Voici un article du Postillon de Grenoble sur la métropole grenobloise... Je rappelle que la métropole Bordelaise est en construction accélérée.
Nous non plus. La création des métropoles résulte de la volonté de l’État et des puissants. Les notables locaux tentent avec leurs gros sabots de tromper les naïfs en promettant monts et merveilles. Alors que le maire Destot assure que « cette reconnaissance [NDR : du statut de métropole] est une excellente chose pour l’agglomération grenobloise et pour ses habitants » (Le Daubé, 23/07/2013), son docile adjoint Djellal s’enflamme : « L’ensemble des habitants de l’agglomération ont un motif supplémentaire d’être fiers de Grenoble, seule ville qui ne soit pas capitale régionale à accéder au statut métropolitain » (Le Daubé, 24/07/2013) [1]. Mais nul besoin d’un master d’esprit critique pour saisir que l’expansion métropolitaine n’a rien à voir avec le bonheur des habitants. Elle arrange d’abord ceux qui ont intrigué pour ces méga-structures, à savoir les gouvernants. Si, comme le dit une maxime populaire, « La place des élus doit être bonne vu comment ils se battent pour y accéder », la place dans les fauteuils métropolitains devrait être encore meilleure vu l’énergie que certains déploient.
Le promoteur de ce montage technocratique est l’État, et il en est le grand gagnant : les énormes intercommunalités que sont les métropoles lui permettront une meilleure gestion de la population. La « métropolisation » est un élément de la fameuse décentralisation, dont l’enjeu n’est pas d’affaiblir le rôle central de l’état tentaculaire mais au contraire de faire croître ses tentacules partout sur le territoire.
Futurs habitants du « moteur économique » du « Grand Lyon-Grenoble », l’État compte sur vous pour tourner la manivelle et être des bons petits soldats qu’on envoie au champ de bataille de l’attractivité économique. Pour les autres, habitants de la montagne ou des campagnes éloignées, il ne vous reste plus qu’à immigrer dans la grande métropole. Aujourd’hui, on gère les territoires comme des entreprises, il faut donc croître ou mourir.
« Le Vercors dit ‘‘non’’ à la mammouthisation (…) Franck Girard, maire de Saint-Nizier : ‘‘C’est une évidence absolue que nos problématiques rurales, de montagne, ne sont pas celles d’un terrain urbain’’ » (Le Daubé, 16/04/2011).
En zone rurale, les habitants se sentent davantage partie prenante de la vie locale. Ainsi, nous avons eu de nombreuses réactions après nos reportages sur l’implantation de l’entreprise Raidlight (spécialisée dans le trail) en Chartreuse (dans le n°11), ou la mise en place de poubelles électroniques dans le Sud-Grésivaudan (dans le n°17).
La ville est dominée par un sentiment d’impuissance que la métropolisation ne fera qu’aggraver.
Nos revendications :
On l’a donc appelé pour avoir son avis sur la métropolisation, s’il pensait qu’elle allait améliorer la qualité de l’air... : « Je ne vois pas sur quoi repose ce Big is beautiful. On dit que ça va faire des économies, rationaliser mais rien ne le prouve. Ça va surtout créer une technostructure hypertrophiée, dirigée par des techniciens plus que par les politiques comme c’est déjà un peu le cas à la Métro. Une plus grosse machine, un système extrêmement lourd et extrêmement antidémocratique. On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pour quoi faire ? Pour le bien être des habitants il faut faire des actions sur l’eau, sur l’air, sur la circulation, sur les forêts. Il n’y a pas besoin d’une métropole pour ça. On peut très bien développer des coopérations entre communes sans monter une grande structure antidémocratique. Je pense que certains voient surtout la métropole comme un lieu de pouvoir un peu impérialiste, qui leur permettra de tout planifier, de prendre de l’ampleur. »
Destot se place
Une métropole n’est pas une ville
Plus aucun espace aménageableLa mauvaise foi de Philippe De Longevialle, n’a pas de limites. Pour justifier la densification de la ville, l’adjoint au bétonnage grenoblois avait montré au Daubé (19/03/2012) « une maquette fidèle à Grenoble au XIXème siècle : ‘‘On voit bien que la question de la densité est liée au ressenti, à l’époque, il n’y avait pas un seul jardin, un seul espace vert’’ ». Comme si la densité urbaine actuelle était comparable à celle du Grenoble du dix-neuvième siècle, petite ville fortifiée entourée d’immenses champs et vergers parsemés de quelques fermes et hameaux. Aujourd’hui, il n’y a plus un espace libre dans la Métro : « On arrive un peu à une pénurie de terrains libres aménageables, confirme Stéphane Bonomi [NDR : responsable du service Aménagement opérationnel] à la Métro.
