Pages

mardi 1 décembre 2015

Carton rouge pour le voeu Vert

Au cours de la séance du Conseil municipal de Talence du 30 novembre 2015, les élus Verts ont présenté un voeu en vue de son adoption par le Conseil.


Voici le texte du voeu qui, après discussion, sera légèrement amendé :


Vœu présenté par le groupe écologiste relatif à un engagement de la ville de Talence en faveur du désinvestissement dans les secteurs contribuant au dérèglement climatique 

Le 23 novembre 2015, la ville de Bordeaux a voté ce vœu, présenté par le groupe elu-ues écologistes.

En soumettant ce même vœu, nous demandons que la ville de Talence s'engage à faire connaître ses initiatives dans une campagne sur le désinvestissement des énergies fossiles et souhaitons qu'elle s'y engage le plus promptement possible, au vu des enjeux et de l'urgence climatique. 

Le mouvement international en faveur du désinvestissement des fonds publics et privés dans les entreprises d’énergies fossiles part d’un constat simple : 90 entreprises de la filière des énergies fossiles sont responsables des 2/3 des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les Etats et les collectivités publiques ne peuvent plus prétendre baisser les émissions de gaz à effet de serre en se bornant à contraindre leur consommation d’énergies fossiles et en n’agissant pas pour limiter leur production, voire en l’encourageant via des subventions massives : aujourd’hui pour 1€ investi dans les énergies renouvelables, 4€ le sont dans les énergies fossiles. 

En incitant au retrait des participations et placements financiers dans les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) le mouvement international en faveur du désinvestissement entend rediriger ces capitaux vers l’efficacité énergétique et la production d’énergies renouvelables. 

Le désinvestissement dans les énergies fossiles est donc une absolue nécessité car l’on sait désormais l'objectif des 2°C n’est réalisable que si 80 % des réserves connues d’énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) restent dans notre sous-sol. 

Pour l’heure, 456 institutions à travers le monde dont AXA, le Crédit Agricole la fondation Rockefeller et le fonds souverain norvégien ... ont pris part à cette campagne pour le désinvestissement, le montant total des actifs cumulés de ces institutions s’élève à 2400 milliards d’euros. 

A l’occasion du Sommet mondial Climat et Territoires organisé par Cités et Gouvernements 

Locaux Unis début juillet 2015, Janos Pasztor, sous-secrétaire général des Nations Unies aux changements climatiques, indiquait que les solutions réelles sur le terrain étaient déjà beaucoup plus en avance que les gouvernements dans les négociations. 

43 villes dans le monde ont pris des résolutions de désinvestissement. Cette campagne connaît une vraie dynamique et la ville de Talence doit prendre toute sa place, à quelques jours de la COP21. 

C’est pourquoi, afin de s’engager entièrement dans le désinvestissement des fonds liés aux énergies fossiles, le conseil municipal, réuni le 30 novembre 2015, émet le vœu que la ville de Talence : 

- s’engage à inciter les établissements bancaires et financiers avec lesquels elle contractualise, ainsi que les organismes de retraite des élus et des agents municipaux à désinvestir leurs fonds dans le secteur des énergies fossiles, pour réinvestir dans le secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, particulièrement auprès de la CNRACL -Caisse Nationale des Retraites des Agents des Collectivités Locales-, de l’IRCANTEC -qui gère les retraites complémentaires-, de l’ERAFP -fonds de pension gérant les retraites additionnelles de la fonction publique dans le cadre de la réforme de 2003- en ce qui concerne les salariés de la fonction publique, ainsi qu'avec la FONPEL et la CAREL (fonds de pension pour les élu-e-s) ; 

- s'engage à faire connaître ses initiatives dans une campagne sur le désinvestissement des énergies fossiles ; 

- demande à ce qu’un point d’étape régulier soit fait sur la mise en œuvre de ce vœu.


Mon explication de vote

Je n’apporterai pas mon soutien au vœu présenté par le groupe des élus écologistes. Ma décision se fonde sur un certain nombre de points dont j’évoquerai les sept principaux.

1. « Le 23 novembre 2015, la ville de Bordeaux a voté ce vœu », certes, mais la liste des nombreuses villes qui n’ont pas voté cet appel n’est pas indiquée. De plus, je rappelle que la ville de Bordeaux est gérée par la droite, cela signifie –t-il que la lutte contre le « réchauffement » doit gommer les clivages politiques comme le terrorisme est censé le faire. L’élan réchauffiste serait-il en mesure de refonder l’union nationale ?

2.      À l’instar de ceux qui prétendaient que la terre n’était pas plate, il existe des hérétiques qui prétendent que le réchauffement est un mythe. Personnellement engagé dans la recherche tout au long de ma carrière, j’ai appris à mettre en doute tous les dogmes et les vérités révélées, c’est ce qui permet le progrès de la connaissance. Néanmoins, je suis courageux, mais pas téméraire, et je me garderai de remettre en cause la platitude de notre planète.

