Réunion de la Zone franc à Paris :
Commedia dell’arte
Le 8 octobre s’est déroulée à
Paris la réunion des ministres des finances des pays de la Zone franc. À
l’ordre du jour, la
lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, et la mobilisation
des recettes fiscales.
La lutte contre le blanchiment
et le financement du terrorisme sont des sujets d’affichage qui donnent lieu à
des déclarations solennelles généralement suivies de peu d’effets.
L’augmentation des recettes
fiscales, en lien avec l’accroissement de l’endettement externe, signifie une
ponction accrue sur les revenus des populations au profit de la finance
internationale. Malgré les dispositifs pour la rendre « soutenable »,
mais surtout pas l’effacer, la dette est toujours présente car nécessaire pour
justifier l’imposition des politiques néolibérales qui organisent la prédation
du surplus par la finance internationale et ses agents.
Les participants à la réunion
se sont aussi penchés sur la convergence des politiques économiques et sociales
nationales au sein de la Zone Franc. La convergence néolibérale dont il s’agit,
vise à réduire les coûts de fonctionnement des États membres, notamment en
abaissant la dépense publique, afin de générer un surplus croissant qui sera
exporté.
Les participants ont souligné
les performances des pays de la Zone franc dans le domaine de la croissance
économique. Il faut savoir qu’en Afrique, la croissance économique suit les
cycles d’évolution des prix des matières premières et de l’énergie. Lorsque les
cours internationaux des produits de base sont élevés les experts, les
politiques et les medias célèbrent la croissance retrouvée : «
l’Afrique re-décolle ». Lorsque le
marché se retourne, ces mêmes agents déplorent la fatalité des crises en Afrique.
En fait, après presque 60 ans
d’indépendance, les pays africains de la Zone franc ont des économies peu
diversifiées. Ils restent globalement exportateurs de produits bruts et
importateurs de produits transformés. La spécialisation coloniale se poursuit.
Les vraies questions n’ont pas
été évoquées. Par exemple, comment diversifier la production dans un contexte
de libre-échange débridé ? Ou encore, serait-il utile que les pays de la
Zone recouvrent leur souveraineté monétaire ?
Encore une fois, cette réunion n’a été que de la commedia dell'arte.
Bernard CONTE
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