Et certains terrains sont soumis à des risques d’inondation en cas de crue, comme c’est le cas pour les projets de Pré Charron à Domène et de Technovillage à Muriannette. D’ailleurs si ces terrains ne sont pas urbanisés à l’aube du XXIème siècle, c’est qu’il y a une raison » (Le Daubé, 6/04/2013).
Notes
[1] Dans une interview récente au Moniteur (20/09/2013), Destot s’enorgueillit que, dans un sondage commandé par l’AMGVF (Association des maires des grandes villes de France – association qu’il préside), « la création des métropoles est appréciée positivement par 67 % des personnes interrogées ». Ce qu’il omet de dire, c’est que selon ce même sondage 73 % des personnes interrogées n’ont pas « entendu parler de la création du statut de métropole ». Les « positifs » ne représentent pas « 67 % des personnes interrogées » mais 67 % des 27 % ayant entendu parler de la création du statut de métropole. Bref, « la création des métropoles est appréciée positivement par... » 16 % des personnes interrogées.[2] Laurent Davezies, La crise qui vient, Le Seuil, 2012
[3] Des élus des Bouches-du-Rhône paient des publicités dans Le Monde (04/07/2013) pour avertir : « Nous, maires et présidents d’intercommunalité des Bouches-du-Rhône, refusons le triple déni de démocratie, de justice et d’égalité républicaine, que le gouvernement entend imposer en fondant les intercommunalités existantes dans une mégapole surdimensionnée, hyper-centralisée, coûteuse, technocratique et finalement inefficace ». À Paris, le député UDI Jean-Christophe Lagarde affirme que « la métropole de Paris est un monstre bureaucratique et antidémocratique, censé gérer la vie quotidienne de 6 millions d’habitants » (Le Monde, 22/07/2013).
[4] Fabien Desage et David Guéranger, La Politique confisquée, éditions du croquant, 2012.
Source:
POUR UNE DISSOLUTION DE LA METROPOLE
Voici venue l’ère des métropoles. Obéissant à la déraison économique et à la compétition libérale mondialisée, l’état a décidé une fois de plus de réorganiser son territoire en concentrant l’essentiel de ses moyens sur les grandes agglomérations urbaines. Quatorze « métropoles », nouveau statut administratif, sont créées à partir de 2015. Outre Paris, Lyon et Marseille, disposant d’un statut spécial, sont concernées les agglomérations de Toulouse, Lille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Rennes, Rouen, Montpellier, Brest, Nice. Et donc Grenoble.
Voici cinquante ans que l’on vante la « métropole » grenobloise. Déjà lors des Jeux Olympiques de 1968, Paris Match s’enflamme : « La France découvre qu’elle a une métropole de l’an 2000. Grenoble, c’est Brasilia ». Depuis, beaucoup de béton a coulé dans la cuvette, et les caciques locaux ressassent leur ambition de diriger « une métropole à échelle européenne ». Un objectif qui recueille un consensus politique quasi-général. Mais pour que les simples habitants retrouvent un peu de pouvoir, la seule solution est la dissolution de la métropole.
Êtes-vous déjà tombé sur une manifestation « pour une métropole » ? Avez-vous déjà vu des habitants se regrouper, pétitionner, militer sous une bannière : « Une commune c’est minable, une métropole c’est formidable » ?
