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mercredi 30 septembre 2015

La pauvreté progresse en France

Comme d'habitude on nous fait prendre nos vessies pour des lanternes (Pierre Dac) : selon les autorités, la pauvreté baisserait en France ? Mais non !

La pauvreté progresse en France
article repris du site de l’Observatoire des inégalités

22 septembre 2015 - La France compte entre 4,9 et 8,5 millions de pauvres selon la définition adoptée. Depuis 2002, le nombre de personnes concernées a augmenté d’un million (+29 %) au seuil de 50 %. La baisse récente est due à une diminution du seuil de pauvreté.

En 2013, la France comptait selon l’Insee [1] 4,9 millions de pauvres si l’on utilise le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian [2] et 8,5 millions si l’on utilise le seuil à 60 %. Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 7,7 %, dans le second de 13,7 %.
La pauvreté a baissé des années 1970 au milieu des années 1990. Elle est ensuite restée plutôt stable jusqu’au début des années 2000. Depuis 2002, le nombre de personnes pauvres au seuil de 50 % a augmenté d’un million (+ 29 %) et au seuil de 60 % de 900 000 (+ 12 %). Au cours de cette période, les taux sont passés respectivement de 6,5 % à 7,7 % et de 12,9 % à 13,7 %. Le mouvement de hausse constitue un tournant dans l’histoire sociale de notre pays depuis les années 1960. La dégradation économique enregistrée depuis 2008 pèse tout particulièrement sur les plus modestes.
Les années récentes sont tout d’abord marquées par une forte hausse de la pauvreté. Entre 2008 et 2012, le nombre de pauvres, au seuil de 50 % comme à celui de 60 %, a augmenté de 800 000. Le taux à 50 % s’est élevé de 7,1 % à 8,2 %. Mais la crise pèse de plus en plus largement et notamment sur le niveau de vie médian. Résultat, ce dernier diminue ou stagne, ce qui entraîne une réduction du seuil de pauvreté (calculé en proportion de ce revenu médian) en pleine crise (lire notre article). En 2013, l’augmentation du RSA de 18 euros mensuels (+3,7 %) et des allocations logement auraient joué favorablement sur le nombre et le taux de pauvreté selon l’Insee. La progression du chômage et du nombre de titulaires de minima sociaux (+170 000 en 2013) ne va pas vraiment dans le sens d’une amélioration de la situation des plus démunis.


Avertissement :
L’Insee ayant introduit une rupture de série en 2010 et en 2012, nous avons recalculé les données en tenant compte de cette rupture pour permettre les comparaisons dans le temps, impossibles sinon. Les données différent donc légèrement de celles diffusées par l’Insee.
Photo / © defun - Fotolia.com

Notes

[1L’institut a changé deux fois de méthode, pour l’année 2011 et 2013. Nous avons recalculé les données pour qu’elles soient compatibles avec les années antérieures.
[2Lire notre article sur les seuils de pauvreté
Date de rédaction le 21 octobre 2013
© Tous droits réservés - Observatoire des inégalités - (voir les modalités des droits de reproduction)

mardi 22 septembre 2015

Vidéos de la conférence : Pourquoi et comment réformer le système de santé ?

Pourquoi et comment réformer le système de santé ?

Docteur Bernard Allemandou

Directeur scientifique de la Revue Sociologie Santé

Les vidéos (cliquer sur le lien)

CM du 21/09/2015 : Question orale : La botanique risquée à Talence

La botanique risquée à Talence

Avant toute chose, je tiens à saluer l’excellent travail effectué par le service municipal « environnement et paysages » qui décore avec goût les espaces de notre ville. Néanmoins, je tiens à signaler les dangers présentés par la présence de certaines plantes dans plusieurs massifs directement accessibles au public. Mon intervention vise à mettre en garde la municipalité contre tout « accident » susceptible d’avoir des conséquences sur la santé publique et pouvant se traduire par des suites juridiques.

Je me bornerai à citer deux exemples.  


D’une part, le ricin.


