A Talence, au Conseil municipal du 11 janvier 2016, une délibération portait sur l'élection d'un nouvel adjoint suite à une démission. Bien que dans l'opposition, j'ai présenté ma candidature. Voici le texte de la présentation de ma candidature.
Vous vous demandez sans doute
quelles sont les raisons de ma candidature. La raison principale est qu’elle
m’offre l’opportunité de réveiller les consciences dans le cadre du Conseil
municipal où les sujets abordés sont généralement bien encadrés.
Ouvrez les yeux, réveillez-vous !
Depuis
quarante ans nos dirigeants politiques nous mentent. Ils disent lutter contre
le chômage et la pauvreté, mais ils font tout le contraire.
Ouvrez les
yeux !
Le chômage est passé de 2,9% de la population
active en 1973 à plus de 21% en 2015 si l’on démêle l’écheveau statistique
manipulé par les pouvoirs publics.
La France s’est relativement appauvrie comme le
montre l’évolution de l’Indice du
développement humain (IDH) du PNUD. Notre pays est passé du 2nd rang du
classement en 1995, au 22ème rang en 2014, soit une chute de 20
places.
Nos dirigeants disent œuvrer pour générer de la
croissance économique, mais c’est de la récession qu’ils produisent.
Sont-ils incompétents ? Je ne le crois pas
vraiment. Quelle que soit leur coloration politique, ils font la même
politique : celle de leurs sponsors.
Le principe actif est le même, il n’y a
que l’emballage qui change.
Ouvrez les
yeux !
Notre système politique est bâti sur le clientélisme dont la croissance est le veau d’or. Notre système, caractérisé
depuis plus de 40 ans par un bipartisme
de connivence, dont la clé de voute est
la croissance économique car elle grossit le gâteau de
la richesse nationale et permet aux politiciens de créer et de distribuer de la
richesse sous forme de rente.
De façon schématique, les politiciens au pouvoir
distribuent des rentes à leurs sponsors
ainsi qu’à leur clientèle politique.
Les sponsors financent les campagnes électorales, influencent l’opinion
publique, notamment à travers les medias qu’ils contrôlent, et la clientèle
politique apporte son suffrage aux élections.
Ce système peut être qualifié de clientéliste. Tout va
pour le mieux lorsque la croissance économique est de mise car le gâteau de la
rente s’élargit sans cesse et permet globalement de satisfaire les demandes
tant des sponsors que de la masse des électeurs. Le système clientéliste est
prospère et les inégalités dans la
redistribution des rentes ne suscitent pas trop de vagues conflictuelles du
fait que, peu ou prou, tout le monde en profite. La rente ruissèle jusqu’au bas
de la pyramide sociale.
Ouvrez les
yeux !
La surenchère électoraliste de la démocratie de
connivence a conduit à l’élargissement et à l’approfondissement de la
distribution clientéliste de la rente. La multiplication des agents à la
recherche de rente (entreprises, individus, groupes, communautés…) et l’accroissement
de leurs exigences se sont traduits par une inflation rentière qui s’est
heurtée de front à la baisse de la croissance, puis à la stagnation. La
multiplication des convives et leur appétit démesuré engendrent inévitablement
des tensions lorsque la taille du gâteau à partager ne grossit plus, voire se
réduit.
Dans l’attente du retour de la croissance, auquel nos
dirigeants font semblant de croire, ils reconduisent le système clientéliste
ancien, mais sous une forme appauvrie. En d’autres mots, tous les clients ne
pouvant être servis, il faut satisfaire
en priorité les sponsors au détriment du reste de la population. Cela implique
notamment la baisse des dépenses sociales, le détricotage du droit du travail,
les privatisations, les subventions (directes ou déguisées aux
multinationales), le renflouement des banques, l’augmentation de la fiscalité
qui pèse sur les classes moyennes en voie d’euthanasie, etc. Toutes ces mesures
étant justifiées par la lutte contre le chômage et la pauvreté, ainsi que par
l’espoir d’un retour de la croissance. Néanmoins, la classe politique - qui
manque de courage comme elle l’a démontré à diverses reprises dans notre
histoire – ne redistribue les cartes que de façon graduelle car elle craint à
la fois le résultat du suffrage universel et d’éventuel troubles sociaux graves.
Cette situation se traduit par des déficits budgétaires importants et une dette
publique en croissance exponentielle.
Ouvrez les
yeux !
Lorsque les sponsors s’impatientent vraiment de la
lenteur du processus de redistribution de la rente en leur faveur, la classe
politique au pouvoir n’a plus qu’à obtempérer et à accélérer l’ajustement de la
structure du partage de la rente.
Mais l’imposition d’une austérité rigoureuse au plus
grand nombre peut engendrer des réactions de rejet. L’état d’urgence
sécuritaire, bientôt inscrit dans la loi fondamentale qu’est la Constitution
(comme le déficit zéro des finances publiques), va permettre d’éviter, en les dénaturant
ou en les interdisant, les mouvements contestataires, les mouvements sociaux, les
manifestations et cet état d’urgence va même autoriser l’embastillement
d’éventuels meneurs. C’est cela qui est important et non pas la déchéance d’une
binationalité qui mobilise les media.
L’état d’urgence sécuritaire va accompagner l’état
d’urgence économique dont parle Monsieur Macron qui va permettre, selon ses
mots, « d’engager de nouveau de grandes réformes ». Ces grandes
réformes ont pour objectif de Tiers-mondialiser la France pour la rendre
compétitive avec la Chine par exemple. L’état d’urgence économique, c’est la
Grèce : baisse des salaires, de la protection sociale, des retraites,
appauvrissement de la population,… tout cela sous prétexte de croissance, de
lutte contre le chômage, contre la pauvreté… et d’équité pour, en fait,
enrichir les sponsors.
Comment réagir pour ne pas en mourir ?
Réveillez-vous !
Le salut ne se trouve pas dans les extrêmes de l’échiquier politique. D’ailleurs,
ces extrêmes font partie intégrante du système et servent avant tout à le
pérenniser.
Le salut réside dans un large rassemblement, sans
doute en marge des partis politiques, de personnes de bonne volonté, soucieuses d’œuvrer pour le bien commun.
Ce rassemblement se fera, vraisemblablement,
tout d’abord au niveau local pour
des raisons de proximité. Je rappelle que pendant la deuxième guerre mondiale,
alors que la France était à genou, quelques personnes de bonne volonté, initialement
peu nombreuses, il est vrai, de sensibilités politiques différentes, voire
opposées, se sont réunies pour élaborer un programme pour relever notre pays.
Dans le contexte actuel de guerre économique,
une démarche du même type s’impose et elle ne pourra, à mon sens, prendre
naissance que dans un périmètre
restreint, une commune par exemple. Par la suite, l’addition des
expériences locales permettra le changement dans des niveaux plus élevés.
Réveillez-vous !
La clé du salut se situe avant tout au niveau
local.
Ce soir n’est pas le « Grand soir ».
Mais il m’aura permis d’exprimer quelques idées. Je vous remercie.
Le vote :
Le PS et les Verts n'ont pas participé au vote.
La vraie gauche pour Talence : 2 votants (moi-même et mon collègue de la liste)
La majorité d'Alain Cazabonne (centre + droite): 32 votants
Les résultats :
bulletin blanc : 1
Le candidat de la majorité : 32 voix
Bernard Conte : 1 voix
Commentaire :
Personne n'a ouvert les yeux, personne ne s'est réveillé !
Faire vivre la politique et non pas faire de la politique pour en vivre...
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