Nous non plus. La création des métropoles résulte de la volonté de l’État et des puissants. Les notables locaux tentent avec leurs gros sabots de tromper les naïfs en promettant monts et merveilles. Alors que le maire Destot assure que « cette reconnaissance [NDR : du statut de métropole] est une excellente chose pour l’agglomération grenobloise et pour ses habitants » (Le Daubé, 23/07/2013), son docile adjoint Djellal s’enflamme : « L’ensemble des habitants de l’agglomération ont un motif supplémentaire d’être fiers de Grenoble, seule ville qui ne soit pas capitale régionale à accéder au statut métropolitain » (Le Daubé, 24/07/2013) [1]. Mais nul besoin d’un master d’esprit critique pour saisir que l’expansion métropolitaine n’a rien à voir avec le bonheur des habitants. Elle arrange d’abord ceux qui ont intrigué pour ces méga-structures, à savoir les gouvernants. Si, comme le dit une maxime populaire, « La place des élus doit être bonne vu comment ils se battent pour y accéder », la place dans les fauteuils métropolitains devrait être encore meilleure vu l’énergie que certains déploient.
Le promoteur de ce montage technocratique est l’État, et il en est le grand gagnant : les énormes intercommunalités que sont les métropoles lui permettront une meilleure gestion de la population. La « métropolisation » est un élément de la fameuse décentralisation, dont l’enjeu n’est pas d’affaiblir le rôle central de l’état tentaculaire mais au contraire de faire croître ses tentacules partout sur le territoire.
Pour parvenir à ses fins, il est même prêt à utiliser des « pouvoirs spéciaux » : « L’intercommunalité nouvelle vient d’arriver. Ou du moins, celle que le préfet de l’Isère souhaiterait voir se dessiner d’ici 2014. (…) Ces mariages intercommunaux ne font pas sourire tout le monde ? (…) Le préfet pourra utiliser, en 2013, des pouvoirs spéciaux qui lui permettent de passer outre, explique-t-on à la Préfecture. Mais on n’en est pas là » (Le Daubé, 6/01/2012).
L’intérêt de l’État pour la métropolisation, c’est de réorganiser son territoire pour être plus compétitif dans la nouvelle guerre mondiale – plus connue sous le nom de « mondialisation ». Cette concentration géographique des facteurs de production risque bien d’accélérer la « fracture territoriale », comme l’explique Laurent Davezies, auteur de La crise qui vient [2] : « L’avenir de la compétitivité des pays industriels se trouverait donc dans des grandes villes toujours plus denses et fluides, et de moins en moins dans les territoires périphériques ou diffus. (…) C’est aussi l’avènement de la notion de « métropole », comme forme d’organisation à même de mobiliser les gains d’efficacité vitaux pour la croissance. Le corollaire de cette nouvelle doctrine est que les territoires ‘‘périphériques’’ (villes petites et moyennes, monde rural, régions en retard de développement) sont voués à ‘‘décrocher’’ ».
Ainsi Christian de Saint-Etienne, économiste au CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), salarié du ministère de l’Enseignement supérieur - donc stratège de l’État -, explique dans Le Journal du dimanche (13/05/2013) qu’« il faut repenser nos villes en Grand Paris, Grand Lyon ou Grand Grenoble, capables de rivaliser avec un Grand Londres et un Grand Berlin. (…) La France a deux moteurs économiques naturels, le Grand Paris et le Grand Lyon-Grenoble. C’est la vraie colonne vertébrale du pays, la manivelle qu’il faut tourner pour faire repartir la France ».
Futurs habitants du « moteur économique » du « Grand Lyon-Grenoble », l’État compte sur vous pour tourner la manivelle et être des bons petits soldats qu’on envoie au champ de bataille de l’attractivité économique. Pour les autres, habitants de la montagne ou des campagnes éloignées, il ne vous reste plus qu’à immigrer dans la grande métropole. Aujourd’hui, on gère les territoires comme des entreprises, il faut donc croître ou mourir.
Cette mobilisation générale pour la grande guerre de la compétitivité recueille un consensus politique quasi général. Si certains maires se mobilisent contre le coup de force métropolitain, aucune force politique locale ne conteste vraiment la volonté belliqueuse de ferrailler contre le « Grand Berlin » ou le « Grand Londres ». « À l’heure de la mondialisation et alors que les grandes villes, en termes de population et d’attractivité, prennent de plus en plus de poids, certains pensent qu’il faut revoir nos schémas de territoire. ‘‘ Vu depuis l’Asie ou les États-Unis, quel poids peut avoir le pays du Voironnais tout seul ?’’ , lance Michel Savin, conseiller général UMP » (Le Daubé, 16/10/2009). Depuis des milliers d’années, le Voironnais-tout-seul n’a eu aucun poids « vu depuis l’Asie ou les États-Unis », mais jusqu’à preuve du contraire, cela n’a pas plongé ses habitants dans la déprime. S’il doit aujourd’hui se soucier de son aura internationale, c’est pour se plier aux dogmes libéraux de la compétition économique de tous contre tous, que les autorités locales - qu’elles soient PS, UMP, ou EELV - acceptent sans rechigner.