Sans avoir effectué une recherche exhaustive, j’ai repéré trois massifs incluant du ricin (sans doute y en a-t-il d’autres) :

        
A l’angle des rues Peydavant et Frédéric Sévène

A l’angle de la rue Camille Pelletan et de l’avenue de la Vielle tour

Sur la place Mozart
Les dangers :

« La totalité de la plante semble toxique en raison de la présence d'une lectine glycoprotéique : la ricine. La concentration en ricine est maximale dans les graines »… « L'ingestion de graines, souvent accidentelle chez les jeunes enfants, peut provoquer des intoxications graves (en raison de la présence de ricine) nécessitant impérativement une prise en charge hospitalière. On considère que trois graines peuvent être fatales à un enfant, quatre graines peuvent déterminer une intoxication sérieuse chez l'adulte et six à huit graines pourront lui être fatales. » (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ricin_commun)

Les jolis plans de ricin talençais produisent de nombreuses graines, j’ai pu en récolter quelques-unes. Monsieur le maire, les plants étant facilement accessibles, nous ne sommes pas à l’abri d’accidents dus à l’ingestion accidentelle de graines par des enfants ou à celle, moins accidentelle, par des belles-mères ou par des titulaires de rentes viagères. Hormis l’ingestion, il y a aussi la possibilité d’empoisonnement par injection, comme dans l’affaire du parapluie bulgare (en 1978), mais c’est plus rare. Monsieur le maire, vous devez apporter une réponse à ce danger.

D’autre part, le datura


Le datura est une plante de la famille des Solanacées (comme la mandragore ou la belladone, mais aussi la tomate et les pommes de terre dont les yeux sont toxiques). Elle est « riche en alcaloïdes (hyoscyamine, scopolamine, atropine) dans tous leurs organes ; elles sont toxiques » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Datura). Toutes les parties de la plante sont toxiques.
Personnellement, j’en ai trouvé un exemplaire place du forum, près du cinéma Gaumont. 

Le datura présente des propriétés psychotropes dues aux alcaloïdes. « Les alcaloïdes sont présents dans toute la plante, mais c'est dans les racines qu'ils sont le plus concentrés. C'est pourquoi il vaut mieux ne consommer que les feuilles, tige de la plante ou graines. Les feuilles peuvent être fumées, infusées ou placées en cataplasme ; les graines sont absorbées ou infusées ; les racines potentialisant le maximum d’alcaloïdes sont elles aussi infusées. » (http://www.psychoactif.org/psychowiki/index.php?title=Datura,_effets,_risques,_t%C3%A9moignages )

« Les alcaloïdes du datura (hyoscyamine et la scopolamine), ont été distingués des hallucinogènes : ils sont classés dans la famille des hallucinogènes délirants ou délirogènes » ( source : idem).

Je vous livre deux brefs témoignages : « Évidemment, arrivé a 4 ou 5 arbres à qui je serrais la main et à qui que je proposais de fumer, avec une espèce de mousse sur les commissures des lèvres et une impossibilité de parler tellement j'avais la gorge sèche, je me suis dit que c'était une mauvaise idée d'aller au commissariat dans cet état. »

« mon fils a pris de la datura pendant un dizaine de jours, au minimum 4/5 fois,  en tisane. Nous l'avons retrouvé a moitié nu sur un quai de gare a 4 heures du matin !!! là, il est en hôpital psychiatrique. On lui a injecté du loxapine mardi matin et donné du rivotril dès ce matin . il est en cellule d'isolement » . ( source : idem).
Bien entendu, nous sommes en France et pas en Colombie mais, bien que dans l’opposition, je ne souhaite pas que la photo de notre maire soit à la une du quotidien Sud-Ouest avec pour légende : « Vaste opération anti-drogue : arrestation d’un baron à Talence ». En revanche, dans ce cas, se présenterait une réelle opportunité de jumelage de notre ville avec celle de Medellin. 
NB : la publication de la réponse de la mairie sera effectuée après celle du compte-rendu officiel du Conseil municipal.






dimanche 20 septembre 2015

Conférence : Les migrations vers l’Europe



t Ɛg - Conférence-débat à Talence

Les migrations vers l’Europe

Les aspects politiques 

Arnousse Beaulière
Économiste, Analyste politique, Essayiste

Les aspects économiques

Bernard Conte
Économiste – Les Afriques dans le monde (LAM) –SciencesPo Bordeaux

Mardi 6 octobre à 20h30
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Auditorium du Forum des Arts et de la Culture
Place Alcala de Henares – À côté de la librairie Georges
Centre ville de Talence
Tramway ligne B – station Forum

Contact : 06 98 52 99 78 - bconte@free.fr

Ordre du jour du Conseil Municipal du 21 septembre 2015

Conseil Municipal du 21 septembre 2015

Ordre du jour
RAPPORTEUR : M. LE MAIRE
1 - Approbation du procès-verbal des séances publiques des 15 juin et 9 juillet 2015
2 - Décisions municipales – Information du Conseil
3 - Rapport d’activité de Bordeaux Métropole pour l’année 2014
4 - Contrat de co-développement entre Bordeaux Métropole et la Ville de Talence – Validation du contrat - autorisation
5 - Délégation partielle de compétence pour l’exécution de circuits de transports scolaires- Signature d’une convention avec Bordeaux Métropole
6 – Désignation d'un nouveau représentant de la ville de Talence au sein du SDEEG

