Cette
dynamique s’insère dans le cadre du processus de tiers-mondialisation de la planète
engendré par la mise en œuvre des politiques néolibérales depuis le début des
années 1980. Comme souvent dans l’Histoire, la France est à la pointe du
mouvement.
Les
statistiques s’accumulent révélant le sous-développement graduel de notre pays.
Dans un précédent article « La France en marche vers le Tiers-Monde ? »[i], j’ai montré
que, selon les résultats publiés dans le
Rapport sur le développement humain 2013,
par le Programme des nations unies pour le développement (PNUD), la France s’enfonçait inéluctablement
dans les tréfonds du classement des nations selon l’indicateur du développement
humain (IDH).
Le processus de sous-développement de la
France semble devoir perdurer si l’on en croit le magazine The Economist. En effet, ledit
magazine publie un classement des pays où il fait bon naître au cours d’une
année donnée. Ce classement est fondé sur un indice calculé sur la base de 11
indicateurs : « certains sont des facteurs fixes, tels que la
géographie, et d’autres ne changent que très lentement au fil du temps
(démographie, de nombreuses caractéristiques sociales et culturelles), et
certains facteurs dépendent des politiques et de l’état de l’économie
mondiale »[ii].
L’indice
tente « de mesurer quels pays vont fournir les meilleures opportunités pour une vie
saine, sûre et prospère dans les années à venir »[iii]
pour un bébé de l’année. Il apparaît
intéressant de comparer les résultats du classement de 2013 avec ceux de 1988,
un quart de siècle auparavant. Le tableau ci-dessous retrace l’évolution du
rang en 2013 des vingt premiers pays du classement de 1988.
En 1988, il faisait bon naître aux États-Unis (1er)
et en France (2ème) certainement en raison des perspectives futures
de haute qualité de vie. Parmi les vingt premiers du classement on retrouve,
sans surprise, les pays développés appartenant à l’OCDE.
Vingt-cinq années plus tard, le classement est
bouleversé. Les premiers de la classe ont sombré dans les profondeurs du
classement. Le naufrage le plus important est celui de la France qui passe de
la 2ème position à la 26ème soit une chute de 24 rangs… qu’on
ne saurait évidemment imputer aux Présidents qui se sont succédés à la tête de
notre pays pendant la période envisagée : François Mitterrand, Jacques
Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. À la limite on pourrait dire
qu’ils sont responsables, mais pas coupables. Les coupables sont, in fine, les électeurs qui, par leur
vote, les ont portés au pouvoir. À l’instar de l’entreprise, la démocratie
moderne est caractérisée par une relation « d’agence » dans laquelle
le « principal » (actionnaire - électeur) délègue son pouvoir à un
« agent » (PDG – élu) afin que celui-ci gère au mieux des intérêts
dudit principal : l’entreprise ou l’État. Le risque est grand que l'agent
(PDG-élu) s’éloigne de sa mission initiale pour gérer l’institution au mieux de ses
intérêts propres et de ceux de ses amis, de ses obligés, de ses sponsors… et
ce, d’autant plus facilement que l’agent bénéficie d’une asymétrie
d’information par rapport au principal. L’instrumentalisation de la relation
d’agence politique par les agents-élus est au cœur du déclassement de la
France.
À
titre de consolation, on peut constater que notre dégringolade a été
accompagnée par celles du Japon (- 19 places), du Royaume-Uni (- 19 places), de
l’Italie (- 17 places) et des Etats-Unis (- 15 places).
Par
contre, des petits pays (Suisse, Nouvelle Zélande…) ainsi que ceux du Nord de
l’Europe (Norvège, Suède, Finlande…) progressent dans le classement. Il est à
noter qu’un seul membre de la zone euro est présent dans les dix premiers en
2013 : les Pays-Bas (8ème).
Que
faire ? Émigrer vers des pays bien classés pour que nos enfants et nos
petits enfants aient des chances de bien vivre ? Pour cela, il faudrait
fuir notre pays. D’aucuns l’ont fait pendant la dernière guerre, mais d’autres
sont restés pour résister jusqu’à la victoire, pour élaborer et pour proposer ensuite un
projet susceptible de générer des jours
heureux pour eux-mêmes et pour leur descendance.
[ii] Source : http://www.economist.com/news/21566430-where-be-born-2013-lottery-life pour la méthodologie de
calcul de l’indice : http://www.economist.com/news/21567049-how-we-calculated-life-satisfaction-lottery-life-methodology
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