La métropole, tu l’aimes ou tu ne la quittes pas
La France devrait donc compter quatorze métropoles en 2015. Ces chambardements territoriaux imposés par l’Etat font râler certains élus et habitants, notamment à Paris et Marseille [3]. Dans la cuvette non plus, la perspective métropolitaine ne soulève pas l’enthousiasme, même parmi les représentants du peuple. Quelques exemples, non exhaustifs :
« Le Vercors dit ‘‘non’’ à la mammouthisation (…) Franck Girard, maire de Saint-Nizier : ‘‘C’est une évidence absolue que nos problématiques rurales, de montagne, ne sont pas celles d’un terrain urbain’’ » (Le Daubé, 16/04/2011).
- « Clelles/Trièves. Les élus du Trièves, comme les habitants, craignent que La Métro cherche à exercer une sorte de mainmise sur la région ». (Le Daubé, 22/04/2011).
- « Le transfert de compétences, notamment de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, à cette communauté urbaine Grenoble Alpes Métropole, orientée principalement sur le développement urbain est en opposition avec les axes de développement édictés dans la charte du parc » (Association Crea – Le Sappey en Chartreuse, lettre du 02/05/2011)
- Yannick Boulard, maire de Fontaine : « C’est un coup de force précipité, avant les municipales, qui me semble voué à l’échec, contraire à toute notion de démocratie » car « sans aucune discussion au sein de conseil d’agglomération, sur le projet, sur les compétences » (Le Daubé, 28/08/2013).
- Renzo Sulli, maire d’Échirolles : « Notre vote de ce soir, ce n’est pas un blanc-seing pour la métropole. Et attention, la mutualisation n’est pas toujours synonyme d’amélioration, on l’a bien vu avec le transfert de la collecte des ordures à la Métro : ça a coûté plus cher mais sans améliorer le service » (Le Daubé, 28/08/2013).
Récemment, huit des seize communes de la communauté de communes du sud-grenoblois ont refusé la fusion avec la Métro. En vain : elles intégreront quand même la future communauté de communes le premier janvier prochain, comme en a décidé la préfecture. La métropolisation, c’est l’uniformisation. Rien ne doit dépasser, faire tache. Les communes réfractaires sont tenues de rentrer dans le rang et de céder une partie de leur pouvoir à l’échelon métropolitain. Une métropole englobe un territoire - qui tend à l’infini - de manière totalitaire : il ne peut pas y avoir d’indépendantistes, de village gaulois, d’autres manières de faire.
Les auteurs de La Politique confisquée [4] montrent comment le développement de l’intercommunalité a favorisé le règne du consensus mou. Les conseils communautaires sont « le terreau privilégié d’une convivialité toute corporative, de mœurs courtoises, qui rendent de plus en plus difficile et coûteux pour un élu communautaire de s’opposer ou de se faire le porte-parole de positions conflictuelles ».
La métropole exacerbera ce penchant naturel de l’intercommunalité à vouloir présenter la politique entreprise comme la seule possible, selon le mot fameux « il n’y a pas d’alternative ». D’ailleurs, bien souvent, les élus ne sont pas très actifs et délèguent l’essentiel de leurs pouvoirs à des techniciens omniprésents.
La métropole exacerbera ce penchant naturel de l’intercommunalité à vouloir présenter la politique entreprise comme la seule possible, selon le mot fameux « il n’y a pas d’alternative ». D’ailleurs, bien souvent, les élus ne sont pas très actifs et délèguent l’essentiel de leurs pouvoirs à des techniciens omniprésents.
