Qui ne connaît pas le
jeu du Monopoly !
Comme
son nom l’indique, le jeu consiste, pour chaque joueur, à rechercher une
situation de monopole en achetant (et en vendant) des terrains, en y construisant
des maisons et des hôtels. Ses concurrents lui paient des loyers lorsqu’ils passent
des nuitées dans ses propriétés. Le vainqueur est le joueur qui ruine ses
adversaires.
Dans
le jeu, la banque joue un rôle central.
La
banque :
- « gère la totalité de l’argent et les titres de propriété qui ne sont pas encore achetés par les joueurs,
- verse les salaires et les primes,
- encaisse l’argent des taxes et des amendes,
- vend les propriétés et dirige les ventes aux enchères,
- vend les maisons et les hôtels,
- prête de l’argent sur des propriétés hypothéquées[1] ».
Généralement,
un joueur est élu ou désigné banquier. « Il s’occupe de la banque et
dirige les ventes aux enchères. Il est important que ce joueur sépare les biens
de la banque (argent, titres de propriété) des siens pour ne pas les mélanger[2] ».
Supposons
que le Banquier-joueur soit « indélicat » (soit un tricheur, un « bankster ») et
qu’il puisse abuser de la « naïveté » de ses concurrents en
« privatisant » la Banque.
En
utilisant les réserves de la Banque comme si elles lui appartenaient, le
Banquier-joueur peut acheter toutes les propriétés sur lesquelles son pion
s’arrête, sans être limité par ses disponibilités monétaires (montant initial
d’argent distribué + revenus – taxes et amendes).
De
plus, lorsqu’un concurrent ne souhaite pas acheter une propriété sur laquelle
son pion est placé et que celle-ci est mise aux enchères par la Banque, le
Banquier-joueur n’a aucune limite financière pour surenchérir et acquérir la
propriété. Peu lui importe l’inflation des prix de l’immobilier (la bulle
immobilière) puisqu’il puise dans le stock d’argent de la (sa) Banque.
Cette
démarche est sans limite car « la Banque ne fait jamais faillite : elle peut mettre en circulation autant d’argent
que nécessaire sous forme de reconnaissances de dettes écrites sur du papier
ordinaire[3] ».
Il
apparaît que le Banquier-joueur peut faire marcher la planche à billets pour
acheter les propriétés, pour y construire maisons et hôtels qui lui permettent
de rançonner ses concurrents, de les plumer, de les conduire à la faillite et
ensuite de racheter leurs biens pour pas grand chose.
En
fait, le comportement du Banquier-joueur (ou Bankster) rappelle celui de
l’oligarchie financière internationale qui, à l’instar de la banque centrale
états-unienne privée (la FED), utilise la création monétaire pour acheter, avec
du papier, la planète entière.
Admettons
que les concurrents du Bankster s’aperçoivent de l’arnaque avant de faire tous
faillite. Que peuvent-ils faire ?
La
première chose est de destituer le Bankster et de reprendre en main la Banque en
confiant sa gestion à une personne « neutre », de
« confiance » qui ne participe pas au jeu. Il est également possible
d’envisager une gestion collective de la Banque sous le contrôle de tous les
joueurs. Dans tous les cas, il s’agit de réorienter l’activité de la Banque du
service de l’intérêt privé du Bankster, vers le service de l’intérêt général.
Mais,
cette démarche est-elle suffisante ? Evidemment non !
En
effet, si le jeu continue, le Bankster ne pourra plus créer de la monnaie de
papier à son profit. Mais, comme il a déjà acquis la plupart des propriétés
grâce à son arnaque, il continuera à bénéficier de la rente (des loyers) que
lui versent les autres joueurs. La « nationalisation » de la Banque
n’a aucun effet sur la rente issue de l’arnaque. Les joueurs lésés doivent
continuer à payer. De plus, l’écart de richesse ne pourra que se creuser car
l’inégalité est cumulative.
L’unique
solution équitable est de faire rendre gorge au Bankster.
Par
exemple, on confisque toutes ses propriétés et on les confie à la Banque
« nouvelle formule » pour les remettre en vente au fur et à mesure du
déroulement du jeu. Quant à l’ex-Bankster, au mieux, on peut l’autoriser à
continuer le jeu avec la dotation en argent prévue au départ.
Nationaliser
(ou gérer collectivement) les banques et faire rendre gorge aux Banksters
apparaissent comme deux démarches complémentaires nécessaires pour redémarrer l’activité
économique sur de nouvelles bases plus équitables.
"Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre"...
Excellent ! Je partage sur facebook.
RépondreSupprimerPierre Benayoun
(au plaisir de te recroiser camarade !)