Le château Crespy
Monsieur le Maire,
Je souhaite revenir sur l’opération du château Crespy. La municipalité a acheté à l’État la parcelle de 4 203 m² au prix de 835 000 euros soit environ 200 € le m². Comme le terrain en question comprend le bâtiment du château et que le Conseil municipal n’a pas eu connaissance du document d’évaluation par le service des domaines, on peut penser que le prix du terrain nu est inférieur à 200 €.
La municipalité de Talence a donc racheté ce site à l’Etat pour le revendre immédiatement à Domofrance, opérateur de la maison-relais.
Le château a été réhabilité et les trois chalets prévus ont été construits pour un total d’environ 1 500 000€ entièrement financé par des entités autres que la municipalité de Talence. De plus, « le fonctionnement sera exclusivement financé par l’Etat (140 000 euros en année pleine) sans aucune subvention provenant des collectivités locales » (Dossier de presse préfecture de la Gironde, 14 décembre 2011).
Selon vos déclarations du 18 juillet 2011, au quotidien Sud-Ouest, « À côté [du château], Domofrance va réaliser un petit projet d’accession sociale et cède une partie du terrain à Pichet [promoteur immobilier], mais en vendant au promoteur deux fois le prix ! »
Il semblerait que la superficie de ladite partie du terrain rétrocédée au privé soit de 2 300 m² (Sud-Ouest, 2 juillet 2011). Selon vos dires, Monsieur le Maire, Domofrance revendrait le terrain à Pichet (200 € x 2) 400 € le m² : une aubaine !!! pour ce quartier. Bien sûr, monsieur Pradès va me dire que la rue est passante, que les prix ont baissé avec l’éclatement de la bulle, que les prix demandés sur le « Bon coin » sont exagérés… En fait, si l’on vous croit, les 2 300 m² seront vendus au prix de 920 000 €.
Par contre, si la municipalité avait décidé de conserver cette parcelle de 2300 m², cela nous aurait coûté 2 300 x 200 = 460 000 €. On peut par exemple rapprocher cette somme du montant de la subvention annuelle de 420 000 euros hors taxes c’est-à-dire (en considérant un taux de TVA de 19,6%, de 502 320 euros TTC) versée pour la salle de la Médoquine. Alors, il ne faut pas affirmer, sans cesse, que les opérations immobilières public – privé sont indispensables ! La municipalité a des ressources suffisantes pour ce genre d’opération.
Dans une autre interview (S-O du 18 juillet 2011) vous déclarez : « La Ville souhaite la réalisation d’une opération exemplaire, en acquérant le château Crespy et son terrain. Cela permettra de garantir le devenir équilibré de cet espace, tant en préservation du patrimoine, qu’en mixité sociale et en densité maîtrisée ». Concernant la mixité sociale, je ferai deux remarques. : 1) l’environnement du château est constitué par le projet Domofrance, la résidence Crespy, des maisons individuelles… ce qui assure, à mon sens, une mixité sociale suffisante sans avoir besoin du projet Pichet ; 2) en visitant les abords du château Crespy, il me semble que la mixité sociale que vous invoquez, Monsieur le Maire, soit une mixité qui se rapproche de celle qu’a connu l’Afrique du Sud du temps de l’apartheid. Je m’explique : le Château ainsi que les chalets sont entourés d’un grillage solide de plus de 2 m de haut… la mixité a des limites… on veut voir les pauvres mais surtout qu’ils restent derrière un grillage, on ne sait jamais !
Pour terminer, je tiens à informer le Conseil qu’un projet de parc public a été proposé en 2010, par Monsieur Garnier et Madame Boyer (d’Emmaüs), lors de la réunion de présentation aux riverains (tenue dans les locaux de la mairie), du projet global de Résidence sociale au 92, avenue du maréchal Leclerc.
Un parc public, constituant une « respiration » écologique, serait le bienvenu dans le quartier. D’autant plus que la parcelle recèle des arbres remarquables : platane, charme, magnolia… A ce propos, je tiens à mettre en lumière le hiatus entre le discours municipal et la réalité de l’action : d’un côté vous affichez « 1500 jours, 1500 arbres », vous élaborez une « charte de l’arbre » et d’un autre côté vous organisez l’abattage d’arbres remarquables pour faire la place nette au béton spéculatif.
Mes questions sont les suivantes : 1) Quand va-t-on faire tomber le grillage de l’apartheid, afin que les personnes qui logent dans la résidence sociale ne se sentent plus emprisonnées? 2) Allez-vous racheter le terrain de 2 300 m² à Domofrance et conserver les arbres pour en faire un parc public dont profiteront tous les talençais ?
Le grillage déjà posé
Le grillage en cours de pose
Quelques arbres magnifiques
"Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre"...
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