Ce rouleau compresseur consensuel favorise le désintérêt pour la vie locale et la résignation. Dans notre dernier numéro, lors d’un reportage autour du projet immobilier des Portes du Vercors à Fontaine et Sassenage, nous avons été frappés par le fatalisme des personnes rencontrées. Le fait que ce projet soit porté par la Métro décourage les mécontents de faire entendre leur voix. Face à un monstre bureaucratique, la lutte paraît bien plus difficile que contre une petite commune. Ne reste plus qu’à réclamer quelques aménagements mineurs (baisser la hauteur des immeubles, rajouter quelques espaces verts). La contestation radicale des projets paraît perdue d’avance.
Relocalisation du pouvoir
Cela fait de nombreuses fois que Le Postillon aborde ce sujet de la métropolisation, car il revêt la plus grande importance. En réalisant ce journal, on s’est rendu compte à quel point la vie urbaine moderne décourage l’implication dans la vie de la cité. L’échec des ridicules réunions de « démocratie participative » organisées par la Métro est explicite. Les dernières « rencontres métropolitaines », organisées pour « imaginer la métropole de demain » n’ont pas réuni, en trois rendez-vous, plus de 150 personnes, selon les propres chiffres de la Métro (Le Métroscope, septembre 2013). Il faut vraiment avoir du temps à perdre pour aller à ces rencontres formatées et sans enjeu (voir notre reportage dans le n°14).
En zone rurale, les habitants se sentent davantage partie prenante de la vie locale. Ainsi, nous avons eu de nombreuses réactions après nos reportages sur l’implantation de l’entreprise Raidlight (spécialisée dans le trail) en Chartreuse (dans le n°11), ou la mise en place de poubelles électroniques dans le Sud-Grésivaudan (dans le n°17).
La ville est dominée par un sentiment d’impuissance que la métropolisation ne fera qu’aggraver.
L’expression de voix dissidentes est découragée, car dans la guerre économique comme dans toutes les autres guerres, on n’accepte ni les déserteurs, ni les pacifistes. Toutes les métropoles se ressemblent, on habite Grenoble comme on habiterait Lille ou Amsterdam. Comme un spectateur déraciné sans aucun sentiment d’appartenance et sans aucune volonté d’agir. En ayant même oublié qu’il pourrait en être autrement, que l’on pourrait vivre dans un endroit non ravagé par le règne de l’économie.
Afin de contrer le fatalisme, il nous reste donc à opposer un processus inverse à celui de la métropolisation, un mouvement qui aurait pour but de relocaliser le pouvoir des habitants. De la même manière que la sortie de l’Union européenne est la seule façon pour les peuples de retrouver un peu de souveraineté, la sortie de la métropole est la seule façon pour les simples habitants d’espérer retrouver un peu de liberté d’action.
Nos revendications :
Dissolution de la Métro.
Désertion de la compétition économique internationale.
Autonomie communale.
Libre association pour le ramassage des poubelles.
Création de communes libres dans chaque quartier de Grenoble.
Requalification de l’Hôtel de Ville en musée de la Grande Guerre économique.
Chronologie
En 1994, le SIEPARG se transforme en communauté de communes sous le nom de Grenoble Alpes Métropole (la Métro).
En 2000, la Métro se transforme en communauté d’agglomération.
En 2005, elle prend en charge la gestion de la collecte des déchets.
Au premier janvier 2014, la Métro passera de 28 à 49 communes, suite à la fusion avec la communauté de communes du Sud-Grenoblois (autour de Vizille) et celle des Balcons Sud-Chartreuse. Elle regroupera 440 000 habitants.
Au premier janvier 2015, la Métro obtiendra le statut de métropole, comme treize autres agglomérations françaises.
On l’a donc appelé pour avoir son avis sur la métropolisation, s’il pensait qu’elle allait améliorer la qualité de l’air... : « Je ne vois pas sur quoi repose ce Big is beautiful. On dit que ça va faire des économies, rationaliser mais rien ne le prouve. Ça va surtout créer une technostructure hypertrophiée, dirigée par des techniciens plus que par les politiques comme c’est déjà un peu le cas à la Métro. Une plus grosse machine, un système extrêmement lourd et extrêmement antidémocratique. On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pour quoi faire ? Pour le bien être des habitants il faut faire des actions sur l’eau, sur l’air, sur la circulation, sur les forêts. Il n’y a pas besoin d’une métropole pour ça. On peut très bien développer des coopérations entre communes sans monter une grande structure antidémocratique. Je pense que certains voient surtout la métropole comme un lieu de pouvoir un peu impérialiste, qui leur permettra de tout planifier, de prendre de l’ampleur. »
En 2000, la Métro se transforme en communauté d’agglomération.
