Bientôt une nouvelle campagne électorale.
Le personnel politique sortant, de quel bord qu'il se réclame, va nous rebattre les oreilles de : "voyez ce que j'ai fait pour votre ville", "voyez ce que j'ai fait pour vos loisirs", "voyez ce que j'ai fait pour vos fêtes", "voyez ce que j'ai fait pour l'honneur de votre ville", "voyez ce que j'ai fait pour votre culture"... comme si toutes ces dépenses étaient financées sur la cassette personnelle des élus.
Rien de nouveau...
En effet, lisons La Boétie :
"Ne croyez pas qu’il y ait nul oiseau qui se prenne mieux à la pipée, ni aucun poisson qui, pour la friandise, morde plus tôt et s’accroche plus vite à l’hameçon, que tous ces peuples qui se laissent promptement allécher et conduire à la servitude, pour la moindre douceur qu’on leur débite ou qu’on leur fasse goûter.
C’est vraiment chose merveilleuse qu’ils se laissent aller si promptement, pour peu qu’on les chatouille. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèces étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie.
Ce système, cette pratique, ces alléchements étaient les moyens qu’employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets dans la servitude. Ainsi, les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passe-temps, amusés d’un vain plaisir qui les éblouissait, s’habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal encore que les petits enfants n’apprennent à lire avec des images enluminées.
Les tyrans romains renchérirent encore sur ces moyens, en festoyant souvent les hommes des décuries en gorgeant ces gens abrutis et les flattant par où ils étaient plus faciles à prendre, le plaisir de la bouche. Aussi le plus instruit d’entre eux n’eût pas quitté son écuelle de soupe pour recouvrer la liberté de la république de Platon. Les tyrans faisaient ample largesse du quart de blé, du septier de vin, du sesterce et alors c’était vraiment pitié d’entendre crier vive le roi !
Les lourdauds ne s’apercevaient pas qu’en recevant toutes ces choses, ils ne faisaient que recouvrer une part de leur propre bien ; et que cette portion même qu’ils en recouvraient, le tyran n’aurait pu la leur donner, si, auparavant, il ne l’eût enlevée à eux-mêmes. Tel ramassait aujourd’hui le sesterce, tel se gorgeait, au festin public, en bénissant et Tibère et Néron de leur libéralité qui, le lendemain, était contraint d’abandonner ses biens à l’avarice, ses enfants à la luxure, son rang même à la cruauté de ces magnifiques empereurs, ne disait mot, pas plus qu’une pierre et ne se remuait pas plus qu’une souche."
Le personnel politique sortant, de quel bord qu'il se réclame, va nous rebattre les oreilles de : "voyez ce que j'ai fait pour votre ville", "voyez ce que j'ai fait pour vos loisirs", "voyez ce que j'ai fait pour vos fêtes", "voyez ce que j'ai fait pour l'honneur de votre ville", "voyez ce que j'ai fait pour votre culture"... comme si toutes ces dépenses étaient financées sur la cassette personnelle des élus.
Rien de nouveau...
En effet, lisons La Boétie :
"Ne croyez pas qu’il y ait nul oiseau qui se prenne mieux à la pipée, ni aucun poisson qui, pour la friandise, morde plus tôt et s’accroche plus vite à l’hameçon, que tous ces peuples qui se laissent promptement allécher et conduire à la servitude, pour la moindre douceur qu’on leur débite ou qu’on leur fasse goûter.
C’est vraiment chose merveilleuse qu’ils se laissent aller si promptement, pour peu qu’on les chatouille. Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes curieuses, les médailles, les tableaux et autres drogues de cette espèces étaient pour les peuples anciens les appâts de la servitude, la compensation de leur liberté ravie, les instruments de la tyrannie.
Ce système, cette pratique, ces alléchements étaient les moyens qu’employaient les anciens tyrans pour endormir leurs sujets dans la servitude. Ainsi, les peuples abrutis, trouvant beau tous ces passe-temps, amusés d’un vain plaisir qui les éblouissait, s’habituaient à servir aussi niaisement mais plus mal encore que les petits enfants n’apprennent à lire avec des images enluminées.
Les tyrans romains renchérirent encore sur ces moyens, en festoyant souvent les hommes des décuries en gorgeant ces gens abrutis et les flattant par où ils étaient plus faciles à prendre, le plaisir de la bouche. Aussi le plus instruit d’entre eux n’eût pas quitté son écuelle de soupe pour recouvrer la liberté de la république de Platon. Les tyrans faisaient ample largesse du quart de blé, du septier de vin, du sesterce et alors c’était vraiment pitié d’entendre crier vive le roi !
Les lourdauds ne s’apercevaient pas qu’en recevant toutes ces choses, ils ne faisaient que recouvrer une part de leur propre bien ; et que cette portion même qu’ils en recouvraient, le tyran n’aurait pu la leur donner, si, auparavant, il ne l’eût enlevée à eux-mêmes. Tel ramassait aujourd’hui le sesterce, tel se gorgeait, au festin public, en bénissant et Tibère et Néron de leur libéralité qui, le lendemain, était contraint d’abandonner ses biens à l’avarice, ses enfants à la luxure, son rang même à la cruauté de ces magnifiques empereurs, ne disait mot, pas plus qu’une pierre et ne se remuait pas plus qu’une souche."
Quelque chose a-t-il changé depuis les anciens tyrans ????
Néron
Quand est-ce que tu m'invites à manger ?
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