RAPPORTEUR : M. VILLEGA-ARINO – Adjoint délégué à la Culture
7 - Stage École Municipale de Musique et de Danse - Tarif
8 - Prix concours étudiants du festival FACTS

RAPPORTEUR : M. GELLE – Adjoint délégué au Patrimoine Communal
9 - Échange de parcelles entre la Ville de Talence et le Centre Communal d'Action Sociale
10 - Signature d’une convention de servitude de passage de câbles souterrains au profit d’Électricité Réseau Distribution France (ERDF)
11 - Cession d'une propriété située 14 rue Armand Leroi
12 - Cession d'une propriété située 18 rue Armand Leroi

RAPPORTEUR : M. PARANTEAU – Adjoint délégué aux Sports
13 – Projet de stage d'apprentissage de la natation – Demande de subvention

RAPPORTEUR : Mme LUTREAU-CHAVERON – Adjointe déléguée aux Ressources Humaines
14 - Protection fonctionnelle accordée à Monsieur Julien FOURGASSIE
15 - Protection fonctionnelle accordée à Madame Nathalie LEMAIRE
16 - Modification de la quotité de travail d'un agent dans le cadre d'une convention relative à l'insertion professionnelle des sportifs de haut niveau
17 - Mise à jour du tableau des effectifs 2015
18 - Reconduction de l’organisation des temps périscolaires
19 - Mise à disposition d'agent de droit privé auprès du secteur Enfance Education Jeunesse

RAPPORTEUR : M. GOYER – Adjoint délégué à l'Urbanisme et à l'Habitat
20 - Autorisation de dépôt d’une déclaration préalable en vue de l'implantation de gardecorps École Paul Lapie à Talence
21 - Autorisation de dépôt d’une déclaration préalable en vue de l'implantation d'une construction modulaire - Stade nautique Henri Deschamps à Talence
22 - Autorisation de dépôt d’une déclaration préalable en vue de l'implantation d'une construction modulaire au stade nautique Henri Deschamps à Talence – Association le Nautile

RAPPORTEUR : M. SALLABERRY – Adjoint délégué aux Finances et aux Achats et Marchés Publics
23 - Taxe sur la consommation finale d’électricité – Actualisation du coefficient multiplicateur
24 - Exercice budgétaire 2015 – Décision modificative N°1
25 - Subventions exceptionnelles pour l'année 2015

RAPPORTEUR : Madame FABRE-TABOURIN – Adjointe déléguée au Développement
Durable, à la Qualité de Ville et à la Participation Citoyenne
26 - Collecte sélective des textiles usagés par apport volontaire - Avenant n° 1 à la
convention avec Le Relais Gironde

RAPPORTEUR : Monsieur LABOURDETTE - Conseiller Municipal délégué à l'Emploi,
à l'Economie et au Développement Intercommunal
27 - Partenariat entre la Ville de Talence et Unis Cités pour l'année 2015-2016 - Nouvelle convention
28 - Convention pour la mise à disposition de nouveaux locaux pour la Mission Locale des Graves

INFORMATION sur le devenir de la RPA PRESSENSE : communication orale – François JESTIN

QUESTIONS ORALES

mercredi 16 septembre 2015

Réfugié ou migrant ?


Selon le très officiel Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations-unies, "il devient de plus en plus usuel de voir les termes « réfugié » et « migrant » être utilisés de façon interchangeable par les médias et le public."

"Il existe une différence et elle est importante. Les deux termes ont des significations distinctes et différentes. En les utilisant à tort, on pose des problèmes à ces deux populations."

"Les réfugiés sont des personnes qui fuient des conflits armés ou la persécution. Leur situation est souvent si périlleuse et intolérable qu'ils traversent des frontières nationales afin de trouver la sécurité dans des pays voisins, et sont par conséquent reconnus internationalement comme des réfugiés ayant accès à l'aide des États, du HCR et d'autres organisations. On les reconnaît ainsi précisément parce qu'il est dangereux pour eux de retourner dans leur pays et qu'ils ont besoin d'un refuge ailleurs. Refuser l'asile à ces personnes aurait potentiellement des conséquences mortelles."

"Le terme réfugié est défini dans la loi internationale et les réfugiés sont protégés par cette dernière. La Convention de 1951 relative aux réfugiés et son protocole de 1967 ainsi que d'autres textes juridiques, comme la convention de l'OUA de 1969 sur les réfugiés, restent les pierres angulaires de la protection moderne des réfugiés."

