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dimanche 30 mars 2008

Le budget fait tomber le masque de l’apolitisme

Au cours de la campagne des municipales, l’apolitisme a été de mise. Les élections sont terminées, les Maires sont élus et le vote du budget est imminent.

En matière budgétaire, l’apolitisme repose sur l’idée qu’il existerait des règles (des recettes) de gestion consensuelles et universellement reconnues.

Ces recettes semblent directement issues du « sens commun » : ne pas dépenser plus qu’on ne gagne, ne pas emprunter au-delà de sa capacité future de remboursement, ne pas « décourager » voire « réprimer » l’initiative privée créatrice de valeur… Si bien que l’exécution du budget serait politiquement neutre.

Tout cela est faux, le budget est un instrument éminemment politique. La démonstration s’avère simple.

Le budget comporte des recettes et des dépenses dont le volume et la structure ont des implications économiques et sociales qui nécessitent une décision politique qui transcende les pseudo recettes de gestion.

Les recettes : si l’on décide d’augmenter ou de diminuer la fiscalité, d’exonérer les riches, de taxer les revenus du travail ou du capital… on prend une décision politique ! Dans le même ordre d’idée, au niveau individuel, si je souhaite augmenter mon pouvoir d’achat : « travailler plus pour gagner plus » ou demander une augmentation de salaire au patron ne sont pas des démarches identiques et n’ont pas la même portée. Ma décision ne peut émaner de recettes pré-établies.

Les dépenses : si l’on décide d’augmenter ou de diminuer la dépense globale, de privilégier les dépenses sociales (assurance maladie, prestations diverses…) ou de les réduire, de financer des investissements collectifs… on prend encore une décision politique ! Au niveau individuel, les choix sont similaires : je peux décider, tout en respectant l’équilibre de mon budget, d’acheter un gros 4x4 hyper puissant (et hyper polluant) ou bien d’acheter un véhicule « propre » beaucoup moins onéreux et de consacrer la différence de prix au financement des « Restos du cœur ». Dans les deux cas, je respecte le « sens commun » des règles de gestion, mais les conséquences de ma dépense s’avèrent profondément différentes.

Le budget est donc un instrument politique. Il exprime des choix économiques, sociaux, écologiques…, bref, il n’est en aucun cas « apolitique » !


samedi 29 mars 2008

Le néolibéralisme et la société civile

Les élections municipales ont été caractérisées par la floraison de listes « apolitiques » intégrant, de façon plus ou moins importante, des membres de la Société Civile.

« La société civile est un terme ‘cultivé’ d’origine philosophique : il désigne chez Hegel la sphère où s’expriment les intérêts particuliers par opposition à celle de l'État qui représente l’Universel : ‘dans la société civile chacun est pour soi-même une fin, tout le reste n'est rien pour lui. Toutefois, sans relation avec un autre il ne peut pas atteindre sa fin ; les autres sont donc un moyen pour les fins du particulier’[1] ».

Ce concept ancien a été adapté et intégré dans l’analyse néolibérale essentiellement économiciste pour évacuer la dimension politique de la vie économique et sociale.

Pour les néolibéraux, « la société civile c’est la vie économique, sociale et culturelle des individus, des familles, des entreprises et des associations dans la mesure où elle se déroule en dehors de l'État et sans visée politique, en ignorant la double logique, idéologique et de souveraineté, de la vie politique, en recherchant par contre, soit la satisfactions des besoins ou des intérêts matériels, soit le soin des autres, la convivialité, le bonheur privé, l’épanouissement intellectuel ou spirituel[2] ». La société civile ainsi perçue comprend les entreprises privées à la recherche du profit et les composantes de la société essentiellement mues par le bénévolat.

La mise en avant de la société civile coïncide avec une critique de l’État « comme institution, stigmatisé comme inutile, corrompu, lourdement bureaucratique, budgétivore et donc condamné à céder le pas à l’initiative privée, au secteur informel, au dynamisme associatif et autres ‘grass roots organizations’ comme incarnation idéalisée de la société civile[3] ».

L’efficacité économique implique un désengagement de l’État au profit du marché (les entreprises privées) et du bénévolat. Les activités rentables (énergie, autoroutes, assurance sociale…) sont confiées au marché, tandis que le bénévolat prend en charge, partiellement ou totalement, à moindre coût les activités non rentables (restos du cœur…).

« L'idéalisme du volontariat et l’appât du profit s’articulent pour remplacer ‘efficacement’ les fonctions relatives à la citoyenneté sociale délaissées par l'État néolibéral[4] ».

Dans un contexte de réduction du périmètre de l’État, « ce modèle de société civile conduit à marginaliser l’action politique et à la limite à la considérer comme superflue[5] ». Néanmoins, il s’agit de réduire les compétences sociales de l’État au service de la population tout en poursuivant son intervention au service des intérêts des entreprises privées (en privatisant, en réduisant les charges des entreprises, en démantelant les dispositifs de protection sociale..).

La société civile devient un acteur social totalisant qui permet d’éviter de faire référence aux classes sociales (à la classe ouvrière…) et aux conflits qui les opposent. « On demande à la société civile qu'elle parle, qu'elle agisse, qu'elle définisse des orientations, qu'elle se manifeste comme si elle était un sujet ayant une existence réelle [6] ». Le recours à la société civile doit permettre, par le « dialogue », de dégager un « consensus » apte à résoudre les « problèmes » (car on ne parle plus de conflits). Il s’agit « d’une remise en question radicale des formes actuelles - et constitutionnelles - de la démocratie représentative et d’une véritable privatisation de la décision publique[7] ». Ainsi, la société civile s’insère dans le dispositif néolibéral d’autonomisation de l’économique et du social par rapport au politique.

La société civile présente aussi l’avantage de pouvoir être instrumentalisée. Il est possible de « choisir » les acteurs et les organisations (associations, collectifs,…) considérés comme les représentants de la société civile et légitimement habilités à parler et à agir en son nom.
En définitive, la société civile est un mot « magique » « qui, tout en estompant les cloisons entre public et privé, donne une impression d'approfondissement de la démocratie, tout en jetant aux orties le principe de souveraineté populaire[8] ».

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[1] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 27 mars 2008.
[2] Raphaël Canet, Réflexion croisée sur les concepts de société civile et de communauté politique, http://www.chaire-mcd.ca/publications/Note-2002-05-08-canet.pdf , consulté le 15 janvier 2004.
[3] http://www.gret.org/ressource/pdf/cooperer38.pdf consulté le 27 mars 2008.
[4] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 27 mars 2008.
[5] http://ged.u-bordeaux4.fr/ceddt101.pdf consulté le 27 mars 2008.
[6] http://www.wagne.net/ecovox/eco25/reperes1.htm consulté le 29 mars 2008.
[7] http://www.monde-diplomatique.fr/2001/06/CASSEN/15272 consulté le 29 mars 2008.
[8] http://www.france.attac.org/spip.php?article832 consulté le 29 mars 2008.


vendredi 28 mars 2008

Talence - Cours Gallieni










mercredi 26 mars 2008

Avenir sombre

Pendant les " Trente glorieuses ", le Nord représentait l'avenir heureux du Sud. Aujourd'hui les rôles sont inversés, le Sud nous renvoie l'image du devenir malheureux de la grande majorité d'entre nous.