Notre pays est ainsi réduit à une situation mineure, ce qui ne peut manquer de provoquer des mécontentements non seulement dans les rangs de la classe ouvrière, mais jusque dans les milieux de la bourgeoisie lésés dans leurs intérêts.

Ainsi se manifestent les contradictions qui minent le système impérialiste. Ces contradictions sont la consé¬quence inévitable de l’action des forces économiques internes du capitalisme, la conséquence de sa décadence générale.

Ces contradictions sont aggravées à la fois par la politique agressive du capital monopoliste américain et par la résistance active des masses à cette politique.

Comme on le sait, la politique des États-Unis vise à réduire la France au rôle d’une puissance de second rang et l’armée européenne sous commandement américain, avec les divisions de l’Allemagne occidentale comme élément de choc, est destinée non seulement à faire la guerre à l’U.R.S.S. et aux démocraties populaires, mais aussi à poursuivre l’asservissement de l’Europe occidentale et, en premier lieu, l’asservissement de la France.

Tout dernièrement, la presse italienne a fait état d’un accord secret entre Washington et Bonn prévoyant le transfert de troupes fascistes allemandes en France et en Italie, en cas de nécessité.

En présence d’une telle situation et des réactions qu’elle provoque inévitablement, la réalisation d’un Front national uni pour la reconquête de l’indépendance nationale et la défense de la paix, apparaît non seulement comme une impérieuse nécessité, mais elle doit pouvoir, grâce à d’audacieux et persévérants efforts, devenir une possibilité proche.

C’est seulement l’existence d’un puissant Front national développant son action de masse à travers le pays qui peut imposer les changements correspondant aux exigences de la situation et faire triompher une politique nouvelle.

Le changement de politique et ses conditions

Nul ne saurait contester que des millions de Français et de Françaises ont l’ardent désir de voir disparaître le gouvernement Pinay, de mettre fin à sa politique et de voir se constituer un gouvernement répondant à leurs vœux et à leurs préoccupations immédiates.

Εt nul ne saurait prétendre que le problème de la constitution éventuelle d’un tel gouvernement laisse indifférents les travailleurs, les démocrates, les patriotes, mais ce qu’ils doivent savoir, ce que nous leur disons avec force, c’est que tout dépend d’eux, c’est-à-dire de nous tous.
C’est seulement dans la mesure où notre action unie sera assez forte pour exercer une pression suffisante jusque dans les milieux parlementaires que cette éventualité deviendra une possibilité.

Sans doute y a-t-il en ce moment un nombre important de Français qui n’approuvent pas entièrement le programme communiste que nous considérons, quant à nous, comme répondant seul pleinement aux besoins et aux intérêts présents et à venir de notre pays, mais beaucoup de ces Français sont cependant d’accord avec nous sur un certain nombre de points et peuvent constituer avec nous un puissant Front national uni qui se fixerait des objectifs politiques et économiques répondant aux exigences de l’heure.

Le Front national uni rassemblant des hommes et des femmes de toutes opinions, de toutes croyances et de toutes conditions sociales pourrait sans aucun doute, avec l’assentiment de tous, se fixer pour tâches de rétablir l’indépendance de la France, d’imposer l’abrogation du plan Schuman, de s’opposer résolument à la remilitarisation de l’Allemagne occidentale, de lutter pour aboutir à une solution pacifique du problème allemand et de mettre fin à la guerre du Viêt-Nam.

Le Front national uni pourrait aussi, avec l’accord de tous, se fixer pour tâche de promouvoir une politique éco¬nomique, financière et sociale assurant, dans le cadre d’une économie de paix, le relèvement de l’industrie et de l’agri¬culture françaises, la satisfaction des revendications les plus pressantes des masses laborieuses, l’épanouissement de relations commerciales fructueuses avec tous les pays, la mise en œuvre de grands projets de reconstruction et de construction de maisons d’habitation.

Le Front national uni pourrait aussi, fort d’une approbation unanime, s’assigner pour tâche d’assurer la défense des libertés démocratiques contre toutes les attaques de la réaction et du fascisme.