"Les migrants choisissent de s'en aller non pas en raison d'une menace directe de persécution ou de mort, mais surtout afin d'améliorer leur vie en trouvant du travail, et dans certains cas, pour des motifs d'éducation, de regroupement familial ou pour d'autres raisons. Contrairement aux réfugiés qui ne peuvent retourner à la maison en toute sécurité, les migrants ne font pas face à de tels obstacles en cas de retour."
Pour les gouvernements, cette distinction est importante. Les pays gèrent les migrants en vertu de leurs propres lois et processus en matière d'immigration. Les pays gèrent les réfugiés en vertu des normes sur la protection des réfugiés et de l'asile aux réfugiés qui sont définies dans les lois nationales et les lois internationales. Les pays ont des responsabilités précises envers les demandeurs d'asile sur leurs territoires et à leurs frontières. "

Le HCR stipule : "La situation [des réfugiés] est souvent si périlleuse et intolérable qu'ils traversent des frontières nationales afin de trouver la sécurité dans des pays voisins".

Les personnes qui arrivent par vagues déferlantes en Europe pour fuir une situation "périlleuse et intolérable" traversent des pays dans lequels leur sécurité n'est plus en danger et où ils peuvent trouver refuge

C'est, par exemple, le cas des les Syriens qui traversent la Turquie. S'ils continuent leur périple vers l'Europe c'est peut être parce qu'ils sont en danger de mort en Turquie ou dans le cas contraire (le plus évident), c'est qu'ils deviennent des migrants économiques dont l'objectif est "d'améliorer leur vie".

Migrant-réfugié ou réfugié-migrant ? Là est la question.




mercredi 9 septembre 2015

No-TICE pour le collège


No-TICE pour le collège

A la rentrée 2014 nous apprenions que notre collège serait « collège connecté ». Ce qui signifie que notre établissement se voit « doté d’équipements mobiles et de ressources numériques » et que nous bénéficions « d'une formation spécifique aux usages pédagogiques du numérique. » (1)
En novembre 2014 le Président de la République annonçait que tous les élèves de 5° seraient dotés de tablettes dès la rentrée 2016. Il est fait de l’utilisation du numérique au collège une priorité. Le ministère de l’Education Nationale affirme qu’il veut mettre en œuvre une stratégie ambitieuse pour faire entrer l’école dans l’ère du numérique. (2) 

Par le numérique nous entendons, tout comme les autorités d’ailleurs, le recours aux ressources en lignes, aux sites internet en classe et surtout l’utilisation des tablettes par nos élèves. Nous nous intéresserons moins aux vidéoprojecteurs dans le sens où ils nous servent essentiellement de projecteurs diapositives très perfectionnés. Ils n’ont jamais eu pour vocation de changer nos pratiques, notre rôle d’enseignant ni l’environnement cognitif des élèves. Les tablettes, si. (3) 

Si on nous a abondamment consultés sur les pratiques du numérique, notamment lors de la concertation nationale sur le numérique lancée le 20 janvier 2015, on ne nous a jamais questionnés sur la pertinence de son utilisation et de sa massification. Comme si le bien fondé du numérique au collège allait de soi. 

Nous sommes bel et bien conscients de vivre à l’ère du numérique et nous savons bien que ce dernier a pris une place prépondérante dans nos vies et qu’il a formé un système. Donc, loin de nous l’idée d’élever les élèves dans un cocon et de ne pas les former au monde qu’ils devront affronter. Par cet écrit nous souhaitons simplement rétablir l’équilibre et provoquer la possibilité d’un débat, d’une discussion, sur la pertinence du numérique au collège. Entendons bien que si nous ne sommes pas technophiles nous ne sommes pas davantage technophobes, ni même partisans d’un quelconque retour à la bougie (impossible au demeurant…). Nous nous inscrivons plutôt dans la lignée des technocritiques. 
  

La surenchère du numérique 

 Les adolescents passent de plus en plus de temps devant les écrans. On sait que cela entraîne des problèmes de concentration, des troubles de l’attention, du sommeil, voire de véritables addictions. Nous savons que certains parents sont dépassés par cette situation. Face à ce qui est devenu un véritable fléau de société, que propose l’Education Nationale ? Un temps supplémentaire accordé au numérique. Les élèves doivent, entre autres, consulter le cahier de texte en ligne via l’ENT, des documents proposés par leurs professeurs sur le même site et bientôt des tablettes en classe. Cela, bien sûr, sous couvert de former l’esprit critique des élèves face au numérique et de mieux les insérer dans la société. C’est bien la première fois qu’on préconise l’augmentation des doses dans un problème d’addiction. 