3.       Récemment (ce matin par exemple sur RTL), le multimillionnaire Nicolas Hulot, chantre du réchauffisme, expliquait dans les medias que la lutte contre le réchauffement climatique était une urgence absolue car c’est lui qui est à l’origine de « l’ultra pauvreté », des flux de réfugiés et même du terrorisme. Ce ne sont ni l’exploitation de l’homme par l’homme ou l’exploitation de l’homme par la finance, ni la lutte des classes, ni la prédation des richesses du Tiers-Monde par le capitalisme, ni la mise en concurrence des territoires et des hommes sur l’ensemble de la planète par la mondialisation néolibérale qui sont à l’origine des maux actuels de nos sociétés. Le seul et unique coupable c’est le réchauffement ! L’ennemi est désigné, mais de façon suffisamment diffuse pour dissimuler les vrais responsables, et, selon la dichotomie « ami – ennemi » de Karl Schmitt, inspirateur du troisième Reich, au niveau mondial deux blocs vont émerger : les assassins et les sauveurs de la planète. Alors, pourquoi pas envisager une guerre entre les sauveurs et les assassins, cela ferait table rase et permettrait ensuite de « reconstruire » sur de nouvelles bases ?
  
4.       Ce vœu a pour but d’inciter au « retrait des participations et placements financiers dans les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) » et de « rediriger ces capitaux vers l’efficacité énergétique et la production d’énergies renouvelables ». Il s’agit d’agir sur l’offre à travers des incitations à l’assèchement des financements pour les investissements dans la production d’énergies fossiles. Je me demande quelle peut être la nature et l’efficacité dans ce domaine d’une action de Talence qui, nous le savons tous ici, dans son budget n’a jamais inscrit de subventions à destination de producteurs de charbon, de pétrole ou de gaz. Un vœu en faveur d’un gel des autorisations de forages énergétiques sur notre commune serait certainement plus efficace pour que (je cite) « 80 % des réserves connues d’énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) restent dans notre sous-sol ».

5.      Le texte du vœu indique : « Pour l’heure, 456 institutions à travers le monde dont AXA, le Crédit Agricole, la fondation Rockefeller et le fonds souverain norvégien ... ont pris part à cette campagne pour le désinvestissement »…  Certaines associations (par exemple : Oxfam et les Amis de la Terre)  dénoncent de la part de beaucoup d’entreprises qui désinvestissent officiellement, une simple stratégie de communication avec peu de substance. Il s’agirait d’une stratégie en trompe l’œil « d’écoblanchiment ». Ce qui est notamment le cas en France pour Engie et Total (voir le site de l’Observatoire desmultinationales). Le slogan pourrait être : même si nous ne faisons rien ou pas grand-chose pour sauver la planète, communiquons ! Il en restera toujours un bénéfice pour l’entreprise et pour les profits des actionnaires.

6.      A propos de communication, il y a la Cop21. D’une part, la COP parisienne se révèle une COP des multinationales car elle est largement financée par des entreprises très pollueuses (EDF, Suez, Engie, Air France, Michelin…) ce qui semble assez paradoxal. D’autre part, il s’avère que ce type de grand-messe, dont l’objectif affiché est de réduire les émissions de CO2, dégage des quantités astronomiques de carbone. Par exemple, un organisme officiel a estimé que la Cop15, à Copenhague, avait engendré l’émission de 26 276 tonnes de CO2. Mais, nous sommes vite rassurés par le discours sur la compensation. Le bilan carbone serait nul car toutes les émissions nocives sont compensées par l’achat sur le marché de droits à polluer ou par le financement de projets « dépolluants ». Autrement dit, ceux qui ont les moyens financiers peuvent continuer à polluer car ils « compensent ». Pour les autres, il ne restera que la diète carbonée.

7.       Pour conclure, il apparaît que le discours actuel vise à dépolitiser la question de l’environnement. Si le réchauffement climatique est effectif, comment y répondre sans une remise en cause du modèle économique dans lequel nous vivons ? Or, les solutions proposées (capitalisme vert, par exemple), pour soi-disant changer de société, ne peuvent être efficaces car elles n’envisagent pas la modification des structures sociales. Il est temps de repolitiser la question de l’environnement et, plus généralement la question du développement.

2 commentaires:

  1. Puisqu'il s'agit de rompre avec les producteurs de pétrole (par exemple), la première des ruptures à opérer est celle des relations diplomatiques et commerciales avec l'Arabie saoudite, le Qatar. L'interdiction des forages pour la recherche du gaz de schiste (firme américaine, dans le nord de la Seine-et-Marne). Interdire à la SNCF de remplacer à tour de bras les trains (électriques non pollueurs) par des cars (à gas-oil pollueurs) qui profitent aux trusts pétroliers, à Veolia etc.
    Chiche ?

    RépondreSupprimer
  2. Madame Bobo part en voyage en avion aux îles Seychelles.
    La distance entre Paris et les îles Seychelles est 7850 km ; la consommation moyenne de kérosène est 4,6 L/km. 1 litre de kérosène pèse 0,8 kg.
    1° Calculer la consommation de carburant du voyage, aller et retour, en litres puis en kg.
    2° La combustion du kérosène nécessite 37 g d'oxygène pour 170 g de kérosène. Calculer la quantité d'oxygène consommé par les réacteurs de l'avion pour ce voyage (aller-retour).
    3° Si l'avion transportait 50 passagers, quelle est la part de responsabilité personnelle de madame Bobo dans le gaspillage des ressources naturelles (pétrole-kérosène) et la pollution de la Terre (oxygène transformé en gaz à effet de serre) ?

    RépondreSupprimer