En 2005, elle prend en charge la gestion de la collecte des déchets.
Au premier janvier 2014, la Métro passera de 28 à 49 communes, suite à la fusion avec la communauté de communes du Sud-Grenoblois (autour de Vizille) et celle des Balcons Sud-Chartreuse. Elle regroupera 440 000 habitants.
Au premier janvier 2015, la Métro obtiendra le statut de métropole, comme treize autres agglomérations françaises.
On l’a donc appelé pour avoir son avis sur la métropolisation, s’il pensait qu’elle allait améliorer la qualité de l’air... : « Je ne vois pas sur quoi repose ce Big is beautiful. On dit que ça va faire des économies, rationaliser mais rien ne le prouve. Ça va surtout créer une technostructure hypertrophiée, dirigée par des techniciens plus que par les politiques comme c’est déjà un peu le cas à la Métro. Une plus grosse machine, un système extrêmement lourd et extrêmement antidémocratique. On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pour quoi faire ? Pour le bien être des habitants il faut faire des actions sur l’eau, sur l’air, sur la circulation, sur les forêts. Il n’y a pas besoin d’une métropole pour ça. On peut très bien développer des coopérations entre communes sans monter une grande structure antidémocratique. Je pense que certains voient surtout la métropole comme un lieu de pouvoir un peu impérialiste, qui leur permettra de tout planifier, de prendre de l’ampleur. »
Véga – RUG : la Métropole va grandir
Depuis un mois, un nouveau syndicat mixte est né, répondant au doux nom de Véga, et réunissant la Métro et le Pays voironnais. Son objectif est d’être « un nouvel outil entre les mains de la Métro et du Pays voironnais pour décupler le développement économique de la région urbaine à travers des projets et des réalisations communes ». Bref il s’agit d’une première extension administrative de la métropole, en attendant la suite. Car il y a fort à parier que celle-ci englobera le Grésivaudan, le Trièves, la Bièvre-Valloire et le Sud-Grésivaudan, territoires tous présents dans le Scot (Shéma de cohérence territoriale) de Grenoble, dirigé par le président de la Métro Marc Baietto. Pour désigner cet ensemble, on parle de plus en plus de « Région urbaine grenobloise » ou RUG, une notion à la mode qui prépare les esprits à la nécessité future d’être administrés à cette échelle-là. À moins que l’on passe directement à une administration centrale du Sillon alpin (d’Annemasse à Valence), dont le « pôle métropolitain » actuel serait une préfiguration (voir Le Postillon n°11).
« Incohérence de la chaîne institutionnelle et découragement des salariés »
Depuis un mois, un nouveau syndicat mixte est né, répondant au doux nom de Véga, et réunissant la Métro et le Pays voironnais. Son objectif est d’être « un nouvel outil entre les mains de la Métro et du Pays voironnais pour décupler le développement économique de la région urbaine à travers des projets et des réalisations communes ». Bref il s’agit d’une première extension administrative de la métropole, en attendant la suite. Car il y a fort à parier que celle-ci englobera le Grésivaudan, le Trièves, la Bièvre-Valloire et le Sud-Grésivaudan, territoires tous présents dans le Scot (Shéma de cohérence territoriale) de Grenoble, dirigé par le président de la Métro Marc Baietto. Pour désigner cet ensemble, on parle de plus en plus de « Région urbaine grenobloise » ou RUG, une notion à la mode qui prépare les esprits à la nécessité future d’être administrés à cette échelle-là. À moins que l’on passe directement à une administration centrale du Sillon alpin (d’Annemasse à Valence), dont le « pôle métropolitain » actuel serait une préfiguration (voir Le Postillon n°11).