De plus nous constatons d’ores et déjà un phénomène de lassitude face aux écrans. Les jeunes sont habitués aux effets techniques les plus époustouflants et le numérique que nous leur proposerons en classe sera toujours terne comparé à celui dont ils ont l’habitude. Déjà, le vidéoprojecteur généralisé a bien perdu de son attrait. Il y a fort à parier que les tablettes, sitôt l’effet de nouveauté estompé, subiront le même désintérêt. Ce n’est pas le numérique qui donnera de l’appétence pour le savoir aux élèves. 


Les conséquences du numérique sur la formation des élèves 

A tout cela on nous répondra que « la technique (donc le numérique) est neutre et qu’elle dépend surtout de l’usage qu’on en fait ». Or une technique est justement un mode opératoire pour passer d’un état à un autre, c’est la condition pour une transformation. Donc, loin d’être neutre, la technique est ambivalente. Quand on utilise une technique quelle qu’elle soit, ses bons comme ses mauvais usages apparaissent. Ils vont de pair, inévitablement. On ne peut pas les séparer comme on ne peut pas séparer les deux faces d’une même médaille. (4) Si par un réductionnisme de l’idéologie de progrès, nous sommes abondamment informés des bons usages du numérique en classe (par ses aspects ludiques notamment), nous sommes-nous posés, ensemble, la question des mauvais ? Qui seront indéniablement, que l’on le veuille ou non, présents. 

 Tout d’abord l’utilisation du numérique au collège, et notamment celui des tablettes, va de pair avec l’utilisation du wifi. Tous les appareils fonctionneront en réseau avec une borne wifi. On nous assure que ces bornes seront équipées d’un interrupteur. Mais dans les faits, qui songera à l’éteindre ? Et pourquoi et comment l’éteindre si un collègue d’une classe voisine l’utilise ? Sans entrer dans un débat d’expert – on sait qu’une expertise est toujours contredite par une autre expertise – on peut tout de même s’en référer à l’OMS qui indique que le wifi est à l’origine de problèmes de santé. (5) Dans un environnement déjà saturé d’ondes il nous semble peu opportun de nous y exposer encore, élèves comme enseignants. 

 Le numérique pose également le problème, très prosaïque, du temps qu’on lui consacre. En effet la gestion du matériel pour un cours, l’explication de son fonctionnement aux élèves, les divers problèmes de connexion et autres sont chronophages. C’est autant de temps que nous ne consacrons pas à l’enseignement de nos disciplines. Sans compter le temps qu’il nous faudra pour nous former au numérique et nous familiariser au jargon lié aux différentes applications. On nous parle de « Kahoot », « dowload result », « adobe voice », « poplet », « share », « getkahoot.com », « grafter », « puffing web browser free », « activer les flashes », « pad », « unitag.io », « générateurs de QR codes », « un pad », « sandisk wireless flash drive » ... De quoi faire perdre son latin à un prof de lettres classiques ! On est tellement loin de ce qu’il nous semble indispensable d’enseigner… 

 Le numérique au collège pose également la question du divertissement. 

Le divertissement volontaire, d’abord, celui des élèves qui cherchent volontiers à s’échapper par l’esprit d’une heure de classe. S’il existe peu de manières de détourner l’usage d’un cahier ou d’un livre, l’outil informatique, en soi, est un appel à des détournements illimités et les plus divers. Les tablettes sont connectées et les élèves iront forcément sur des sites non autorisés. Quand les machines seront surveillées et protégées ils ne tarderont pas à découvrir comment utiliser les wifi des habitations voisines en utilisant leurs codes d’accès personnels. Et nous voilà confrontés à de nouveaux problèmes de discipline ! Comme si la gestion de nos classes était déjà toujours simple ! Nous serons confrontés au divertissement involontaire ensuite. Nous savons par expérience que les heures de cours en salles informatique sont toujours plus bruyantes qu’une heure classique. C’est que la forme même du numérique entraîne le divertissement. L’élève n’est pas invité à une lecture profonde mais bien plutôt à survoler de courts documents et à sauter de liens en liens. Ce type de lecture entraîne une discontinuité de la pensée et ne favorise pas la concentration. De même ce type de lecture ne favorise pas la lecture tout court. (6)  

 Nous disposons de suffisamment de recul pour savoir que pour construire une pensée il faut de la lenteur, de la concentration et du lien entre les connaissances. Soit l’exact opposé des valeurs portées par le numérique : vitesse, aspects ludiques et zapping. Devant une tablette les élèves picorent du savoir, ils ne s’en imprègnent pas. 