Ainsi donc la constitution d’un puissant Front national uni plongeant ses racines dans les profondeurs de la nation et entraînant les masses à l’action peut rendre possible ce que certains s’acharnent à proclamer irréalisable pour justifier leurs agissements favorables à la poursuite de la politique de Pinay.

Seul un Front national réalisant l’union de tous les patriotes avec les communistes peut promouvoir une politique conforme aux intérêts du pays et imposer la formation d’un gouvernement décidé à appliquer cette politique.

Un changement de politique n’est possible, en effet, qu’avec le concours des communistes qui, eux, veulent l’unité d’action la plus large au sein d’un puissant Front national uni, pour ιimposer ce changement.

Et les tenants de l’anticommunisme doivent être considérés par tous ceux qui veulent ce changement, comme travaillant pratiquement en faveur de la continuation de la politique actuelle.

Cela, il faut le faire comprendre au pays, en démasquant le rôle joué par les dirigeants socialistes en tant que soutiens de la politique de Pinay.

Nous devons montrer clairement aux masses que c’est seulement par leur union et leur action au sein d’un Front national uni fort du soutien des Français et des Françaises dignes de ce nom, qu’elles peuvent s’assurer la possibilité de mettre un terme à une politique malfaisante qui conduit à France à la ruine, de barrer la route au fascisme, à la guerre, de promouvoir une politique répondant aux intérêts de la nation, au rétablissement de l’indépendance nationale, à la sauvegarde de de la paix et d’imposer la constitution d’un gouvernement véritablement français qui fera enfin une politique française.

Aidons au succès
de la Conférence nationale paysanne pour la paix

Cela dit, je tiens à préciser que la mobilisation des masses populaires pour la défense de la paix se pose devant notre Parti d’une manière très concrète pour la prochaine période.

Il s’agit, en effet, de préparer la Conférence nationale paysanne pour la paix qui se tiendra à Paris les 22 et 23 novembre et le Congrès mondial des peuples pour la paix qui, je le répète, se réunira le 5 décembre à Vienne.

Notre Parti a pour devoir de participer activement à la préparation de ces deux assemblées qui porteront de nouveaux coups aux plans criminels des fauteurs de guerre.

Le Comité national d’initiative qui a convoqué la Conférence nationale paysanne, dont fait partie notre camarade Waldeck Rochet, ardent défenseur des paysans de France, est composé d’agriculteurs, de membres de l’enseignement et de la recherche agronomiques, d’ingénieurs et de techniciens de l’agriculture.

Dans son appel pour la convocation de la Conférence nationale paysanne pour la paix, le Comité national d’initiative souligne avec raison :

« que la paix ne s’attend pas, mais se gagne et que la paysannerie peut jouer un rôle important dans la défense de la paix ».

C’est parfaitement juste et chacun peut comprendre aisément qu’on pourra d’autant plus sûrement faire reculer la guerre si à la lutte résolue de la classe ouvrière contre les chercheurs d’aventures, s’ajoute une résistance opiniâtre des paysans qui, en cas de guerre, constitueraient la piétaille sacrifiée d’avance par les fauteurs de guerre américains et qui verraient leurs villages et leurs hameaux disparaître dans les horreurs de la terre brûlée, de la guerre atomique et bactériologique que Ridgway réserve à la France.

D’ailleurs, les paysans ne voient pas seulement le danger de guerre sous l’angle des destructions qu’entraînerait un nouveau conflit si, par malheur, nous ne parvenions pas à l’empêcher.

Les paysans sont à même de constater chaque jour les effets désastreux que comporte pour eux la politique de préparation à la guerre avec les milliards qu’elle engloutit, tandis que la situation de l’agriculture ne cesse de s’aggraver.