« Incohérence de la chaîne institutionnelle et découragement des salariés »
De nombreux salariés de l’actuelle Métro sont sceptiques sur le futur agrandissement de la communauté de communes. Nicolas Khaletzky, secrétaire général de la CGT Métro, affirme : « Je suis très dubitatif sur le succès de cette future fusion au niveau du fonctionnement et des conditions de travail du personnel. La Métro c’est une collectivité très jeune construite à la va-vite. En moins de quinze ans elle est passé de 80 à 800 emplois, avec des bases très fragiles notamment dues au fonctionnement arbitraire imposé aux services durant des années par l’ancien directeur général (...). Tout le monde a pris de mauvaises habitudes (...) Il est très difficile de faire du syndicalisme à La Métro car la logique individualiste est très ancrée. Mon travail quotidien c’est de rappeler aux agents la base, c’est-à-dire que l’union fait la force. Depuis 2002 en moyenne, on a eu une réorganisation tous les deux ans. à chaque fois on nous dit que la dernière fois c’était raté mais que là ça va aller mieux. Aujourd’hui encore, on n’arrive pas à savoir qui décide quoi, et surtout pourquoi. (...) La direction semble trop souvent n’avoir que deux cartes dans son jeu et elle les joue systématiquement : d’abord l’inaction et le pourrissement, puis le passage en force en prétextant qu’il faut bien faire quelque chose et que, vraiment, ils ont tellement concerté pour en arriver là qu’ils ont forcement raison (…). Le pire c’est que ça marche, en tout cas à court terme. Personne ne veut se mobiliser sur rien. Il y a une incohérence et une inefficacité criantes de la chaîne décisionnelle qui sont responsables d’une bonne part du découragement et de la démotivation des agents. »
« On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pourquoi faire ? »
En juillet dernier, Jean-Marc Uhry, maire PS de Poisat et vice-président à la Métro en charge de l’environnement, a décidé de rendre sa délégation, en confiant au Daubé (06/07/2013) : « Cette décision a été longuement mûrie. Mais le déclic s’est produit quand le président de la Métro Marc Baietto et le maire de Grenoble Michel Destot ont été reçus par le préfet qui voulait savoir ce qu’ils comptaient faire avec le Plan de protection de l’atmosphère. Et ils ont décidé à cette occasion, sans concertation et accessoirement sans demander mon avis, du report du plan en septembre 2014, soit après les élections municipales. (…) Je sens donc qu’il n’y a pas de volonté politique de s’attaquer au problème de la pollution atmosphérique ». « On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pourquoi faire ? »
On l’a donc appelé pour avoir son avis sur la métropolisation, s’il pensait qu’elle allait améliorer la qualité de l’air... : « Je ne vois pas sur quoi repose ce Big is beautiful. On dit que ça va faire des économies, rationaliser mais rien ne le prouve. Ça va surtout créer une technostructure hypertrophiée, dirigée par des techniciens plus que par les politiques comme c’est déjà un peu le cas à la Métro. Une plus grosse machine, un système extrêmement lourd et extrêmement antidémocratique. On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pour quoi faire ? Pour le bien être des habitants il faut faire des actions sur l’eau, sur l’air, sur la circulation, sur les forêts. Il n’y a pas besoin d’une métropole pour ça. On peut très bien développer des coopérations entre communes sans monter une grande structure antidémocratique. Je pense que certains voient surtout la métropole comme un lieu de pouvoir un peu impérialiste, qui leur permettra de tout planifier, de prendre de l’ampleur. »
Destot se place
Durant les débats parlementaires estivaux autour du vote de la loi sur la Métropole, Destot a défendu « la mise en place du suffrage universel comme mode d’élection des conseillers métropolitains ». Sous une allure démocratique, cette revendication est surtout un stratagème pour espérer prendre la tête de la Métropole en 2015. Plus connu que Baietto et que tout homme politique local, le futur-ex-maire de Grenoble (il vient d’annoncer sa décision de ne pas briguer la mairie en 2014) aurait en effet plus de chances d’arriver au pouvoir métropolitain par le suffrage universel plutôt que par le mode de désignation actuel.