 De plus, avec des liens internet, des applications, des sites pédagogiques ou des documents proposés sur ordinateur par l’enseignant, les élèves ne visualisent pas une présentation linéaire, et finie. Or les élèves ont besoin de limites et de repères, qui les rassurent et leur r permettent demémoriser. Les professeurs d’Histoire-Géographie ont déjà la nostalgie des manuels qui enseignent la chronologie à l’insu des élèves. En tournant les pages de son livre un 4° intégrera tout seul que la Révolution française arrive après les difficultés du règne de Louis XVI et que la III° République arrive après le Second Empire. Chose impossible avec des documents sur numérique. Le fait d’agir toujours sur le même support (un écran) ne permet pas non plus de différencier les apprentissages. Tout devient identique, on ne peut plus faire correspondre un savoir à tel ou tel support matériel. L’élève oublie que telle leçon est dans tel cahier, tel document dans tel livre et… il oublie tout court ! 

Nous constatons déjà une grande baisse des qualités graphiques de nos élèves. Ils écrivent et dessinent de plus en plus mal, c’est évident. On peut sans nul doute l’imputer au numérique : pourquoi s’appliquer à écrire quand on peut faire du traitement de texte ? On peut craindre alors le pire pour la créativité des élèves. En effet, en Arts plastiques notamment, les applications permettent en quelques clics d’arriver à un résultat esthétique bluffant. L’élève est privé de la possibilité de recommencer, d’observer, de gommer…. Pourtant, quand les machines sont limitées à un nombre fixe de possibilités créatives différentes, le cerveau humain, lui, en dispose d’une infinité. On nous affirme que le numérique favorise, par le truchement des tablettes, le développement de l’intelligence kinesthésique, c’est-à-dire le besoin et le goût d’apprendre au travers de sensations physiques. Mais c’est déjà cette forme d’intelligence que les élèves pratiquent quand ils ont un stylo entre les doigts ! Pour l’instant on constate surtout une perte de la micro motricité de la part des élèves. Tapoter sur une tablette ou un clavier fait jouer moins de muscles qu’écrire. De plus il faut souligner le lien qui existe entre l’action d’écrire et la pensée. L’un ne va pas sans l’autre car quand on trace une lettre, un mot, c’est tout un processus de la pensée qui se met en branle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on apprend à lire en même temps qu’écrire. La platitude du clavier ne permet pas l’élaboration de la pensée que nous sommes censés favoriser. Quand on tape la lettre « a » on réalise le même geste que pour taper la lettre « b ». Alors qu’en écrivant, le geste est différent. 

Face à tous ces arguments les ingénieurs de la Silicon Valley ne s’y trompent pas. Il est désormais connu qu’une majorité d’entre eux envoie leur progéniture étudier dans des établissements sans numérique. Ils savent mieux que quiconque que le numérique est d’abord conçu pour distraire, puis vendre. 

Au chapitre des griefs contre le numérique ajoutons l’interventionnisme. Le philosophe Eric Sadin souligne que l’environnement numérique éducatif est construit sur le modèle « d’interfaces dédiées au post de commentaires» et encourage « prioritairement à réagir plutôt qu’à intégrer la pleine portée des propos exposés durant un cours. » (7) Les élèves sont donc conviés à réagir constamment. Or, sans numérique, nous souffrons déjà de leurs remarques continuelles et intempestives. Le numérique en classe va amplifier ce phénomène d’autant plus que la parole du professeur, son autorité seront sans cesse mis à mal par « l’apparente objectivité de ce qui est en ligne ». (7) En effet sur le net la hiérarchisation de l’information se fait par le nombre de vues déjà sélectionnées, de likes ou de sponsors économiques… ce qui s’éloigne de notre conception de la vérité. 

 Le numérique au collège pose des questions de liberté, de responsabilité et de confiance. On s’affole souvent du comportement puéril de nos élèves mais il est vrai que les nouvelles technologies ne les encouragent guère à devenir responsables : leurs parents vérifient qu’ils ont bien noté leurs devoirs via le cahier de textes en ligne, les professeurs leur envoient les cours qu’ils n’ont pas eu le temps de noter, quand ils ne les encouragent pas à les photographier à l’aide de leurs téléphones portables… Même la confiance n’est plus de mise dans les familles quand les parents consultent les notes en ligne. Or la confiance devient possible seulement quand on sait que la possibilité de dissimuler existe. 

