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samedi 18 janvier 2020

Côte d'Ivoire : 1999 - 2000, le coup d’État prélude à l'instabilité


Côte d’Ivoire, 1999 - 2000, le coup d’État prélude à l'instabilité

La Côte d’Ivoire, jusqu’alors havre de paix et de sécurité en Afrique de l’Ouest, a connu, en décembre 1999, un coup d’État militaire qui a profondément changé la trajectoire politique, économique et sociale du pays.
Cet article propose une chronologie évènementielle de la Côte d’Ivoire sur les années 1999 – 2000.

Côte d'Ivoire
Montage Bernard Conte

1999 1999
janvier Démantèlement de la Caisse de stabilisation, notamment sous la pression de la Banque mondiale.
février Le FMI suspend ses décaissements pour mauvaise gestion des affaires publiques.
mai Une évaluation de l’Union européenne (UE) met à jour des détournements de fonds et de la corruption liés à son budget d’aide, ce qui la conduit à suspendre ses décaissements au titre de l’appui à l’ajustement structurel.
18 juin Le Japon et la Côte d’Ivoire ont procédé vendredi à Abidjan à un échange de notes concernant l’allègement sous forme de consolidation de la dette ivoirienne à l’égard du Japon, indique un communiqué de l’ambassade nipponne en Côte d’Ivoire. Le montant total des dettes qui font ainsi l’objet de consolidations s’élève à 13,418 milliards de francs CFA (134,18 millions de FF), précise le communiqué. Ces dettes avaient été contractées en 1982 et 1989 dans le cadre du Projet d’entretien routier et du programme d’ajustement du secteur agricole.
29 juin Le Japon a décidé d’octroyer une aide de 16 millions de dollars environ à la Côte d’Ivoire pour lui permettre de promouvoir ses réformes économiques et augmenter sa production alimentaire, a-t-on appris mardi de source officielle à Tokyo.
19 juillet Les Emirats Arabes Unis ont accordé ce week-end un don de 3,8 milliards de F CFA (38 millions de FF) à la Côte d’Ivoire pour le “financement des travaux” d’une mosquée au Plateau.
21 juillet Le gouvernement allemand a accordé un don de 3,8 milliards de F CFA (38 millions de FF) à la Côte d’Ivoire pour le “financement d’un projet de santé dans le pays”.
29 juillet Alassane Ouattara rentre en Côte d’Ivoire et le 1er août, au cours d’un congrès extraordinaire au Palais des sports d’Abidjan, il est élu président du RDR et déclare accepter d’être candidat à la présidence de la République.
10 août Remaniement du gouvernement annoncé depuis le mois de mars : le nombre de ministères passe de 36 à 35, trois ministres quittent le gouvernement.
12 août Le gouvernement ivoirien libéralise totalement le marché du cacao. Le prix d’achat aux producteurs fixé jusqu’alors par l’Etat est désormais libre.
18 septembre Konan Bédié reçoit Alassane Ouattara.
28 septembre A Dimbokro, le juge Zoro Bi ballo délivre un certificat de nationalité ivoirienne à Alassane Outtara.
6 octobre Alassane Ouattara se voit retirer la nationalité ivoirienne.
29 octobre Les principaux responsables du RDR sont arrêtés, puis condamnés au nom de la loi « anticasseurs », en novembre (10-12), à des peines de prison ferme, ceci à la suite d’une manifestation violente.
18 novembre Selon le gouvernement du Burkina Faso, 12 000 burkinabés ont été expulsés de Côte d’Ivoire en deux semaines.
29 novembre Alassane Ouattara qui séjourne en France est inculpé de ‘faux commis dans des documents administratifs, usage de faux et complicité’ et un mandat d’arrêt est lancé contre lui.
24 décembre Une mutinerie débouche sur un coup d’EtatLe président Henri Konan Bédié est destitué. Le général Robert Gueï, ancien chef d’état-major, est présenté comme le nouveau président de la RépubliqueDissolution de toutes les institutions de la République. Création du Comité national de salut public (CNSP).
29 décembre Alassane Ouattara est de retour au pays et les poursuites judiciaires à son encontre sont levées.