Les personnalités agricoles de diverses opinions qui composent le Comité d’initiative départemental du Loir-et-Cher pour la Conférence nationale paysanne de la paix ont, comme nous l’apprend « La Terre », tenu à souligner cet état de choses en précisant dans leur appel aux agriculteurs de leur département :

« Nous savons que si l’on a manqué de moyens efficaces pour lutter contre la fièvre aphteuse et si l’on a supprimé 20 milliards de crédits à l’équipement rural, c’est parce que l’on engloutit, toujours plus d’argent dans les dépenses militaires. »

Et ces personnalités ajoutent ensuite :
« Nous savons que si tous les produits sont frappés de multiples taxes et impôts (ce qui explique l’écart croissant entre les prix à la production et les prix à la consommation), c’est encore pour alimenter le budget de la guerre. »

Ainsi, la solution des problèmes économiques d’importance vitale pour eux, est vue par les paysans en rapport direct avec l’action politique de masse indispensable pour imposer qu’un terme soit mis à l’actuelle politique de guerre.

Et ce ne sont pas les récentes promesses faites par Pinay en vue de semer de nouvelles illusions qui changeront quoi que ce soit à la situation des paysans, légitimement mécontents. La démagogie gouvernementale ne changera rien au fait qu’il n’est pas possible de dépenser des sommes fabuleuses pour la guerre sans réduire d’autant les crédits nécessaires à l’équipement du pays et au développement de son activité pacifique.

Il est indispensable que partout les communistes prennent une part active à la préparation de la Conférence nationale paysanne pour la paix, qu’ils contribuent à assurer le succès des assemblées de village où les paysans discuteront de l’action à mener pour combattre la politique de guerre poursuivie par le gouvernement et pour promouvoir une politique de paix.

Au cours de toutes ces discussions où toutes les opinions s’exprimeront en pleine liberté, les communistes pourront, montrer le véritable visage de notre parti et exposer sur les problèmes en discussion la position exacte de notre parti que la propagande ennemie s’emploie à déformer.

Ils pourront travailler, efficacement à réaliser dans les villages l’union la plus large des masses paysannes pour telles ou telles actions, sans jamais oublier que c’est seulement l’action qui rend l’union féconde et durable.

La préparation de la Conférence nationale paysanne pour la paix va contribuer de toute évidence à préparer le Congrès mondial des peuples pour la Paix dans les campagnes françaises.

Les organisations du parti dans les villages, les communistes militant dans les organiserions paysannes ont pour devoir de déployer une très grande activité pour assurer le succès de cette Conférence et pour en faire une nouvelle et grande victoire de la cause de la paix.

Participons activement à la préparation
du Congrès des peuples pour la paix

Et, partout, les organisations et militants du parti doivent consacrer de très grands efforts pour qu’une vaste consultation populaire soit á la base de la préparation du Congrès mondial des peuples pour la paix, qui peut être chez nous un puissant facteur d’unification de toutes les énergies nationales.

Les communistes ne sauraient manquer de participer activement avec l’ensemble des partisans de la paix au placement massif de la carte éditée à l’occasion du Congrès et, il ne s’agit pas là d’une opération destinée seulement à recueillir des fonds : il s’agit en réalité d’une activité politique qui, grâce au porte-à-porte, peut permettre de toucher des gens qui restent en dehors du champ d’action de la propagande des défenseurs de la paix et à qui il est possible d’ouvrir des horizons nouveaux.

Avec beaucoup d’audace et d’esprit de résolution, nous devons nous engager dans la voie d’un travail de masse qui ne manquera pas d’être fructueux pour la cause de la paix.

Il est vrai, comme l’a indiqué Frédéric Joliot-Curie dans sa lettre aux Comités nationaux de la paix que :

« de nouveaux milieux s’élèvent à la conscience du péril - des hommes et des femmes de toutes tendances et de toutes opinions voient plus clairement le nécessité de lutter pour la paix. En les entraînant dans l’action, nous pouvons faire triompher la paix. »

En faisant connaître à l’immense masse des Français et des Françaises les solutions proposées par le Conseil mondial de la paix aux problèmes angoissants de l’heure, il est sûr que nous trouverons des échos favorables dans des milieux qui, jusqu’à présent, sont restés fermés à la pénétration de nos arguments.