 Les promoteurs du numérique établissent souvent un parallèle entre son utilisation et l’apprentissage de l’autonomie. On peut s’étonner de voir mis sur le même plan deux éléments antinomiques car on perd plutôt en autonomie et on aggrave ses dépendances quand on se tourne vers des machines pour faire des choses qu’on est déjà capable de réaliser avec ses propres moyens. (8)  

 Ajoutons que le numérique, et surtout l’utilisation de tablettes, ajoute de la complexité à des tâches parfois simples à accomplir. Par exemple dans l’étude d’une œuvre d’art l’élève passera plus de temps à manipuler la tablette qu’à véritablement observer. De fait l’attention des élèves n’est plus portée sur le contenu et les connaissances, mais bien plutôt sur son enveloppe. Même si, évidemment, les formations que nous suivons nous affirment le contraire. 

 Enfin, à l’heure du réchauffement climatique, des désastres environnementaux et de l’augmentation des inégalités sociales la généralisation du numérique nous heurte. Rappelons que la construction du matériel informatique nécessite des matières premières, des minerais. En amont ce sont des enfants qui sont exploités dans les mines de coltan de la République Démocratique du Congo. En aval ce sont des porte-conteneurs entiers de poubelles électroniques qui sont déversées au Bangladesh, en Inde ou au Ghana. Les personnes les plus fragiles, femmes, enfants, vieillards, désossent le matériel usagé et bourré de produits chimiques, résultat de l’obsolescence programmée. Et que dire enfin des conditions de travail dans les usines d’assemblage du Sud-Est asiatique ? Foxconn, filiale d’Apple, s’est fait tristement connaître pour s’en être moqué. Et tout cela pour que nos élèves puissent apprendre de façon ludique… Le contraste est saisissant ! 
 L’augmentation du numérique sera responsable d’une gabegie énergétique supplémentaire. Aux ordinateurs qui tournent en permanence dans les salles de classe s’ajouteront désormais de plus en plus de tablettes. Et nous ne sommes pas certains que les meilleurs travaux de nos élèves soient dignes de figurer pour l’éternité dans le Cloud. Rappelons que d’énormes data centers à la consommation électrique colossale turbinent nuit et jour pour conserver toutes les données numériques. De même que des milliers de kilomètres de conduites traversent terres et océans pour que nous puissions cliquer à l’envie. Un clic de recherche sur Google équivaut à chauffer une bouilloire électrique en terme de consommation électrique. Qu’on vienne nous dire ensuite que grâce au numérique nous économiserons du papier et que nous devons sensibiliser les élèves au développement durable… 

 Ajoutons que le numérique a un coût non négligeable pour la collectivité. C’est au bas mot un milliard d’euros sur trois ans en faveur du numérique éducatif et de l’enseignement qui sont prévus. (9) Nous estimons que cet argent serait davantage utile pour employer du personnel et alléger nos classes. Depuis des années les professeurs de langues vivantes réclament un dédoublement des classes, on leur a toujours refusé pour des raisons budgétaires. Pour fournir des tablettes, là on trouve l’argent. 


 Les conséquences du numérique sur le métier d’enseignant 

En soulevant la question du budget alloué au numérique dans l’Education Nationale nous ne sommes pas dupes. Nous savons très bien que c’est l’économie qui dicte ses raisons. Jamais la emande de tablettes n’a émané du corps enseignant. Il y a cinq ans à peine nous ne savions même pas que ces machines existaient. L’argent dépensé ira tout droit dans les poches des géants du numérique. 

Bien sûr, nous reconnaissons le travail souvent important et généreux des enseignants qui intègrent en large partie le numérique dans leurs cours. Evidemment ils le font pour le bien de leurs élèves. Mais nous voudrions que la liberté pédagogique de tous les enseignants soit respectée. Pour l’instant cela a toujours été le cas et c’est ce qui fait la grandeur de l’Education Nationale. Mais face à la disparition prochaine des manuels scolaires (l’Etat ne fournit plus d’argent pour les remplacer) nous craignons que les pratiques liées à la lecture profonde sur livre et à l’écriture cursive soient peu à peu marginalisées. 

Nous sentons bien la petite pression liée à l’injonction de s’adapter au numérique. Etant des gens sérieux, prêts à nous remettre en question, toujours dans le but de perfectionner nos enseignements, nous risquons de foncer tête baissée dans les nouvelles pratiques liées au numérique, en réclamant du matériel et des formations. Nous risquons de céder à la peur d’apparaître comme ringards, dépassés, ne sachant pas vivre avec notre époque. Mais par qui avons-nous peur d’être dépassés ? Par nos élèves ? Nous ferions davantage preuve de sagesse et de courage en adoptant une attitude sereine et plus en recul face à des décisions prises par des gens tellement loin des salles de classe. Nous pourrions nous appuyer davantage sur nos savoirs disciplinaires, les renforcer, car eux sont solides et consistants et nous les croyons dignes d’être transmis. 

