Dans l’homme, tout est bon
(homo homini porcus)
Par Yannick Blanc
À nos amis : Laurent Alexandre, Claude Allègre, Jean-Claude Ameisem, Henri Atlan, Jacques Attali, Robert Badinter, Alain Badiou, Christian Bataille, Alim-Louis Bénabid, Bernard Bigot, Bruno Bonnel, Gérald Bronner, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Vincent Courtillot, René Frydman, Louis Gallois, Pierre Benoit-Joly, Alain Juppé, Jean de Kervasdoué, Etienne Klein, Louis Laurent, Anne Lauvergeon, Philippe Marlière, Jean-Luc Mélenchon, Alexandre Moatti, à la revue Multitudes, à Xavier Niel, Jean Peyrelevade, Jean Therme, Serge Tisseron, à tous ceux qui luttent pour le Progrès et contre l’obscurantisme catastrophiste et réactionnaire.
« Que voulons-nous ? – TOUT ! »
(sous-titre de Tout, journal de Vive La Révolution)
« Nous chions sur toutes les normes »
(lu sur une banderole du GAG, le Groupe Anarchiste Galactique)
***
À ceux
qui s’étonneraient du langage et de l’origine des exergues surplombant ce
discours, je dirai que les demi-mots sont aussi passés de mode que les
demi-saisons et qu’en dernier recours, c’est l’ennemi qui nous ouvre l’issue de
l’impasse que l’on croyait sans faille. Cet ennemi, aussi risible soit-il, nous
sauve à son insu, pour peu que nous sachions le voir. Que nous sachions saisir
au vol ses oracles divagués, ses « mots d’ordre révolutionnaires » et leur
restituer leur sens profond et positif.Nous vivons une époque intéressante. Il n’est bruit que de catastrophe, d’apocalypse, d’effondrement. Il est normal qu’une plèbe dépassée cède à la panique et confonde la fin du monde avec sa fin propre. Comment des êtres nés au fond d’une fosse et y ayant toujours rampé pourraient se figurer d’autres êtres, d’autres lieux, au-delà du ciel qui leur bouche la vue. Comment pourraient-ils croire que l’écroulement de leur puits, la noyade et l’enfouissement sous la boue n’est pas la fin du monde ni celle de l’humanité. Rien ne sert de pleurer sur ce qui fut consumé depuis deux siècles que les glaces de l’Antarctique archivent le plomb des navires-usines, des baleiniers, des phoquiers, des cargos du Cap Horn, des mines de charbon et des industries métallurgiques du Chili, du Pérou, d’Australie et d’Afrique du Sud.
Nul besoin de chercher des coupables parmi les entrepreneurs et les héritiers des dynasties économiques. Si crime il y a, nous sommes tous coupables. Nous avons tous profité du progrès comme l’indique le terme d’« anthropocène » élu par les scientifiques pour désigner ce temps où nous dévorons plus tôt chaque année le revenu de notre capital planétaire et ce capital lui-même. En revanche, les titans qui par leur audace et leur énergie ont conquis les cimes du ciel et leur place au soleil ne peuvent s’abandonner aux paniques populaires. Ils doivent, eux qui jouissent d’une Weltanschauung, d’une vue sur le monde, l’envisager d’un œil froid et impersonnel, aux seules lumières de la raison. Et l’ayant considéré, eux qui sont les seuls à savoir, à vouloir et à pouvoir tout à la fois, ils doivent prendre les décisions rationnelles et sans retour pour aller de l’avant comme ils l’ont toujours fait. Le troupeau meuglera comme toujours aussi. Le commun n’aime que ce qu’il connaît, ses murs resserrés, la cage de ses habitudes, la roue du perpétuel retour. (...)
Du même auteur, Yannick Blanc, on peut lire aussi Les Esperados, une histoire des années 1970 (Editions L’Echappée, réédition) ; Enquête sur la mort de Gilgamesh (Editions Le Félin) ; Ouvrez pour moi le ciel (Editions Noël Blandin).
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