2000 2000
3 janvier En provenance de Lomé où il s’était réfugié, Henri Konan Bédié s’exile à Paris.
4 janvier La junte militaire annonce la composition du gouvernement de transition composé de 22 ministères.
5 janvier Le général Gueï annonce un moratoire sur le paiement de la dette extérieure de la Côte d’Ivoire.
10 janvier Le général Gueï annonce que la Côte d’Ivoire honorera sa dette extérieure.
11 janvier La France annonce qu’elle suspend une partie de sa coopération militaire.
16 janvier Le gouvernement est remodelé pour y insérer deux ministres supplémentaires pour le FPI.
21 janvier Un décret présidentiel crée une Commission consultative constitutionnelle et électorale (CCCE) chargée de préparer le nouveau cadre et les nouvelles règles du jeu politique.
26 janvier Le général Gueï annonce l’amnistie des dirigeants et militants du RDR et la libération des derniers dignitaires de l’ancien régime.
10 février La presse ivoirienne publie un document du FMI selon lequel la situation des finances publiques ivoiriennes est plus grave que prévu.
mars Suspension du processus de privatisation de la Société ivoirienne de raffinage (SIR).
10 mars La Suisse bloque, à titre provisoire, les comptes de l’ancien chef de l’Etat Konan Bédié.
15 mars Le parlement européen adopte une directive sur l’introduction de matières grasses végétales dans le chocolat.
30 mars Le Fonds africain de développement (FAD, groupe Banque africaine de développement) a accordé un prêt de 38,598 millions de dollars à la Côte d’Ivoire, Ce prêt, au titre du “mécanisme de financement supplémentaire” (MFS), est destiné à financer une partie des intérêts dûs par la Côte d’Ivoire pour 1999 sur des prêts précédemment contractés auprès de la BAD.
18 mai Le gouvernement d’union nationale vole en éclats avec le départ des ministres RDR. Le nouveau gouvernement compte 21 ministères, Seydou Diarra devient premier ministre, le FPI conserve ses six postes, deux membres du PDCI entrent dans le gouvernement à titre individuel, Henriette Diabaté est le seul ministre RDR.
31 mai Alassane Ouattara appelle à voter en faveur de la nouvelle constitution tout en regrettant que « ce texte renferme certaines ambiguïtés et incohérences concernant les conditions d’éligibilité du président de la République ».
28 juin La France va accorder une aide d’un million de francs (100 millions de francs CFA, 152.000 euros) pour l’organisation des élections devant “permettre le retour à des institutions démocratiques en Côte d’Ivoire” L’Agence française de développement (AFD) a accordé deux prêts de 19,9 milliards de francs CFA (199 millions FF, 30,3 millions euros) à la Côte d’Ivoire, indique mercredi un communiqué de cette institution. Le premier projet d’un montant de 6,2 milliards de F CFA vise à “réhabiliter la centrale hydroélectrique de Buyo” (400 Km au sud-ouest d’Abidjan).Le second projet, de 13,7 milliards de F CFA, concerne la réfection et la construction de ponts dans 12 départements du sud et du sud-est du pays.
4-5 juillet Des centaines de soldats investissent les rues de plusieurs villes pour réclamer un ‘trésor de guerre’ pour leur participation au coup d’Etat du 24 décembre. Nombreux pillages surtout à Bouaké. Robert Gueï dénonce une tentative de coup d’État.
23 juillet Les Ivoiriens se prononcent sur les projets de constitution et de code électoral. Le ‘oui’ remporte 87% des suffrages (avec une participation de 56%). La nouvelle constitution dispose que le candidat à l’élection présidentielle “doit être ivoirien de père et de mère eux-mêmes ivoiriens et qu’il ne doit pas s’être prévalu d’une autre nationalité”, ce qui élimine Alassane Ouattara. Ce dernier se déclare néanmoins candidat le 29 juillet.
septembre L’Agence française de développement (AFD) arrête ses décaissements en Côte d’Ivoire en vertu de l’application de la politique de sanction pour arriérés de remboursement de la dette.
18 septembre Attaque de la résidence de Robert Gueï qui aboutit au limogeage des numéros 2 et 3, les généraux Palenfo et Coulibaly.
6 octobre La Cour suprême déclare invalide les candidatures de 14 des 19 candidats à l’élection présidentielle dont celles de M. Ouattara et La Cour suprême déclare invalide la candidature de M. Ouattara ainsi que celle de Konan Bédié.
22 octobre A l’issue de ce premier tour de l’élection présidentielle, le général Gueï se déclare vainqueur et l’opposant Laurent Gbagbo, en tête dans les résultats partiels, se déclare chef de l’Etat de la Côte d’Ivoire. De graves émeutes éclatent. De très nombreux manifestants (25 octobre) réclament le départ des putschites. M. Ouattara, exclu de cette élection, réclame de nouvelles élections.
26 octobre Le général Gueï s’enfuit. Laurent Gbagbo est déclaré par la Cour suprême vainqueur avec 59, 36 % des voix devant Robert Guéï 32,7 %, Francis Wodié 5,7 %, Mel Théodore 1,5 % et Nicolas Dioulo 0,8 %. Laurent Gbagbo devient président de la 2ème République de Côte d’Ivoire. De violents affrontements ethniques ont lieu dans tout le pays.
27 octobre Récusant toute idée de nouvelles élections, Laurent Gbagbo forme son gouvernement, après la reconnaissance de sa victoire par le président de la Chambre constitutionnelle. Laurent Gbagbo nomme Pascal Affi N’guessan premier ministre.
28 octobre Découverte d’un charnier composé de 57 cadavres près de Yopougon, un quartier d’Abidjan. La responsabilité en est attribuée à la gendarmerie.
13 novembre Le général Gueï reconnaît la légitimité de Laurent Gbagbo.
4 décembre Suite à l’invalidation de la candidature d’Alassane. Ouattara aux élections législatives, de nombreuses et violentes manifestations éclatent à Abidjan.
10 décembre Elections législatives. A la suite du mot d’ordre de boycott lancé par le RDR, les élections n’ont pu se dérouler dans 29 circonscriptions du nord. Le taux de participation s’est élevé à 33.12%. Le FPI obtient 96 sièges de députés, le PDCI 77, les indépendants 16, le PIT 4, le MFA 1, l’UDCI 1 le RDR 1, les résultats concernent 196 sièges sur 225.
Sources : Abidjan.net, AFP, Reuters, HRW, ICG, IRIN, GRIP, Nord-Sud export, L’Inter, Fraternité-Matin, Notre Voie, Le Patriote, Le Jour, Le Nouveau Réveil, 24 Heures, Le Front, l’Intelligent d’Abidjan, Panapress, Xinhua.
Bernard CONTE
Chercheur associé au LAM
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