De même le recours systématique au numérique comme solution à beaucoup de maux est réducteur et nous empêche de réfléchir à nos pratiques. On voit des animateurs du numérique conseiller très sérieusement l’usage de la tablette pour remédier à des difficultés de lecture or les problèmes d’apprentissage que nous rencontrons au collège sont souvent bien trop profonds pour que nous puissions les déléguer au seul numérique (qui est souvent à l’origine de leur délabrement). 

Grosso modo, les compétences qu’on exigera d’une personne pour qu’elle se débrouille dans la vie ou pour qu’elle pratique un métier sont lire, écrire, calculer, réfléchir. Il se trouve que le numérique n’est pas utile pour acquérir ces compétences. En revanche, ces compétences sont indispensables pour appréhender le numérique, de plus en plus prégnant dans le monde actuel. Nous avons la faiblesse de nous sentir souvent les seuls responsables de la prévention de tous les maux de la société, et voilà qu’on ajoute à la liste la mauvaise utilisation du numérique et d’Internet ! Pourtant, si nous voulons agir dans ce domaine là, ce n’est pas en mettant encore plus les élèves devant des écrans que nous les préparerons, mais bien plutôt en renforçant leur capacité à développer leurs pensées propres par l’exercice de la lecture profonde. Ajoutons que les pièges qu’éventuellement nous pourrions leur apprendre à déjouer ne seront pas les mêmes dans quelques années. C’est l’obsolescence même de la culture numérique qui veut cela. 

Enfin soyons conscients que le numérique sera à l’origine de l’uniformité de l’enseignement. Que le prof qui ne s’est jamais inspiré d’un cours en ligne jette la première pierre. Nos formateurs même nous encouragent à la mutualisation de nos enseignements. Si l’idée est au départ généreuse (échanger entre collègues, s’enrichir de nos différentes idées et s’épargner du travail souvent) elle peut être aussi à l’origine de l’accaparement de nos savoir-faire. En effet notre métier est l’un des derniers métiers artisanaux. On sait depuis le début de la Révolution industrielle quel est le sort réservé aux différents secteurs qui se sont industrialisés : récupération des pratiques et savoir-faire par des bureaux d’études (ici par des sociétés de communicants et d’informaticiens) dans le but de les morceler et de les intégrer dans des machines (des profs connectés ou des cours en ligne par exemple). Cela dans le but de faire des gains de productivité (économiser des profs). L’industrialisation d’un corps de métier a toujours pour conséquence une baisse de la qualité des productions, ici il s’agira de la transmission du savoir, et du moindre intérêt à pratiquer un métier conformé. 

Sans vouloir noircir le tableau et jouer les Cassandre nous craignons de voir arriver, au terme de la généralisation du numérique dans l’enseignement, des professeurs faisant seulement office d’interfaces vivants entre des élèves et la machine, source non pas de savoirs mais d’informations. Et non, vraiment, l’idée de nous reconvertir en animateur numérique, cools et connectés, ne nous convient pas. Ce qui nous plait dans notre métier c’est l’échange, plein d’imprévus, entre nos élèves et nous, indépendant de toute la quincaillerie informatique, afin de former des esprits libres. 


 Quelques enseignants du collège
 Juin 2015

 ovnivalence@gmail.com
 Source PMO


jeudi 3 septembre 2015

Pas de croissance mais il faut augmenter les impôts !!!

La croissance est devenue un mirage, le gâteau de la richesse se rétrécit. Mais il faut augmenter les impôts qui pèsent sur la classe moyenne pour l'appauvrir. Car, "les pauvres c'est fait pour être très pauvres et les riches très riches"... 
Don Salluste, était-il ministre PS ? 



Conférence : La crise grecque : l’euro contre la démocratie

Conférence - débat

La crise grecque : l’euro contre la démocratie


Michel Zerbato
Economiste – Laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM)

La crise grecque ouvre les yeux aux européistes les plus obtus : il existe un problème structurel avec l’euro, monnaie unique non adossée à un État, qui empêche la solution solidaire de problèmes tel celui de la dette grecque. L’euro contraignant les politiques nationales fait obstacle aux choix démocratiques des pays membres.

Organisation et animation : Bernard Conte - Talence Ɛducation Globale (tƐg)

Mardi 15 septembre à 20h30

Auditorium du Forum des Arts et de la Culture
Place Alcala de Henares – À côté de la librairie Georges
Centre ville de Talence
Tramway ligne B – station Forum

Contact : 06 98 52 99 78 - bconte@free.fr


mercredi 2 septembre 2015

Ravesies : un fourgon bloque le tram

Ce matin vers 10h à Bordeaux - Ravesies un fourgon de livraison d'annuaires emprunte la voie du tram et bloque la circulation...