Métropoles uniformes
Métropole Nice Côte d’Azur, Rennes Métropole, Chambéry Métropole, Angers Loire Métropole, Saint-Étienne Métropole... : on peut supposer que personne n’a été payé pour trouver les noms de ces nouveaux grands ensembles, quoiqu’on sache que la banalité rapporte gros aujourd’hui. L’uniformité des noms de ces nouveaux machins en dit long sur l’uniformité de la vie qui y règne. Dans toutes les métropoles de France et de Navarre, on a les mêmes nouveaux « écoquartiers », les mêmes architectures, les mêmes « espaces multimodaux », les mêmes Grand Stade, les mêmes caméras de vidéosurveillance, les mêmes agences de communication, les mêmes start-up, les mêmes lignes de tramway, les mêmes centres d’art contemporain, les mêmes commerces, presque les mêmes « marques » (OnlyLyon, PlayGrenoble, Montpellier Unlimited), etc.Métropoles uniformes
Une métropole n’est pas une ville
« Nous parlons de ville, mais la ville a changé. À peine peut-on donner ce nom aux débâcles de béton qui finissent par engloutir plusieurs villes », constatait déjà Bernard Charbonneau en 1969 dans Le jardin de Babylone. Ce qui est en train de se construire entre Valence et Genève n’a rien à voir avec une ville : c’est une grande banlieue, une succession de grands ensembles, de zones pavillonnaires, de centres commerciaux, de zones industrielles et de rond-points. Avec les inconvénients de la campagne et de la ville, la métropole se caractérise surtout par une absence d’âme, et se voue à la raison économique. Autant les villes « d’avant » ont souvent permis de multiples formes de subversion, autant les métropoles modernes sont dominées par le règne du conformisme.
Plus aucun espace aménageableLa mauvaise foi de Philippe De Longevialle, n’a pas de limites. Pour justifier la densification de la ville, l’adjoint au bétonnage grenoblois avait montré au Daubé (19/03/2012) « une maquette fidèle à Grenoble au XIXème siècle : ‘‘On voit bien que la question de la densité est liée au ressenti, à l’époque, il n’y avait pas un seul jardin, un seul espace vert’’ ». Comme si la densité urbaine actuelle était comparable à celle du Grenoble du dix-neuvième siècle, petite ville fortifiée entourée d’immenses champs et vergers parsemés de quelques fermes et hameaux. Aujourd’hui, il n’y a plus un espace libre dans la Métro : « On arrive un peu à une pénurie de terrains libres aménageables, confirme Stéphane Bonomi [NDR : responsable du service Aménagement opérationnel] à la Métro.
Et certains terrains sont soumis à des risques d’inondation en cas de crue, comme c’est le cas pour les projets de Pré Charron à Domène et de Technovillage à Muriannette. D’ailleurs si ces terrains ne sont pas urbanisés à l’aube du XXIème siècle, c’est qu’il y a une raison » (Le Daubé, 6/04/2013).
Notes
[1] Dans une interview récente au Moniteur (20/09/2013), Destot s’enorgueillit que, dans un sondage commandé par l’AMGVF (Association des maires des grandes villes de France – association qu’il préside), « la création des métropoles est appréciée positivement par 67 % des personnes interrogées ». Ce qu’il omet de dire, c’est que selon ce même sondage 73 % des personnes interrogées n’ont pas « entendu parler de la création du statut de métropole ». Les « positifs » ne représentent pas « 67 % des personnes interrogées » mais 67 % des 27 % ayant entendu parler de la création du statut de métropole. Bref, « la création des métropoles est appréciée positivement par... » 16 % des personnes interrogées.[2] Laurent Davezies, La crise qui vient, Le Seuil, 2012
[3] Des élus des Bouches-du-Rhône paient des publicités dans Le Monde (04/07/2013) pour avertir : « Nous, maires et présidents d’intercommunalité des Bouches-du-Rhône, refusons le triple déni de démocratie, de justice et d’égalité républicaine, que le gouvernement entend imposer en fondant les intercommunalités existantes dans une mégapole surdimensionnée, hyper-centralisée, coûteuse, technocratique et finalement inefficace ». À Paris, le député UDI Jean-Christophe Lagarde affirme que « la métropole de Paris est un monstre bureaucratique et antidémocratique, censé gérer la vie quotidienne de 6 millions d’habitants » (Le Monde, 22/07/2013).
[4] Fabien Desage et David Guéranger, La Politique confisquée, éditions du croquant, 2012.
Source:
Repris de CNR
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