La déconfiture du confi+ des seniors
La « pandémie » du
coronavirus met en lumière une crise économique et financière déjà présente
mais jusqu’alors cachée par un emballement de la planche à billets.
La quasi-totalité des pays a
adopté des mesures de quarantaine en confinant les populations dans leurs
foyers et en limitant drastiquement les déplacements. Après plusieurs semaines,
la sortie du confinement est entrevue à travers différents scénarii dont l’un
envisageait le report dans le temps du déconfinement des personnes
« âgées ».
Emmanuel Macron déclarait le
13 avril : « Pour leur protection, nous demanderons aux
personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, en situation de handicap
sévère, aux personnes atteintes de maladies chroniques, de rester, même après
le 11 mai, confinées, tout au moins dans un premier temps. Je sais que c’est
une contrainte forte ».
Le Président du comité
scientifique qui conseille les autorités, le Pr Jean-François Delfraissy, avait
indiqué le 15 avril que les personnes « au-dessus de 65 ou de 70
ans » devraient rester confinées.
Le 17 avril, le Président précise
qu’il « ne souhaite pas de discrimination » des personnes âgées dans le cadre
du déconfinement progressif après le 11 mai.
Comment expliquer les tergiversations
présidentielles et sa décision finale ? Ladite décision qui marque la
déconfiture (temporaire ?) du confi+ des seniors, va à l’encontre des avis
« éclairés » des experts.
Une des raisons du revirement
présidentiel est à rechercher dans les nombreux effets pervers engendrés par un
déconfinement retardé des seniors et des personnes vulnérables.
Dans un contexte de confi+ des
seniors, une grande part des « élites » œuvrant dans tous les
domaines de la société serait maintenue hors-jeu, laissant ainsi subsister des
goulets d’étranglement entravant la reprise de l’activité espérée.
D’une part, nous envisagerons l’impact de la
poursuite du confinement selon l’âge pour les élus et, d’autre part, les
conséquences dans d’autres domaines seront évoquées.
L’impact de la
poursuite du confinement pour les élus
La France compte un grand
nombre d’élus dans les multiples couches du millefeuille institutionnel. Notre
étude ne vise pas l’exhaustivité, elle porte sur les maires, les conseillers
départementaux, les conseillers régionaux, les députés et les sénateurs[1]. Deux
hypothèses seront envisagées pour les élus : le maintien en confinement 1)
des 70 ans et plus et 2) des 65 ans et plus.
Les Maires
La France compte 35 297
maires.
Le maintien en confinement concernerait :
·
11 392 élus de 70 ans et +, soit 32,3%
·
19 120 élus de 65 ans et +, soit 54,2%.
Les conseillers départementaux
Il y a 4 026 conseillers
départementaux.
Le maintien en confinement
concernerait :
·
689 conseillers de 70 ans et +, soit 17,1%
·
1 349 conseillers de 65 ans et +, soit 33,5%.
Les conseillers régionaux
On dénombre 1 753 conseillers
régionaux.
Le maintien en confinement
concernerait :
·
154 conseillers de 70 ans et +, soit 8,8%
·
375 conseillers de 65 ans et +, soit 21,4%.
Les députés
L’assemblée nationale comprend
577 députés.
Le maintien en confinement
concernerait :
·
35 députés de 70 ans et +, soit 6,1%
·
79 députés de 65 ans et +, soit 13,7%.
Les sénateurs
On compte 348 sénateurs.
Le maintien en confinement
concernerait :
·
99 sénateurs de 70 ans et +, soit 28,4%
·
166 sénateurs de 65 ans et +, soit 47,7%.
Les données statistiques
révèlent un impact important du prolongement du confinement sur les élus des
différentes instances considérées quel que soit le scénario retenu.
Les maires et les sénateurs
sont les plus touchés. Les autres assemblées enregistrent une répercussion de
plus faible intensité mais qui reste toutefois significative.
Dans tous les cas, un
déconfinement progressif en fonction de l’âge aura des conséquences néfastes
sur le fonctionnement des instances politiques pouvant aller jusqu’au blocage.
L’impact sur les entreprises du maintien du confinement pour les plus
âgés
L’activité économique serait
impactée de façon significative par les mesures de maintien en confinement des
65 et plus et/ou des 70 ans et +.
En effet, selon un sondage
« près de la moitié des patrons de PME ont plus de 65 ans[2] ».
La poursuite de leur maintien en quarantaine se traduirait inévitablement par
une mise en danger des entreprises déjà fragilisées par la période de
confinement général.
Il en est de même pour les dirigeants des grandes
entreprises. Quelques exemples d’âge : Bernard Arnault 71 ans (PDG de
LVMH), Martin Bouygues 68 ans (PDG du groupe Bouygues), Jacques Aschenbroich 66
ans (PDG de Valeo), Xavier Huillard 66 ans (PDG de Vinci), Maurice Lévy 78 ans
(président du conseil de surveillance de Publicis Groupe), Michel-Édouard
Leclerc 68 ans (président du Comité Stratégique des centres E. Leclerc),
Vincent Bolloré 70 ans (PDG de la Financière de l'Odet, actionnaire majoritaire
de Bolloré SA), Jean-Marc Janaillac 67 ans (Président de la Fnege), Hubert
Sagnières 65 ans (PDG d'Essilor), Jean-Bernard Lévy 65 ans (PDG d'EDF), Gérard
Mestrallet 71 ans (Président du conseil d'administration d’Engie,
Président du conseil d'administration de Suez), Laurent Burelle 70 ans (PDG de Plastic Omnium),
Jean-Dominique Senard 67 ans (PDG de Renault). Cette liste non exhaustive
révèle le nombre significatif de responsables de grandes entreprises
susceptibles d’être mis à l’écart par un confinement supplémentaire des
personnes plus âgées.
