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vendredi 25 décembre 2015

Capitalisme de prédation : le chantage comme mode de gouvernance


Depuis 2008, le monde de l’économie réelle est plongé dans une situation inextricable, aux contours inquiétants. Cette situation est appelée « crise ». Les pays moteurs de croissance et leurs institutions financières affirment vouloir endiguer une cascade de phénomènes — potentiellement systémiques — pouvant écrouler le système économique mondialisé. Sans succès. La machine est grippée : les méthodes de relance sont contreproductives. Pourtant, la finance continue à très bien se porter. Le « petit monde » de l’économie libérale ne va pas du tout mal.
La gouvernance économique actuelle continue donc d’étrangler la majorité des populations des pays développés. La volonté des gouvernants est-elle véritablement de permettre un redressement économique tendant vers le plein emploi, un amoindrissement des inégalités, ou bien de maintenir le modèle actuel à tout prix ?

Statu-quo du modèle

Le capitalisme moderne et mondialisé, mis en place depuis une vingtaine d’années en grande partie par le biais de l’OMCdu FMI et de la Banque mondiale, est basé sur quelques principes simples, déclarés — par ceux qui l’ont mis en en place — comme incontournables. Le but affiché est « d’améliorer l’efficacité économique », donc d’accroitre les richesses, et par là même, le confort et la protection des populations. Ces grands principes ont été renouvelés à chaque round de l’OMC au cours des années 1990 : baisse des barrières douanières, dérégulations du plus grand nombre de secteurs de production, privatisation des entreprises d’Etat ou des services publics considérés comme non rentables, dérégulation financière, avec pour conséquence l’abolition des cadres de protections bancaires et la permission implicite de constitutions de monopoles.
Ce modèle économique, basé sur le laisser-faire, la libre circulation des capitaux et l’auto-régulation des marchés, a mené au retrait des Etats en tant qu’arbitres et acteurs majeurs de la gouvernance économique, puis par ricochet, sociale, et finalement, politique. Ce modèle n’est libéral que sur le droit international des entreprises et de la finance mondialisée. Il n’offre des libertés qu’aux flux financiers, aux multinationales, et au final, aux possesseurs de capitaux, à l’échelle d’une planète.
Si des réglementations sont mises en place — au sein de l’Union européenne par exemple — elles ne peuvent pour autant, en aucune manière, aller contre les grands principes établis du modèle libéral en question : la libre-concurrence, la liberté de circulation des capitaux, et l’interdiction d’ingérence des Etats au sein de ces phénomènes. Le modèle économique actuel — libéral et mondialisé — est donc dans une sorte de statu-quo, un consensus entre les grandes puissances, maintenu tel qu’il est, à l’aide des institutions supra-nationales que sont le FMI, l’OMC (et son tribunal), la Banque mondiale, et par effets de bord, avec l’ONU et ses diverses émanations.

Du libéralisme mondialisé au capitalisme de prédation planétaire

Ce modèle libéral et mondialisé mis en place depuis le milieu des années 90 a atteint son apogée en 2007. Les économies développées tournaient à plein à régime, les USA en tête, poussées par le développement des pays émergents, la Chine en premier. Mais cette apogée [particulièrement au sein des sociétés occidentales] n’était pas causée par le simple développement de l’économie réelle, de la production, et du simple accroissement des échanges de biens et services. Ce pic dans la mondialisation était avant tout soutenu par le crédit bancaire. Via des produits financiers complexes, opaques, et vendus dans des proportions jusque là inconnues.
La crise des « Subprimes », déclenchée par des banques Etatsuniennes s’est répandue sur la planète financière, puis bancaire, avec pour conséquence la volatilisation de milliers de milliards de dollars virtuels, entièrement créés par la sphère des marchés financiers. La chute inédite d’un des fleurons des « méta-banques », Lehman Brothers, a fait craindre un effet domino, aussitôt contré par des décisions politiques concertées… de renflouements des groupes financiers au bord du gouffre… par l’argent des Etats, donc de l’argent public.
Le système libéral produit des « règles » qu’il ne suit plus quand il atteint ses propres limites : les fleurons privés de ce système privatisent les bénéfices au détriment des salariés, mais acceptent l’argent public pour les sauver de la banqueroute, dès qu’ils l’estiment nécessaire. Privatisation des bénéfices, collectivisation des pertes.
Malgré 7 années de croissance économique presque nulle, voire de périodes de récessions pour certains Etats, des millions de personnes mises au chômage, les entreprises géantes de la finance internationale, les marchés financiers et leurs fonds d’investissements se portent toujours très bien aujourd’hui. L’économie réelle, elle, est atone, si l’on se positionne uniquement du côté des petite et des moyennes entreprises (non mondialisées), des artisans, et des salariés.
La réalité est pourtant toute autre que celle analysée par les experts de l’économie libérale, puisqu’en réalité, le capitalisme de prédation s’est développé de façon massive, et pratique ce qu’il sait faire le mieux : le chantage.

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