Quand le Conseil mondial de la paix préconise le règlement pacifique du problème allemand, la cessation immédiate de la guerre de Corée, la réduction rigoureusement contrôlée de tous les armements, l’interdiction des armes atomiques, chimiques et biologiques, et la signature d’un pacte de paix entre les cinq grandes puissances, il va sans aucun doute au-devant des pensées et des préoccupations de l’immense masse de nos compatriotes.

Au cours des discussions qui vont se dérouler pour préparer le Congrès des peuples, les militants communistes sauront écouter avec attention les opinions des autres et ils ne marqueront pas de montrer fraternellement ce qu’est la politique de paix de notre grand Parti.

Ils contribueront, par cela même, à faire tomber des opinions erronées sur notre compte et ils contrecarreront aussi l’activité malfaisante des fauteurs de guerre qui tendent à diviser des hommes et des femmes qu’un même désir de paix doit unir dans un même effort pour barrer la route aux fauteurs de guerre.

Les communistes doivent donc être d’actifs participants au mouvement de la paix, aux côtés d’hommes et de femmes de bonne volonté, de toutes opinions et de toutes croyances. Ils doivent être aux premiers rangs des organisateurs de Comités de la paix dans les entreprises, dans les localités.

Et la participation active des organisations et des militants du parti à l’action des masses pour la préparation du Congrès des peuples pour la paix ne doit nullement empêcher le parti d’appeler les travailleurs à l’action contre la guerre sur ses propres mots d’ordre qui peuvent n’être pas ceux du mouvement de la paix.

Renforçons les efforts en direction des militants
et des organisations de base du parti socialiste

Dans la lutte de masse pour la défense de la paix, nous devons faire de très grands efforts en direction des militants et des organisations de base du parti socialiste.

Le fait qu’un certain nombre de travailleurs socialistes se sont dressés contre le complot témoigne de possibilités grandissantes d’unité d’action à la base entre communistes et socialistes.

Il est aisé de faire comprendre que les attaques dirigées contre les libertés démocratiques par le gouvernement Pinay ne peuvent se séparer de la préparation à la guerre qu’il poursuit sous l’égide des impérialistes américains.

Et comment ne pas voir que la volonté de Pinay d’éliminer les communistes de la vie publique pour pouvoir plus aisément poursuivre la politique de guerre dictée par le gouvernement de Washington est le prolongement de l’opération faite en 1947 par les dirigeants socialistes qui, par ordre des Américains, éliminèrent les communistes du gouvernement pour pouvoir adopter le plan Marshall et s’engager dans la voie de l’aliénation de notre indépendance nationale ?

Rien ne devrait pouvoir empêcher les communistes et les travailleurs socialistes de s’unir pour lutter en commun et c’est parce que les dirigeants socialistes le savent fort bien qu’ils imposent d’en haut une criminelle politique de division contraire aux intérêts des travailleurs socialistes, et de l’ensemble de la classe ouvrière.

Nous devons dénoncer vigoureusement cette politique en montrant aux travailleurs socialistes que leurs dirigeants font le jeu de Pinay dont la force est faite de la division des victimes de sa politique, qu’ils font le jeu des exploiteurs capitalistes dont Pinay est le chargé d’affaires, qu’ils font le jeu des fauteurs de guerre et de leurs chefs de file, les impérialistes américains.

Et, en même temps, il est indispensable que les organisations du parti fassent des propositions d’action commune aux organisations de base du parti socialiste, dont trop souvent on ne se préoccupe pas.

C’est dans cette voie qu’il faut agir avec beaucoup d’audace et de ténacité sans perdre jamais de vue qu’il faut toujours voir le problème de l’unité sous l’angle de propositions d’actions communes, car le front unique, c’est l’ac¬tion, et c’est seulement dans l’action que l’unité peut trouver les éléments, d’un développement fructueux pour tous.

Le développement de l’action unie des masses
est indispensable

J’ai tenu à insister beaucoup dans ce rapport sur le développement indispensable de l’action des masses pour la défense de la paix, parce que du développement de cette action dépend la possibilité de mettre fin à la politique de trahison, de guerre, de misère et de fascisme qui conduit la France à la ruine, à la servitude et à la catastrophe.