L’impact sur les médias
De nombreux journalistes,
animateurs, consultants, experts… des médias entrent dans la fourchette des
âges pouvant être concernée par le prolongement de la quarantaine.
Quelques exemples : Philippe Bouvard 90 ans, François de Closet 85 ans,
Michèle Cotta 83 ans, Jean-Pierre Elkabbach 82 ans, Alain Duhamel 79 ans, Michel
Drucker 77 ans, Olivier Mazerolle 77 ans, Robert Namias 75 ans, Catherine Nay
75 ans, Christine Ockrent 75 ans, Jean-pierre Foucault 72 ans, Evelyne Dhéliat
71 ans, Olivier Duhamel 71 ans, Hélène Pilychowski 71 ans, Jean-Jacques Bourdin
70 ans, Jérôme Jaffré 70 ans, Jean-Pierre Pernaut 70 ans, Jacques Legros 69
ans, Pierre Weill 69 ans, Arlette Chabot 68 ans…
En fait, de nombreux acteurs pourraient partiellement ou totalement être
privés d’activité car toutes leurs prestations ne peuvent se réaliser par
télétravail.
L’impact dans les autres domaines
Environ 4% des magistrats ont 65 ans et plus[3].
La réforme des retraites de 2010 ayant reculé l’âge limite d’activité de 65 à 67 ans[4]
et compte tenu des multiples possibilités de maintien en fonction au-delà de la
limite d’âge, il est évident que le nombre de seniors dans la magistrature
connaît une croissance notable. La poursuite du confinement des plus anciens
risque d’accentuer les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire et notamment
d’accroitre les retards.
Dans le
même ordre d’idée, ceux qui cumulent emploi et retraite, les chercheurs, les
enseignants-chercheurs émérites…
devraient réduire au cesser leur activité, alors que les médecins pourraient
poursuivre la leur car peut-être immunisés.
L’impact sur le bénévolat
« En 2016, 63% des Français indiquent donner du temps [gratuitement]
ou l’avoir déjà fait ! », « tous cadres d’engagement confondus[5] ». En
effet, cette année-là près de 20,5
millions de personnes ont donné du temps à travers le bénévolat associatif (13,197 millions), le bénévolat dans d’autres organisations (4,410 millions) et le bénévolat direct ou informel (8,302 millions)[6]. Le
bénévolat touche une part importante de la population et il s’exerce dans de
nombreux domaines.
En 2016, il représentait une part significative des ressources humaines
dans une large palette de secteurs : social caritatif (27%), sport (24%),
loisirs (21%), jeunesse éducation populaire (18%), culture (17%), environnement
(9%), santé, recherche médicale, aide aux malades (8%), solidarité
internationale (7%), formation, emploi, insertion économique (7%), autres (16%)[7].
Concernant les associations qui mobilisent la majeure part des bénévoles,
le pic d’adhésion se situe entre 55 et 75 ans[8]. Plus
précisément, le nombre de bénévoles associatifs de 65 à 85 ans était de 35 % en
2016[9]. Il
apparaît que le fonctionnement de nombreux secteurs est tributaire du bénévolat
dont les seniors représentent une large part des effectifs. La poursuite du
confinement de cette population désorganiserait voire paralyserait de
nombreuses activités nécessaires à la vie sociale.
Conclusion
Notre
grand timonier adore tirer des bords, mais il semble devoir abandonner les
mesures de confi+ pour les seniors du fait des désordres qu’elles pourraient
engendrer ainsi que des contestations potentielles.
Pour
conclure, il est à noter que même s’il était adopté in fine, le confi+ ne
concernerait que les 70 ans et plus, car la tranche inférieure aurait inclus
une personne éminente de la République.
[1] Source des données statistiques : , « Âge, sexe et profession : nos
élus mis à nu », Le Dauphiné, 18 nov. 2019, https://www.ledauphine.com/actualite/2019/01/11/age-sexe-et-profession-nos-elus-mis-a-nu-teyb consulté le 16 avril 2020.
[2] Sondage portant sur 483 PME de 10 à 250 salariés
réalisé en 2013, https://www.leblogdudirigeant.com/enquete-vraiment-dirigeants-de-pme consulté le 17/04/2020.
[3] Au 1er
avril 2017, source : http://www.justice.gouv.fr/art_pix/stat_Infostat_161.pdf
[4] Concerne
les natifs de 1955 et plus, https://www.union-syndicale-magistrats.org/web2/themes/fr/userfiles/fichier/publication/vos_droits_2019/Chap11_Retraites_Vos%20droits%202019_USM.pdf
consulté le 18 avril 2020.
[6] La somme des personnes bénévoles engagées dans des
cadres différents est supérieure au total de 20,5 millions en raison des
engagements pluriels.
[7]
Les pourcentages concernent le « taux
d’engagement » : « cette notion, utilisée couramment par France
Bénévolat, est le pourcentage de personnes qui donnent leur temps par
rapport à la totalité de la population concernée », L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à
2016, http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/ENQUETE_Evol_benevolat_associatif_en_2016_vDEF.pdf
[9]
Source : idem note 7.
Ton étude montre l’incompétence de ces gens qui sont à la tête de l'Etat, ainsi que leur improvisation et retournement constant pour le libéralisme! Cordialement. Armand
RépondreSupprimerj'ai toujours dit à mes enfants qui n'ont pas la meme ideologie politique que moi parce qu'ils ont la leur et je le respecte,que mettre un banquier à la tete du pays etait une connerie monumentale,en voici la preuve(vive les enarques) d'abord le fric ,les autres peuvent creves
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