Pages

mardi 12 février 2019

L’économie et la fin de l’esclavage

L’économie et la fin de l’esclavage

Par Bernard Conte, chercheur associé à LAM

La très grande majorité des économistes considère que le capitalisme s’adapte pleinement aux variations, parfois erratiques, de son environnement. Ainsi, le système s’ajusterait aux « chocs » tant internes qu’externes dans une stratégie essentiellement défensive. Au contraire, j’affirme que pour atteindre son objectif d’exploitation maximale à moindre coût, le système capitaliste déploie une stratégie offensive de façonnage de son environnement. Il impose un ajustement structurel permanent à la société dans son ensemble[1]. Dans sa recherche du profit maximal et de l’asservissement du plus grand nombre, il procède par étapes successives qui façonnent les structures de la société. Chaque phase correspond à une configuration spécifique du rapport social qui prépare la suivante.

Lorsqu’une configuration d’exploitation donnée se révèle moins profitable qu’une autre option, le système modifie l’organisation initiale. Pour ce faire, il mobilise ses agents (ses auxiliaires) dans les domaines politique, littéraire, médiatique, juridique… pour rendre le changement plausible pour les populations. Bien souvent, les raisons mises en avant pour justifier l’ajustement des structures sont d’ordre moral, philosophique, humanitaire… plutôt qu’économique.

La fin du système esclavagiste, objet de ce texte, semble bien répondre à la logique capitaliste de recherche du profit maximal.

vendredi 1 février 2019

Le prélèvement à la source et la fin de l’illusion fiscale


Le prélèvement à la source 
et la fin de l’illusion fiscale
L’illusion monétaire concerne la différence entre le revenu nominal (net à payer au bas de la feuille de paie) et le revenu réel (pouvoir d’achat).

En cas d’inflation, à revenu nominal constant, le revenu réel (pouvoir d’achat) diminue en raison de la hausse des prix des biens et services achetés.

Avec un revenu nominal de 9€ je peux acheter 9 kilos de patates à 1€ le kg. Si le prix des patates augmente de 50% et passe à 1,5€ le kilo, avec mes 9€ je ne peux plus acheter que 9/1,5=6 kilos de patates.

L’illusion monétaire c’est que j’ai toujours 9€ inscrits au bas de ma feuille de paie. Mais ces 9€ de revenu nominal ne représentent plus qu’un revenu réel de 6€. En effet, avant l’augmentation du prix, mon revenu équivalait à 9kilos de patates, après l’augmentation ledit revenu ne représente plus que 6kilos de patates. Mon pouvoir d’achat (revenu réel) a baissé d’un tiers tandis que l’illusion monétaire montre que mon revenu nominal reste inchangé (9€).

Sur le plan de la fiscalité directe (IR), il y a un effet similaire. Jusqu’à présent, le net à payer au bas de la feuille de paie indiquait un revenu nominal hors fiscalité, par exemple 2000€. L’impôt sur le revenu étant payé de façon indépendante, par exemple 20%, soit 400€/mois ou 4800€/an. 

L’illusion fiscale réside dans le fait que le net à payer est de 2000€. Avec le prélèvement à la source, le net à payer devient 1600€ au lieu de 2000€. L’illusion fiscale disparait car le contribuable se rend immédiatement compte du montant du prélèvement qui ampute son revenu et son pouvoir d’achat. De plus, ledit contribuable s’apercevra immédiatement de toute augmentation de la fiscalité directe.

La prise de conscience liée à la fin de l’illusion fiscale n’est pas une bonne nouvelle pour l’État et la classe politique qui le dirige en alternance. Mais elle sera certainement bénéfique au mouvement des gilets jaunes.

Bernard CONTE