Et maintenant, en conclusion, je veux souligner la nécessité pour notre parti de se mobiliser et de se lancer résolument dans un travail de grande envergure pour alerter les masses laborieuses des villes et des campagnes et prendre part activement, dans tous les domaines, à leurs luttes contre la politique de misère, de fascisme et de guerre poursuivie par le gouvernement Pinay.

Les plus grands efforts doivent être déployés afin que facticité des cellules d’entreprise et des cellules locales corresponde aux nécessités de l’heure, afin que les sections, les fédérations soient à la hauteur des événements.

Et, si la lutte contre le complot a déterminé des travailleurs, des démocrates, des patriotes à rejoindre les rangs de notre grand Parti, il est hors de doute que le développement de notre action à la tête des masses pour défendre les revendications des populations laborieuses, pour sauvegarder les libertés démocratiques, pour sauver la paix et pour imposer, par la manifestation de la volonté du peuple, les changements politiques dont notre pays a un pressant besoin, aura pour conséquence de susciter de nouvelles adhésions au parti de Maurice Thorez.

En intensifiant au maximum le travail de masse de notre parti, nous mettrons complètement en échec les plans criminels des comploteurs, nous renforcerons nos positions et nous serons à même de remplir avec honneur les taches qui nous incombent.

Armés de la doctrine invincible de Marx-Engels-Lénine-Staline, notre grand Parti, le grand Parti de Maurice Thorez saura améliorer sans cesse son travail en faisant preuve d’un grand esprit de responsabilité et sans jamais perdre de vue que le contentement de soi, l’insouciance sont des sentiments étrangers à l’esprit révolutionnaire des communistes.

Notre parti saura, en mobilisant toutes ses forces, jouer un rôle déterminant dans l’organisation de l’action unie des masses. Il saura s’inspirer de l’exemple du glorieux Parti Communiste (bolchévik) de l’U. R. S. S. à propos duquel l’hebdomadaire « Pour une paix durable, pour une démocratie populaire », écrivait récemment :

« L’expérience du glorieux Parti Communiste de l’Union Soviétique a une importance inappréciable pour tous les partis communistes et ouvriers. Durant toute son histoire, toujours et dans toutes les circonstances, le parti des bolchéviks a orienté ses organisations, ses membres vers le travail parmi les masses, vers la conquête de la confiance des masses, et c’est la raison de ses succès et de son invincibilité. Le parti des bolchéviks ne s’est jamais replié étroitement sur lui-même, il s’est fondu avec les masses et, après avoir écrasé tous ses ennemis, les ennemis du peuple, il a remporté des victoires historiques d’importance mondiale. »

Camarades, nous pouvons envisager l’avenir avec confiance et nous pouvons avoir la certitude que, grâce à nos efforts incessants, se constituera un puissant Front national uni qui, en développant l’action des masses d’un bout à l’autre du pays, changera le cours des événements, sauvera la France de la misère, de la ruine, du fascisme, rétablira la patrie dans son indépendance et assurera la victoire de la paix. (Applaudissements prolongés.)

***

LA RÉSOLUTION
DU COMITÉ CENTRAL

Le Comité Central du Parti Communiste Français, réuni à Montreuil les 3 et 4 septembre 1952, approuve le rapport présenté par le camarade Jacques Duclos sur « l’action du Parti Communiste Français dans le rassemblement des masses populaires pour la défense de la paix ».
Le Comité Central appelle les organisations et les militants du Parti à s’inspirer de ce rapport, avant tout pour réaliser l’unité d’action de la classe ouvrière, pour établir le contact avec les travailleurs socialistes et chrétiens ainsi qu’avec leurs organisations de base.
Cette unité d’action de la classe ouvrière est le meilleur gage de la victoire dans le grand combat pour les revendications des masses laborieuses et des classes moyennes à la ville et à la campagne, pour le succès du Congrès des Peuples pour la Paix et la réalisation du Front national uni de lutte pour l’indépendance du pays et pour la paix
.
Mise en ligne : 15 décembre 2014