Les Jeux Olympiques de la faillite
Le Japon repousse ses Jeux Olympiques 2020 à 2021. La France maintient ceux de Paris 2024. Nouvelle gabegie d’argent du contribuable à l’horizon.
Par Simone Wapler.
Pour cause de Coronavirus, le Japon a décidé de repousser les JO de Tokyo à juillet 2021. « Ce seront les Jeux qui auront vaincu la Covid, la lumière au bout du tunnel », s’enflamme le président du comité de coordination. Il est vrai qu’une bonne petite dose de lyrisme ne fait pas de mal pour faire passer la pilule, des récents sondages montrant qu’une nette majorité de Japonais souhaiteraient le report ou l’annulation.
En France, cependant, aucun doute : ce n’est pas parce que nous croulons sous les milliers de milliards de dette qu’il faut remettre ce grand moment du vivre-ensemble, cette fête sportive populaire et solidaire qui devra se dérouler coûte que coûte. Dès à présent, on ausculte les rats parisiens pour s’assurer qu’ils ne contamineront pas les athlètes. À chacun ses pangolins, chez nous ce sont ces rongeurs qui propagent la leptospirose… Coût pour rendre la Seine baignable en lavant son eau du pipi des rats : 1,4 milliard d’euros.
Le budget dérape déjà
Une goutte d’eau dans un océan de dépenses. Lors de la présentation de la candidature de Paris, le budget initial était de 6,2 milliards d’euros, chiffre vite passé aux oubliettes. Dès que Paris fut adoubée, il commence à gonfler de 10 %, passant à 6,8 milliards. Déjà 600 millions de dérapage hors pipi de rat.
Sur ce budget initial les dépenses dites d’organisation devraient être couvertes en gros par moitié par le Cojo (comité d’organisation) qui compte sur les ventes de billets et d’objets.
L’autre moitié ce sont les dépenses d’infrastructure, soit 3 milliards, qui seraient couvertes par la Solidéo, autrement dit les poches des contribuables ou la dette, qui rappelons-le, n’est qu’un stock d’impôts.
Moins de la moitié de l’argent des sponsors (1,088 milliard) est à ce jour trouvé. Les annonceurs se bousculeront-ils au portillon après une année 2020 exécrable et une année 2021 qui, au mieux, s’annonce comme une lente convalescence pour les secteurs les plus touchés ?
Nous en sommes donc déjà à un dérapage de deux milliards sur un budget de trois milliards et ceci trois ans avant l’échéance.
Quel est le plombier, le boulanger, le chef d’entreprise qui survivrait en établissant des devis aussi approximatifs dans ses projets d’investissement, en assumant des décalages aussi prononcés entre ses devis et la réalité ? Aucun. Mais dès qu’on touche à l’argent public, l’irresponsabilité est la règle.
Les Jeux de la ruine
Tout doit tenir dans l’enveloppe de 6,8 milliards d’euros. Emmanuel Macron, tout frais élu président l’a rappelé : pas question de présenter une facture de dépassement aux contribuables-gaulois-réfractaire.
Il est vrai que les dérapages en Grèce (les Jeux d’Athènes ont accéléré la faillite du pays), en Russie, au Brésil ont laissé quelques traces dans les esprits. En moyenne, les budgets doublent. Même en Grande-Bretagne, pays dont les habitants ont la réputation de savoir compter et gérer, s’y est cassée les dents : les JO de Londres ont coûté trois fois plus cher que prévu. Les Jeux de Montréal obtiennent cependant la médaille d’or avec une ardoise dopé à 720 % et une dette qui a mis trente ans à être épongée.
Des Jeux imposés et non pas choisis
Pour avoir la malédiction d’être désignée future ville Olympique, Paris n’a pas eu à affronter beaucoup de concurrence. Car dans certains pays obscurantistes et non solidaires qui nous entourent, on consulte le peuple. Quand à Hambourg, les citoyens ont appris que la ville en serait pour 7 milliards, ils ont répondu « nein » au référendum. En Suisse, chaque votation a vu les organisateurs déboutés de leurs prétentions.
Quand on voit les images les installations désaffectées d’Athènes ou Rio, on se dit : « Si ça nous arrive, on va devoir payer ? » Kevin Bernardi
Car, évidemment, les mirifiques infrastructures ne profitent pas à la population.
Sans surprise, les premiers sondages ont montré que les Franciliens étaient contre les JO de Paris. Mais dans le pays des Droits de l’Homme, on évite de consulter le bon peuple qui pense mal.
Avant d’avoir dilapidé probablement plus de 15 milliards d’euros, si nos autorités avaient deux sous de jugeotte, elles prétexteraient le coronavirus pour quitter comme des rats ce navire en perdition. Hélas, comme elles sont dénuées de tout bon sens, elles préfèrent s’occuper de pipi de rat.
Quand on a la rage de l’impôt, on ne compte pas.
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