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jeudi 8 février 2018

Intervention sur les orientations budgétaires de la ville de Talence

Conseil municipal  du 8 février 2018

Orientations budgétaires 2018
Gouverner c’est prévoir dit-on !

Il est rassurant que la majorité ait établi les grandes lignes d’une sorte de Gosplan quinquennal pour Talence (2018-2022), gosplan « libéral » bien entendu. La mise en œuvre dudit plan permettra notamment de déclarer aux électeurs en 2020 : votez pour nous afin que nous achevions notre œuvre de construction du nirvana pour la population talençaise !
Les objectifs du gosplan paraissent ambitieux mais ils seront certainement officiellement largement dépassés comme ils l’étaient systématiquement du temps de l’URSS.

Notre nouveau maire est un prestidigitateur adroit et subtil.
Il se propose de réaliser le miracle d’augmenter fortement la dépense d’investissement tout en stabilisant la fiscalité locale et en poursuivant le désendettement de la commune. En somme, c’est comme si un ménage dépensait plus avec des revenus constants (voire en baisse) et remboursait par anticipation ses crédits. Quelle recette miracle !

Pendant la durée du gosplan quinquennal, la dépense d’investissement prévue s’élèvera à 57 millions d’euros. Cependant, hasard du calendrier, la plus grande part de l’effort d’investissement 46,8 millions, soit 82%, se fera sur la période précédant les élections municipales, c’est-à-dire en 2018-2020. En 2022, l’investissement en chute libre représentera à peine 17% du montant de 2019, mais les élections seront passées. Bien entendu, je n’ose croire qu’il y ait une quelconque visée électoraliste dans ce calendrier d’investissement.

Au cours du plan, les revenus de Talence devraient stagner voire diminuer sous l’effet conjugué du désengagement de l’État et de l’engagement pris par le maire de maintenir « la stabilité des taux d’imposition ». Au passage, j’affirme que les impôts locaux augmenteront au moins du fait de la revalorisation automatique des « bases » censée compenser les effets de l’inflation mais qui lui est toujours supérieure. Assurer la stabilité de l’imposition impliquerait de compenser la hausse des bases par une baisse des taux. Mais, la majorité au pouvoir nous rétorquera : « les bases, ce n’est pas nous, c’est la faute à… l’État ! ». Circulez, il n’y a rien à voir !

Mais quel est le secret du bateleur pour financer les investissements ?

Lorsque le prestidigitateur pointe du doigt la lune, les badauds regardent l’index tandis que le prestidigitateur sort subrepticement le pigeon de sa poche droite. Dans le domaine de l’investissement, il n’y a pas de changement depuis plus de deux décennies. L’investissement tant vanté apparaît fortement tributaire des cessions d’actifs, en clair de la vente du capital appartenant aux talençais. Par exemple, sur les deux dernières années 2016 et 2017, le montant des cessions de bijoux de famille s’est élevé à un peu plus de 16,6 millions d’euros, à rapprocher du montant des investissements réalisés.

De plus, «  le rapport d’orientations budgétaires 2018 » est muet sur les recettes d’investissement 2019-2022, elles doivent encore se trouver dans la poche droite.  

Un autre élément du miracle réside dans le partenariat public-privé (PPP) tant vanté par le système du bipartisme de connivence. Le partenariat public-privé est en réalité le pillage organisé du public par le privé. À Talence nous avons l’expérience de la Société d’économie mixte de la Médoquine dont l’utilité a été remise en cause par la Cour régionale des comptes. Ladite société a toutefois permis, des années durant, de verser des jetons de présence à deux élus de la majorité.
Un exemple plus récent est constitué par les Halles commerciales de Talence dont la première pierre va bientôt être posée. Ce projet de partenariat public-privé, largement plébiscité, est aussi, selon l’équipe au pouvoir, une excellente affaire car l’investissement ne coûte rien ou presque aux finances municipales. Si, à l’avenir, le succès des Halles se confirmait, c’est la partie privée du partenariat qui confisquerait la quasi-totalité des profits dégagés privant le budget municipal de ressources financières de plus en plus rares. Par contre, ce que je ne souhaite évidemment pas, si le projet ne portait pas les fruits attendus et s’avérait être un fiasco, je ne suis pas sûr que le contribuable talençais ne soit pas mis à contribution. En effet, dans le cas de figure du pillage du public par le privé, il y a toujours privatisation des bénéfices et socialisation des pertes.

Enfin, comme il faut bien trouver de l’argent quelque part, notre maire-prestidigitateur ne promet plus de « désendetter » Talence, mais de contenir l’endettement : « moins 9 millions d’euros de dette en 2018 par rapport à 2014 et moins 6 millions d’euros en 2022 par rapport à 2014 ».  En fait, il faut lire 3 millions de dette supplémentaire en 2022 par rapport à 2018.

Au total, le gosplan ne produira aucun miracle, tel un mirage, le nirvana promis aux talençais se dissipera sitôt la fin des élections prochaines.    



Bernard CONTE 
  Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre...

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